Tu as peur ou quoi ?

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Katsuki me tends la main, une fois saisie, nous quittons le « plus ultra ». Il m'attire vers le petit parc non loin de là. C'est un espace vert plutôt agréable, en son centre un petit étang où le croassement des grenouilles se fait entendre. Tout autour se trouvent plusieurs bancs cachés sous les arbres et les buissons. L'air est plutôt frais pour la mi-octobre. On s'assoit alors sur l'un d'entre eux et restons là un moment sans parler. Nous fixons tous deux l'étang. Sans prévenir Katsuki se lance.

- Pourquoi tu n'en parle pas à quelqu'un ? Eijiro... ? Denki... ? Tes parents... ? Voir même la police ?

- A quoi bon ? Pour passer pour quelqu'un de faible, incapable de ce défendre seule ? Non merci. Dis-je les larmes aux yeux.

- Que des conneries si tu veux mon avis.

- Pardon ? Dis-je en lui lançant un sale regard.

- Tu n'es pas quelqu'un de faible Ano. Tu es juste tombé sur un connard qui te contrôle. Ce n'est pas admettre une faiblesse que de dénoncer une pourriture. Au contraire, je pense qu'il faut justement être forte pour prendre la parole.

- C'est très sage ce que tu dis tu le sais ?

- Je suis peut être froid mais pas stupide tu sais. Dit-il en me souriant à demi.

- Merci en tous cas.

- De rien c'est normal.

Katsuki regarde longuement l'étendue d'eau pendant que je me mets à le détailler discrètement. Il n'a pas tellement changé avec les années, toujours ce même regard sévère et froid. Ces cheveux blonds en bataille qui semble impossible à dompter. Sa peau semble sans défaut. La couleur de ces iris m'a toujours fascinée, d'un rouge éclatant presque sanglant, cela accentue davantage son côté froid et colérique.

Ce soir il ne porte qu'un genre de cargo noir et un débardeur noir simple laissant apparaître une partie non négligeable de ces muscles. Il est fort et puissant c'est une évidence.

Je me perds légèrement dans mes pensées en fixant sa main. Le temps d'un instant tout va bien, les problèmes sont restés au bar et je me sens apaisée, calme, presque sereine. Il jette un coup d'œil vers moi qui me déstabilise mais je ne laisse rien paraître.

- Je te raccompagne chez toi ?

- Je veux bien, merci.

Nous repartons tranquillement en direction du bar. Je rentre rapidement afin de prévenir Denki que Katsuki me ramène à la maison. Il semble surpris et me fait un clin d'œil d'encouragements. Je le pousse et lui dis que c'est pas du tout ce qu'il croit et qu'il ferait mieux de passer la seconde avec sa dulcinée au lieu de s'occuper de qui ramène sa sœur. Il me donne un coup de poing dans l'épaule pour rigoler et me fais un bisou sur la joue.

Je récupère mes affaires et je rejoins Katsuki qui m'attends en finissant sa cigarette.

Il la jette dans le cendrier et se dirige vers le parking derrière le bar. Au loin, j'aperçois son moyen de transport.

- Euh...

- Qu'est ce qu'il y a ? Tu as peur ou quoi ? Dit-il en rigolant.

- Non c'est pas ça ! J'ai pas l'habitude... dis-je bafouillant.

- Me dis pas que tu n'es jamais monté sur une moto ? Dit-il surpris.

- Bah non, j'ai jamais eu envie de mourir jeune donc je préfère les 4 roues tu vois !

- Amatrice, tiens enfile ça et grippe derrière moi je ne vais pas te tuer, promis. Enfin sauf si tu me saoules alors comme ça tu es prévenue. Dit-il en me donnant son casque.

- Tu es hyper rassurant merci ! Et toi alors tu n'en mets pas ?

- Non t'inquiète j'ai l'habitude.

Il monte alors sur sa moto rouge et tapote le siège comme pour me dire de ne pas stresser et de monter rapidement. Je m'exécute et commence à chercher où mettre mes bras. Je suis collée à son dos et son casque me tombe légèrement sur les yeux.

- Sert bien tes cuisses contre moi et tiens toi soit derrière le siège soit tu t'accroches à moi c'est toi qui vois.

- Je vais me tenir derrière. Dis-je gênée.

- Comme tu veux. Dit-il en rigolant.

- Quoi ?

Je n'ai pas le temps de finir ma question qu'il a commencé à faire vibrer le moteur de sa bécane. Il accélère rapidement comme s'il faisait exprès pour me faire peur. Et le pire, c'est que ça marche. Il ne m'a pas fallu plus de 2 secondes pour lâcher la prise arrière pour m'accrocher tel un koala à son corps.

Je l'avais déjà sentie lors de la danse mais quel corps. Il est solide et musclé. Je colle la tête à son dos tout le long du trajet qui, heureusement, ne dure pas longtemps. Au bout de 10 minutes de souffrance pour essayer de garder tant bien que mal ma dignité, il pose un pied à terre.

- Oh la sangsues tu peux me lâcher on est à l'arrêt.

- Euh hein quoi ? Dis-je en le lâchant et en sautant presque de la moto.

Il rigole doucement et je lui rends son casque. Mes cheveux semblent avoir subi une explosion, ça part dans tous les sens. J'essaye de remettre tout cela en place mais rien à faire.

- Tu l'as fait exprès avoue ?

- De quoi ?

- De rouler comme un débile pour me faire peur !

- Mais pas du tout, je roule comme un pro.

- Mouais ! Bon en tous cas merci de m'avoir ramené.

- De rien, si tu as besoin n'hésite pas je te ferai faire un tour de ma deux roues ça te changera les idées. Dit il en mettant son casque sur sa tête comme une casquette.

- Merci mais non merci pour la moto, j'ai eu ma dose on se verra sur la terre ferme d'accord ? Dis-je en rigolant.

- Aucun problème, allez passer une bonne nuit, à demain ?

- Toi aussi. À demain. Dis-je en lui faisant un signe de la main en le regardant partir comme un dingue.

Cela fait plusieurs semaines que tout se passe relativement bien. Katsuki est de plus en plus sociable avec moi en public, sans être débordant de gentillesse et d'affection bien sur n'exagérons rien. Il me parle normalement, ce qui étonne beaucoup Eijiro.

Ça fait également plusieurs semaines que je n'ai pas été amené à croiser Dabi. Peut-être qu'il s'est lassé de moi.

J'ai parlé brièvement de cette "relation" avec Katsuki par message le soir après les cours mais sans grandes révélations. Quasiment tous les soirs j'ai le droit a mon petit "bonne nuit" de Katsuki, ce qui ne me déplait pas du tout. Je me suis habitué à ce message qui me fait doucement sourire comme une idiote le soir, seule dans mon lit.

Pour Eijiro, je lui ai simplement dit que lors de la soirée au "plus Ultra" on a pu parler et mettre les choses au clair et que depuis ça va mieux. Il ne s'en plaint pas, au contraire, il est content qu'on puisse enfin ce supporter plus de 5 minutes d'affilée.

Je ne pense pas une seconde qu'il se doute que je commence doucement à ressentir des sentiments pour ce dernier.

Katsuki x AnoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant