Chapitre 3

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Je salue mon collègue en partant, poussant un soupir de soulagement, j'étais enfin en week-end. Deux jours pour me reposer, récupérer un peu de santé mentale. La soirée avait été plus qu'étrange. Entre mon insomniaque qui voit des reflets où il n'y en a pas, le faux policier qui me montre une photographie qu'il a dû télécharger quelque part, cherchant clairement Alba, et Alba elle-même, qui malgré son prénom, reste un mystère. D'ailleurs, est-ce seulement son prénom ? Alba signifie blanc, c'est peut-être un surnom, à cause de sa pâleur. Quoi qu'il en soit, je vais avoir deux jours de repos où je vais m'occuper de moi. Je ne prête pas vraiment attention à ce qui m'entoure alors que je marche pour rentrer chez moi, si ce n'est quand je suis en train d'attendre pour traverser à un carrefour. Il me semble avoir vu l'homme sur ma gauche un peu plus tôt, marchant derrière moi, alors que j'avais tourné la tête pour regarder une vitrine. Je récupère le journal chez mon ami, et l'homme, encore, à l'air très intéressé par la vitrine du commerce voisin. Je suis un peu plus attentif et, à nouveau, il me suit quand je traverse la rue. Je suis bien déterminé à savoir ce qu'il me veut quand je tourne brusquement pour s'engouffrer dans une ruelle, me tenant prêt à l'agripper et à le coller au mur pour exiger de savoir pourquoi il me suit, mais il ne passe pas.

— 1, 2, 3, 4, ... Je compte jusqu'à dix, mais l'homme ne passe pas. Sortant de la ruelle, je regarde à gauche, puis à droite, mais il est nulle part. Je reprends alors ma route, me demandant si j'ai halluciné. Je suis aux aguets, sans comprendre pourquoi, c'était peut-être une coïncidence, je ne suis rien, ni personne, hormis un obscur écrivain amateur, qui arrondi ses fins de mois avec les ventes de ses romans sur internet.

Je ne remarque rien et rentre dans mon immeuble, récupérant mon courrier et grimpant rapidement les cinq étages afin de me précipiter à la fenêtre. Pantalon beige, sweat-shirt gris à capuche, lunette de soleil. Il est là, adossé contre le mur du bâtiment d'en face. Je ne perds pas de temps et me précipite dans ma chambre, fouillant dans mon placard pour en sortir ma batte de baseball et je place stratégiquement contre un mur, je vide mon range-couteaux de cuisine pour n'en laisser que deux : le hachoir et le couteau à effiler pour qu'ils soient facilement accessible. S'il a l'intention de venir chez moi, il sera accueilli comme il faut. De retour près de la fenêtre, j'observe discrètement le trottoir d'en face mais l'homme n'est plus là.

Trop stressé pour me coucher immédiatement, je vais sur mon profil pour regarder les statistiques de mes ventes, le montant que je me suis fixé étant atteint, j'approuve le transfert des fonds sur mon compte. Dans trois jours, je transférerai l'argent dans mon compte épargne. Je suis plutôt content de moi et je m'auto-félicite, car l'on n'est jamais si bien servi que par soi-même. Je réponds à quelques commentaires, remercie ceux qui laissent des messages disant qu'ils apprécient ou détestent mes romans pour finalement m'allonger et dormir, sans me déshabiller, ayant toujours à l'esprit l'homme qui me suivait.

— Alba...

Je me réveille en sursaut, ayant eu conscience d'avoir parlé dans mon sommeil. J'essuie mes yeux, encore fatigué, bien qu'il soit près de seize heures. Une nuit de neuf heures, sans interruption, c'est rare. Je passe par la fenêtre, personne en face.

— Tout va bien, souriais-je avant d'aller prendre une douche et de me changer.

Je me sens bien, pleinement réveillé, mon ventre, gargouillant, lui est plutôt mécontent. Je me prépare un truc rapide puis m'installe à mon poste de travail, me replongeant dans les aventures de ma vampire préférée, me relisant et y apportant des modifications, notamment sur la façon de boire du sang. Je venais de tenter une expérience avec une bouteille de jus de fruits que j'avais percée de deux trous, comme une morsure de vampire, boire était compliqué. Puis, m'est revenu en mémoire un film du siècle dernier, le vampire avait deux longues dents, à la place des deux incisives du haut. Cela semblait plus logique pour permettre de boire du sang sans en mettre partout. J'apportais aussi plus de profondeur au personnage d'Hespera, de tristesse. Cessant d'écrire, je regarde par la fenêtre, et le soleil se couchant, je décide de faire comme mes personnages et mes clients, je sors.

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