Elle est en larmes au pied d'une statue de femme. Ses vêtements sont en lambeaux, son corps douloureux saigne de partout. Le chagrin la noie et étouffe sa respiration incontrôlable. Elle hoquette. Elle ne sait plus pourquoi elle pleure mais quelque chose de très grave s'est produit ici.
Un soldat mort gît près de la porte. Tout le monde est mort, elle se souvient. Tout le monde. Ses amis, sa famille, tous... Sauf lui. Il est loin, il rentrera trop tard. Elle sanglote encore.
Évidemment qu'il reviendra trop tard, c'est forcément imminent. Elle prie un peu, sachant pourtant que personne ne répondra.
Elle essaie de se relever mais ses jambes ne la portent plus. Sa cuisse droite est ouverte sur dix bons centimètres. Son pied gauche est tordu dans un angle anormal. Son entrejambe est en sang... ils l'ont violée. Elle éclate encore en sanglots douloureux en réalisant ce qui lui est arrivé.
Deux hommes entrent dans la pièce, armés de lances dégoulinantes. L'un d'eux la relève et elle réalise que son bras aussi est sans doute brisé. Elle hurle. Il la soulève alors comme un sac et marche vers le trône de... oui... c'est le trône de son mari.
Le soldat l'y jette sans ménagement et son dos heurte la pierre dans un crac sonore supplémentaire.
Il la ligote au dossier de marbre et serre et serre encore avant de la bâillonner. Il lui glisse ensuite un sac de toile sur la tête. Elle est aveugle, muette et attachée. Les larmes salées lui coulent sur les joues. Le tissu râpeux agresse sa peau déjà irritée. Elle suffoque.
Puis elle entend de nouveaux pas.
- Eh bien eh bien eh bien... , dit une voix de femme, moqueuse et cristalline... comme on se retrouve !
- Que fait-on d'elle, maîtresse ?
- Va me chercher ce que je t'ai demandé, répond-elle sèchement.
Elle l'entend approcher. Elle sent un parfum capiteux et sucré au travers de la toile.
- Tu m'entends ma petite chérie ? Tu sais que je suis là ? Tu croyais que je ne viendrais pas ? Mais que croyais-tu donc, sotte petite bécasse ? Qu'il allait te sauver cette fois ?
La voix part d'un grand rire méchant.
Elle entend les soldats revenir et s'agiter autour d'elle. Elle ne sait pas ce qu'ils font. Elle panique et s'agite.
- Ne t'énerve pas, ma minette. Ou devrais-je t'appeler Cassandre ? Tu aimerais que je t'appelle Cassandre dis-moi ? De toute façon, ton nom est appelé à disparaître, le sais-tu ? Il va partir en cendres avec toi. Les êtres comme toi n'ont pas plus de valeur que la poussière sous mes chaussures. Je serai celle qui t'aidera à accomplir ton destin cette fois.
Elle la sent prendre sa main et y poser un baiser.
Puis elle ne sait pas ce qu'elle fait. Elle entend de l'agitation autour d'elle. On lui pose des choses sur les genoux. Elle ne comprend pas et tente de les supplier. Mais sa voix est masquée par son bâillon. La terreur la gagne quand elle réalise qu'une odeur de feu lui parvient.
Elle tente de tâter ce qui se trouve sur ses genoux. Du bois ! Ils ont posé des fagots de bois sur ses genoux ! Elle tâte le sol des pieds, du bois là aussi ! Elle veut l'immoler !
Elle hurle sous son sac à s'en faire péter les cordes vocales quand elle entend des crépitements et une fumée monte vers elle.
- Voilàààààà, crie la voix, voilààààà... une sacrée offrande à vos putains de dieux ! Qu'on leur offre la Reine !
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Les cendres de Nînlìn
Fantasy« Fou celui qui veut garder toujours la fleur qui s'étiole en un jour »... Depuis toujours, Nina fait des cauchemars. Elle brûle sous les yeux d'un homme. Ça ne l'empêche pas de vivre sa vie de doctorante et de mener à bien sa seconde thèse en hist...