Vampire

Chapitre 14

Rien qu'à regarder Gwen manger, je suis écoeuré. Nous sommes sortis pour aller dans un restaurant prendre un petit déjeuner. Pour l'accompagner j'ai commandé une assiette, enfin celle qu'elle voulait manger, et je me contente d'un pichet d'eau. Elle mange un peu de tout, dans toutes les assiettes, rattrapant des décennies de repas manqués. Le simple fait de marcher dans la rue, accrochée à mon bras pour ne pas courir, fut un bonheur. Gwen ne cessait de me remercier. Je ne sais pas comment j'ai fait, mais il est évident qu'elle a raison. Elle n'est plus un vampire, j'ai vu l'aura, j'ai absorbé son côté vampire.

Est-ce ainsi que je me nourris ? Mais alors, avec Alba ?

— J'ai envie de faire l'amour !

Hein ?

Les mots me parviennent, mais mon esprit, occupé à autre chose, ne fait pas le lien.

— Hein ? répétais-je à voix haute.

— J'ai envie de faire l'amour. J'étais vierge quand je suis morte, avoue-t-elle, les joues rouges, sa fourchette dans la bouche, donnant au tout un côté irresistiblement érotique.

— Gwen...

— Je sais, tu es fiancé. Bon, j'ai une dette envers toi, dit-elle en posant sa fourchette, avant de me donner différentes adresses sur des repères de vampires qu'elle connaît. Vidant mon verre d'eau, je vais me lever quand la main de Gwen se pose sur la mienne, pointant la télévision. Le reportage fait état d'un massacre dans un club, les autorités soupçonnant une guerre de cartel, de la drogue ayant été retrouvée sur place, et des corps dans un état tel qu'il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un message.

— C'est l'adresse que je t'avais donnée.

— Ils m'ont attaqué. C'est là que j'ai découvert que mon sang est toxique, quand un vampire m'a mordu, expliquais-je d'une voix sans émotion.

— Je ne te blâme pas, Noah. Je sais très bien ce que font les vampires. Soit prudent avec les adresses que je t'ai données.

— Ne t'inquiète pas, Gwen, je fais de la magie, regarde, je t'ai rendu ton humanité.

— Sois prudent quand même, et reviens me voir, dit-elle en souriant tristement.

— Promis, dis-je en me levant, déposant une bise sur son front, avant de déposer de l'argent sur la table.

— Je t'aime, Noah. Je t'appartiens, pour le reste de ma vie, dit-elle avant de me laisser partir.

Je marche tranquillement dans la rue, m'adaptant à ma nouvelle situation. J'ai l'impression que je suis encore en train d'évoluer, mais vers quoi ? Je n'ai rien dit à Gwen, mais je me sens différent, le fait de me nourrir d'elle à été comme une charge rapide de mes batteries. Je ne sais pas si je suis à pleine puissance, mais je sais que je le découvrirais bien assez vite. Tournant au coin d'une ruelle, je m'éloigne un peu avant de m'élancer vers la première adresse, un entrepôt à ce que je constate, une usine de production de sang selon Gwen. J'observe les allées et venues depuis le toit d'un bâtiment voisin. L'endroit est sécurisé avec une clôture, des agents de sécurité, des chiens. Je vois des camions de livraison entrer, d'autres partir avec les logos de fournisseurs de produits alimentaires, la couverture parfaite pour livrer du sang à travers la ville. Je dois reconnaître qu'ils sont bien organisés. Je me doute de ce que je vais trouver à l'intérieur, la même chose qu'au Club, mais à une échelle industrielle.

J'attends et j'observe jusqu'à ce que je décide de tenter ma chance, sentant le nouveau moi prêt. Bien que me trouvant une rue plus loin, et quatre étages plus haut, je recule pour prendre de l'élan avant de m'élancer.