Chapitre 9

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Je me lève pour aller dans la cuisine me verser un verre d'eau que je bois d'une traite avant de m'en verser un autre, puis je me retourne, dos à l'évier, verre en main. Je fais le point sur ce qu'elle m'a dit, ce que j'ai observé.

J'ai couché avec un vampire !

— L'ail ? demandais-je.

— Rien du tout.

— Le pieu dans le cœur.

— Oui, certainement, je saigne comme je te l'ai dit.

— L'eau bénite ?

— Arrête de plaisanter, c'est sérieux, Noah.

— Le crucifix ?

— Bon, c'est ridicule, je m'en vais, dit-elle en se levant.

— Tu as couché avec moi, Alba, murmurais-je en posant mon verre et en m'approchant d'elle, à la fois intimidé et intrigué.

— Oui, et sache que cela m'arrive rarement, mais je devais être sûre que c'était bien toi, sinon j'aurais poursuivi ma route et tu ne m'aurais plus jamais revu, j'aurais effacé mon souvenir de ta mémoire.

— Est-ce que l'on va encore coucher ensemble ?

Elle me regarde en souriant.

— Cela ne dépendra que de toi, Noah. Si tu m'acceptes et que tu te lies à moi.

— Pourquoi moi ? Qu'ai-je de particulier pour que tu m'aies choisi ?

— Il y a une expression humaine que j'affectionne, une âme sœur. C'est un concept qui va bien au-delà de ces simples mots. Les humains les prononcent sans en percevoir l'essence et le sens. Il faut appréhender le mythe de l'androgyne de Platon pour y déceler la vérité qui y est cachée. Mon âme est incomplète, la tienne aussi. Nos âmes ne sont qu'une, et tellement plus.

— Je ne prétends pas comprendre, Alba, mais une question plus terre à terre m'interpelle. Tu as plus de mille ans, comment fais-tu pour vivre, les humains autour de toi meurent, tu ne dois pas pouvoir rester au même endroit plus de cinq ou dix ans ?

Alba lève les yeux vers moi, son regard est triste, et je me demande combien de temps elle restera près de moi, sauf s'il elle me transforme en vampire.

— Oui, c'est vrai. J'ai eu de grands moments de solitude, surtout au début de ma... deuxième vie. Celle-ci n'avait pas de sens, je découvrais ma nouvelle nature sans que l'on m'explique ce qu'il m'arrivait. La vie, au bout de quelques siècles, perd de son intérêt. Je serais restée dans les Highlands, je serais probablement devenu une bête sanguinaire ou je me serais jetée au fond d'un Loch. Mais l'ingéniosité des hommes me réservait des surprises, je me suis émerveillé devant les inventions de Da Vinci, des frères Montgolfier, la révolution industrielle. Les premiers siècles de ma vie, eux, ne furent en rien joyeux. Les premiers jours encore moins alors que je commençais à ressentir un vide en moi, qui ne pouvait être comblé que d'une façon.

Elle est un vampire ! Elle doit se nourrir !

Ma gorge est sèche. Je déglutis péniblement et prend mon verre d'eau que je vide d'un coup. Alors que je bois, je surprends ses yeux sur ma gorge.

Je pose mon verre dans un hoquet. Puis je lève les yeux, la fixant du regard, ses prunelles aux reflets dorés changent devant mes yeux.

— Tu veux te nourrir, Alba ? dis-je en remontant ma manche, acceptant qu'elle me morde.

— Non, et pas de toi, Noah. Jamais de toi. Je suis liée à toi.

— Tes yeux...

— Réagissent aux tiens, Noah. Ton âme se connecte à la mienne. Tes yeux sont comme une cuirasse en bronze, dit-elle en me fixant, et je n'ai aucun mal à la croire.

VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant