Katsuki x Ano

Ma moitié

Ça fait maintenant plusieurs semaines que j'alterne entre voir Eijiro et passer du temps avec ma fille. Avec Kiri on se laisse du temps, on se retrouve pour parler, rigoler, s'embrasser et ça me fait un bien fou de partager de nouveau ces moments avec lui. Katsuki, lui, est reparti sur Tokyo afin de reprendre sa vie. Je lui ai supplié de ne parler à personne, enfin pas avant moi. Il m'as promis de ne rien dire et veut s'investir avec sa fille, enfin si toutefois c'est la sienne. Je ne dors pas beaucoup, pas à cause de choses agréables. Non je ne dors pas à cause de mon cerveau qui ne s'arrête jamais une seconde de tourner la situation dans tous les sens possibles et imaginables. J'ai fait parvenir un échantillon de ma fille, de Katsuki et de Eijiro à un laboratoire spécialisé dans les analyses biologiques. Je veux être fixé par rapport au père de ma fille avant de lui présenter qui que ce soit.

Depuis que j'ai envoyé le message a Eijiro j'ai le numéro de mon frère, malgré ça, je n'arrive pas a trouver le courage de lui envoyer un message ou mieux encore de l'appeler. Aujourd'hui j'ai demandé à Eijiro de me laisser un peu seule pour me concentrer sur ce point de ma vie. Si je l'appelle, qu'est ce que je vais lui dire ? Comment va -t il le prendre ? Va t'il me répondre ?

Je suis allongé sur mon canapé, ma fille est à l'école, je regarde le contact que j'ai renommé en "ma moitié" en tournant sans cesse une multitude de questions auxquelles je n'ai, bien sûr, aucune réponse. Je suis prise de surprise par deux messages simultanés. Le premier; c'est Eijiro : "Si tu veux mon avis, tu devrais l'appeler." Je sais bien qu'il a raison mais c'est tellement plus simple a dire qu'a faire.

Le second message lui est là pour l'informer de l'arrivée de mes résultats avec un lien internet. Mon cœur fait un bond. Ils sont là, une preuve scientifique de la paternité de mon enfant. J'ai peur du résultat, je ne sais pas vraiment ce que je veux. D'un côté j'aimerais qu'elle soit de Eijiro afin de pouvoir commencer une vie simple pour nous trois. D'un autre, si elle était de lui, cela me permettrai d'une façon détournée de le garder dans vie. Est ce que c'est malsain ? Certainement. Sa femme acceptera t'elle une fille qui n'est pas la sienne ? Je ne veux pas mettre en péril sa vie. Aussi étonnant que ce soit.

Je clique sur le lien et commence à lire. Le résultat est simple et clair. Comme pris d'un élan de confiance, je ferme ma page internet et fonce dans mes contacts. Je mets le téléphone à mon oreille et commence à manger mes doigts de stress. Entendre le son de sa voix me fait à la fois du bien et un mal de chien.

- Allô ?

- C'est moi. Dis-je simplement.

- Très drôle, et a qui ai-je l'honneur ? Votre numéro n'est pas enregistré.

- Didi... C'est moi.

- Personne ne m'appelle Didi depuis longtemps, je trouve pas ça drôle si c'est une blague, la seule personne qui m'appelle comme ça, ca fait bien longtemps qu'elle ne m'appelle plus et c'est ma...

Je laisse le silence s'installer sans prendre la peine de répondre car je sais bien qu'il a compris qui était de l'autre côté du portable.

- Nini ..? C'est toi ? Si c'est une blague ce n'est vraiment pas drôle. Dit-il des sanglots dans la voix.

- C'est moi Denki. C'est Ano.

- C'est pas possible...

- Je sais que c'est très soudain et inattendu. Mais je te jure que c'est bien moi.

- Comment ? Ou ? Pourquoi ? Où es-tu ? Tu es en vie ?

- Denki, calme toi.

- Me calmer ? J'ai l'impression d'être au téléphone avec un fantôme Ano, qu'est ce que tu me fais.

- Je vais tout t'expliquer d'accord ? Écoute moi, simplement écoute moi.

Après des heures et des heures de discussion pour tout lui expliquer que ce soit ma vie, ma fille, mon départ, Katsuki, Eijiro il me pose une question simple en apparence mais qui me semble impossible à répondre dans la seconde.

- Et tu comptes revenir ici ? A Tokyo je veux dire ? Maman a le cœur en morceau depuis que tu es partie et elle n'est pas la seule... Je suis détruit depuis que tu es partie tu sais ?

- Je n'y ai pas vraiment réfléchi, je dois t'avouer.

- Tu as pensé à nous ? A Anna qui pourrait connaître tout ce monde qui est ta famille ? Connaître son oncle, sa grand-mère, être près de son père tout simplement ? Ta vie n'est pas à Paris Ano, elle est avec les tiennes, ici. Dabi et tout ce problème ca fais longtemps que plus personne n'en parle, tout le monde a compris l'ordure qu'il était avec toute les femmes qu'il touchait. Tu penses que Eijiro restera une vie entière loin des siennes ? Ne le coupe pas du monde comme tu l'as déjà fait. S'il te plait.

- Tu as raison, mais comment je peux faire pour tout concilier ? Comment dire a celui qui est le père d'Anna... Ou plutôt comment dire a celui qui ne l'ai pas que ce ne sera jamais sa fille ?

 - Un homme aussi intelligent que lui va comprendre et cela ne changera rien à la suite des événements, fais moi confiance.

- Tu crois que Eijiro le prendra bien qu'il ne soit pas le père et que ca ne changera rien à l'amour qu'il porte pour moi et à l'amour qu'il pourrait lui porter ?

- Nini ! Il t'aime comme je n'ai jamais vu personne aimé. Ne crois pas au barrière que tu essayes de te mettre toute seule dans ta tête. Il aimera Anna comme sa fille et Katsuki assumera son rôle de père, je ne me fais aucun souci pour ça. Et puis, tu feras de lui un père aussi un jour qui sait. Vous êtes jeunes, alors je t'en supplie, dis leur simplement, prends le temps d'expliquer cela à ma nièce et je t'en supplie encore une fois, rentre à la maison que je te serre dans mes bras. 

Nous passons le reste de notre appel à pleurer et à dire à quel point l'autre manque dans notre vie. C'est pas évident de faire comprendre aux autres la relation étrange que partagent les jumeaux. Pour ma part je sens et je sais au fond de moi que sans lui mon monde ne tourne pas rond. On partage notre façon de penser et de comprendre le monde. Il est bien plus que mon frère, il est ma moitié. La personne que j'estime le plus sur cette terre. Il a toujours été là pour moi et l'inverse est vrai également. Je me souviens m'être battu pour lui étant plus petit. J'ai toujours était plus virulente que lui mais c'est étrange comme on se ressemble mais à quel point on est différent aussi. L'amour d'un frère ou d'une sœur est tellement unique. C'est froid et chaud à la fois. En deux heures bien remplies de discussion, il a réussi à me remettre sur les rails, à me montrer la voie que je devais prendre pour être heureuse. Il sait mieux que moi ce qui me faut. Il me connaît comme on se connaît soi-même en 25 ans d'existence.