Chapitre 41 Yakim

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Je vois Clara blêmir et je ne comprends pas pourquoi avant de poser moi-même les yeux sur le document qu'elle tient. La première photo est la moins répugnante des trois... et pourtant, de tous les meurtres survenus, ceux-ci son méticuleusement morbide. À première vue, on se demande ce que c'est, mais quand on y porte vraiment attention... nous... pouvons en déduire que... ce sont deux femmes et l'autre, un enfant... enfin... si nous pouvons toujours les appeler comme tel...

Pour la première, et la moins horrible, ses cheveux cachent la moitié de la partie la plus sanglante de son visage pâle et jeune, mais... on peut tout de même distinguer son œil... vide... et la couler de sang sur sa joue. Ses poignets, cloués sur une poutre, placée au centre d'une cour d'école qui, si je me souviens bien, est celle où étudie Clara, Mya et mes sobratya, sont à peine discernable tant ils ont viré au rouge. Ses jambes, qui n'en sont plus vraiment, ont été coupées à partir des genoux, laissant entrevoir les rotules et la chaire à vif, qui avait fini par égoutter une énorme flaque de sang autour du corps de la victime.

Pour la deuxième photographie, il est plus facile de dire qu'il s'agit d'une femme, en tout cas, à en croire son visage sans marque de violence. Pourtant, le reste de son corps est méconnaissable... effiloché de toute part comme si elle avait été une viande de charcuterie... et selon l'expression de son visage, elle avait été drogué avant d'être maltraiter. Personne saine d'esprit n'aurait eu un sourire pareil en se faisant torturer... râpé comme une simple brique de fromage. Les marques sont profondes, mais pas au point de voir des os par-ci ou des organes par-là. Avec l'arrière-plan, on peut en déduire qu'elle est morte sur son lieu de travail...

La troisième, à mon avis en tout cas, est la pire de toute. Le corps de la victime a été étranglée dans un parc pour jeunes enfants, elle-même n'ayant pas plus d'une dizaine d'année. Elle a été pendu avec la chaine d'une balançoire, son visage encore poupin viré au bleu violet. De ce qu'on peut voir, malgré le changement dans sa frimousse, il s'agit d'une fillette. Normalement, je me serais contenté d'ignorer celle-ci si je l'avais croisé à un quelconque endroit... mais la mort change tout. Et le lieu ne fait qu'empirer la scène... Je comprends que les gens de ce coin, surtout ceux qui ont des enfants, ont pris peur... Le plus uzhasnyy ... c'est que, de la poitrine au bas du ventre, elle a été ouverte en grand... laissant pendouiller ses organes vitaux. Je ne rentrais pas plus dans les détails sanglants.

– Ce sont bien des Invis, demande Jeffrey à Clara, alors que je remarque les initiales ambigües peints avec le sang des victimes à quelques pas du corps inerte de chacun d'eux.

Clara hoche lentement la tête, les lèvres tremblantes.

– Tina n'avait qu'onze ans, dit-elle d'une voix faible, bloquée par l'émotion qui la submerge.

Il eut un moment de silence. Lourd comme du plomb.

– Il est de plus en plus évident que le ou les meurtriers veulent se débarrasser des Invis, ai-je marmonné en prenant doucement le côté de la tête de Clara pour qu'elle prenne appui sur mon biceps.

Ce geste, que je voulais réconfortant, n'a fait qu'empirer sa détresse au point qu'elle fond en larme et se tourne face à moi pour pleurer contre le creux de mon épaule. Je l'enlace et passe une main dans ses cheveux tout en embrassant le haut de son crâne.

– On trouvera une solution, dit Jeffrey d'un ton peu confiant, laissant sous-entendre qu'il doute de ses propres paroles.

– Je ne sais plus quoi faire, marmonne Clara en reniflant. Même avec ma capacité à voir l'invisible, je n'arrive à rien. Aussi bien que l'assassin vienne me trucider, qu'on en finisse.

– Ne dit pas ça, ai-je grogné en la serrant plus fort.

– Ne soit pas aussi sinistre, ajoute Jeffrey en grimaçant tout en reprenant les feuilles froissées qui sont restées dans la main droite de Clara.

Tome 1 Nirci Les marquésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant