Ishtar

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JJe cavale à côté d'Ellie qui se dirige résolument vers son jet. Quand il choisit de marcher rapidement, vu sa taille, Ellie atteint un rythme qui ressemble à de la course, ni plus ni moins.

- TA SŒUR ? Attends, là, Ellie, faut que tu développes, tu crois pas ?

- Nina, encore une fois, un tout petit peu de patience, s'il te plait. On sera vite installés et je t'expliquerai.

Sa sœur, nom de dieu de nom de dieu de nom de dieu... de nom de dieu. Ce type me transforme en juron ambulant avec ses révélations.

On monte dans le jet et cette fois, j'avale les deux cachets qu'il me tend. J'avais déjà oublié cet épisode.

- Est-ce que t'as genre... un sixième sens qui te permet de savoir que je vais être malade ?

Il rit. Il est évident qu'il me cache quelque chose mais que je peux danser sur ma tête, il ne m'en dira pas plus.

- On peut dire ça, si tu veux...

- Bon, on est assis, je suis attachée, je ne tomberai pas de ma chaise. Maintenant explique-moi comment il est possible que tu sois le frère de la nana que j'étudie depuis deux ans.

- Il n'y a pas grand-chose à dire. Je t'ai dit que je n'étais pas seul dans mon cas. Et elle, c'est ma sœur, voilà.

- « C'est ta sœur voilà », tu m'excuseras si je ne me contente pas de ça. Il faut que tu m'expliques ce que j'ai le droit de savoir.

Il soupire profondément puis s'enfonce dans son siège, et commence, résolu...

- Ne me demande pas quand, ni comment nous sommes arrivés. Je n'ai aucune idée, aucun souvenir du commencement. Je sais juste qu'aussi loin que je me souvienne, elle était là et moi aussi. Nous avons vécu en frères et sœurs, aussi proches qu'il est possible de l'être car il n'y avait personne d'autre. J'ai su plus tard que nous n'étions pas seuls mais pendant une bonne partie de notre vie, nous pensions être seuls au monde. Rien ne ressemblait à la terre d'aujourd'hui. Il n'y avait pas d'hommes. Des tas d'animaux et... oui, je te confirme, j'ai connu les dinos. C'était marrant et très excitant. Mais nous avons compris que les autres espèces mouraient quand nous continuions notre vie comme si rien ne devait jamais changer. Puis... puis vous êtes apparus. Enfin, pas comme ça, pas si brutalement, mais on s'est... comment te dire ça sans avoir l'air présomptueux... on s'est un peu attachés à vous, elle et moi. Comme... disons... comme à des animaux de compagnie, si tu veux.

Il a l'air contrit quand il dit ça... et moi, je suis scotchée, pendue à ses lèvres. Il est là depuis toujours. C'est inconcevable. Mon esprit ne peut tout simplement pas intégrer cette donnée.

- On vous a montré comment utiliser vos mains et on vous a vus évoluer lentement jusqu'à développer une véritable activité. C'était passionnant d'assister à tout ça : sans vous, nos univers étaient très monotones au fond. Le temps a passé et nous avons vécu au milieu de vous. Les hommes apprenaient tout de nous et ils ont commencé à nous voir comme... oui, comme des dieux. Ils nous honoraient, nous vénéraient et ma sœur adorait ça. Ils nous ont donné des noms variés, nous ont érigé des palais et construit des trônes. De mon côté, j'ai fini par nouer des liens avec certains humains que je trouvais brillants et... c'est là que nos véritables dissensions sont apparues. Elle voulait continuer à vous voir comme des animaux de compagnie et moi, je voulais vivre en tant que votre égal, parmi vous. On s'est disputés et nos chemins se sont séparés. Voilà l'histoire.

- Tu ne l'as plus vue depuis plusieurs millénaires ? je m'exclame.

- Oh... si, si... on se croise, parfois, rarement et jamais avec plaisir. Les hommes ont détruit les dieux, s'en sont inventés d'autres et tu te doutes bien qu'elle n'apprécie pas la chose. On n'est toujours pas d'accord et ce désaccord est définitif et irrémédiable.

Les cendres de NînlìnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant