La fin de l'énigme ?

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J'ai trouvé une activité qui me permet de penser à autre chose : je décore la seule pièce encore à l'abandon de cette grande demeure. Ellie a fait construire cette maison au XIXème siècle, mais une pièce est restée en l'état, une sorte de petit boudoir. J'ai décidé d'en faire mon bureau et Ellie a accepté avec joie, cette décision revenant à admettre que je ne compte pas partir d'ici.

Tim et Jacques m'ont aidée à y mettre mes affaires, qui attendaient dans des caisses depuis tout ce temps et j'ai repeint un mur dans un vert céladon avant d'y ajouter des étagères en bois brut sur lequel j'ai installé mes livres et quelques plantes. J'ai pris une vieille table trouvée à la cave pour bureau. Je l'ai poncée et repeinte en blanc. En somme, je n'ai pas chômé même si notre relation est au point mort.

Je pensais que tout se décanterait mais dès que je me mets à penser, je suis de nouveau assaillie par la colère, pas tant parce qu'il savait ce que j'ignorais que parce qu'il continue à me cacher des tas de choses.

J'ai repensé plus d'une fois au petit secrétaire, mais je ne suis jamais assez longtemps seule pour pouvoir y retourner. Je soupçonne Ellie d'avoir chargé Jacques et Tim de veiller à ce qu'il ne m'arrive rien pendant ses brèves absences et cela me rend encore plus folle de rage.

J'ai bien tenté d'y retourner la nuit, mais mon compagnon semble avoir un sixième sens et sitôt que je bouge, il se réveille.

Je me suis promis de sauter sur la première occasion pour résoudre le mystère : au fond, si personne ne veut rien me dire, j'irai chercher la vérité par moi-même.

L'occasion ? Elle se présente un matin. J'ai entrepris d'installer une commode, encore trouvée dans la cave, dans mon bureau, mais elle pèse très lourd et Tim, bien que fort, ne peut pas la remonter seul. Jacques étant trop vieux pour ce travail, Tim me suggère d'attendre Ellie, qui ne devrait pas tarder, pour l'aider et, même si je sais qu'il pourrait remonter le meuble tout seul comme une fleur, je prétexte qu'Ellie a mal au dos, espérant secrètement que Tim propose une autre solution et ça ne manque pas.

- Je peux la démonter, si vous voulez.

- Oh, vous feriez ça ? Ca me ferait tellement plaisir !

- Y en a pour un moment, soupire-t-il. Mais remontez, je m'en occupe.

Je remonte les marches quatre à quatre, me pressant jusqu'au bureau d'Ellie. Jacques est occupé dans la cuisine et il n'y a personne en vue. Je me glisse rapidement sous le bureau et tripote la petite manette qui déclenche l'ouverture du secrétaire.

Je retourne devant le meuble et l'observe sous toutes les coutures. Je remarque que le classeur a disparu mais rien d'autre. Je marmonne entre mes dents, cherchant désespérément je ne sais trop quoi puis je la vois : une minuscule télécommande de la taille d'un bouchon est accrochée sous la tablette de bois. Je frissonne lorsque j'appuie sur le seul bouton et que j'entends un cliquetis dans mon dos.

Je ne vois rien de prime abord puis je réalise que la bibliothèque a très très légèrement bougé. Un des pans dépasse maintenant d'un petit centimètre. Je m'en approche, les mains tremblantes.

Quoi que je trouve derrière cette chose, j'ai l'intime conviction que ma vie va s'en trouver changée à tout jamais.

J'hésite un instant à refermer le pan de mur mais je me ravise : je ne resterai pas dans ces secrets plus longtemps.

Je tire doucement sur la bibliothèque qui s'ouvre aisément, me permettant de voir une porte derrière. Elle est fermée à clé mais je me rappelle qu'il y en a une dans le secrétaire. Elle est toujours bien là et je m'en saisis avant de retourner rapidement sur mes pas et de la tourner dans la serrure qui réagit immédiatement par un cliquetis qui semble résonner dans la pièce.

Les cendres de NînlìnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant