Ouvrir des portes

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Nous descendons enfin rejoindre l'équipe où tout le monde se précipite pour savoir comment je vais, après ma disparition et mon repos forcé de 24 heures. Je rassure tout le monde en m'installant et Anton vient s'asseoir près de nous.

- Bon, Ellie, on a visité le reste de la grotte, du moins la partie accessible.

- Comment ? Je m'étonne.

- Eh bien, là où vous êtes tombée, il devait y avoir une passerelle. Ils l'ont replacée après l'accident et nous avons pu descendre et aller jusqu'à la dernière porte.

- Une porte ?

- Oui, étrange hein ! Il y a bien une porte tout au fond. Une vraie porte. Ancienne, mais pas tant que ça. Elle est en métal. Un modèle comme on en trouvait dans les bunkers de la seconde guerre. Sauf qu'elle est dotée d'un mécanisme vraiment étrange et qu'aucun d'entre nous n'a jamais vu ça.

- Oh la la, j'ai hâte de voir ça !

Je sens Ellie se tendre à côté de moi. Je ne sais pas ce qui est si important pour lui dans cette quête, mais dès que la tablette revient sur le tapis, il devient plus sombre. Peut-être que l'aider à avancer nous permettra de passer à autre chose ?

- Bonjour à tous ! s'exclame une voix dans mon dos.

Je me retourne pour découvrir un nouveau trio : James Felt, Vantentina Danero et Zahi Fakhry sont arrivés pendant ma courte convalescence. La petite bande est accueillie avec empressement, surtout Felt, qui est tout simplement un héros pour des historiens.

Tout l'équipage se met alors en route et nous remontons dans les mêmes jeeps, sauf que cette fois, Ellie plaisante et me fait rire pendant tout le trajet. Je ne peux pas m'empêcher de m'attendrir devant ses yeux presque dorés sous le soleil ou d'admirer sa mâchoire puissante où l'on voit déjà un voile noir poindre alors qu'il s'est rasé il y a à peine une heure. J'ai envie de passer ma main sur sa joue. Il se rend compte que je l'observe sans vergogne et il me fait un clin d'œil complice. Pendant une seconde, la vie est parfaite. Parfaite.

Une ombre passe dans mon esprit et je me rappelle qu'on a quand même essayé de me tuer il y a à peine quelques heures, mais je la chasse rapidement.

Nous arrivons sur le chantier et une petite angoisse m'étreint à l'idée de redescendre là-dedans, mais Ellie s'en aperçoit et saisit ma main, dessinant de petits ronds du bout du doigt. Ça me calme immédiatement. Cette fois, il me tient près de lui pendant la première et la seconde descente et me voici de nouveau devant ce long couloir dans lequel j'aurais juré entendre Ellie l'autre soir. Cette fois, le tunnel est bien éclairé et je vois une sorte de pont métallique qui enjambe une crevasse. La crevasse où je suis tombée, puisque le pont n'était tout simplement plus là.

Arrivée au bord du gouffre, je regarde, effarée, l'endroit où je suis tombée. C'est très profond et j'ai déjà eu de la chance de ne pas me briser le cou dans la chute. Mais surtout, je ne comprends pas comment diable Ellie a pu me rejoindre ou mieux, me remonter. Je relève la tête vers lui et il détourne le regard, me faisant signe de suivre le groupe qui passe le pont. Je le dépasse en murmurant :

- Encore un secret hein...

Mais j'avance, quoiqu'il m'en coute.

Nous arrivons alors dans la dernière pièce connue de tous, sauf moi. Le plafond est très bas et Ellie, mon géant, doit baisser la tête. Des tas de souvenirs d'une vie d'immortel, je le comprends maintenant, s'amoncèlent ici dans un désordre affolant. C'est certain : ils ne sont pas tous aussi méticuleux et organisés. Au fond, une large porte qui semble blindée, anachronisme perdu au milieu des antiquités, semble attendre qu'on la déverrouille.

Les cendres de NînlìnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant