Atterrissage

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Nous atterrissons après une sieste sans rêves. Je mets un moment à me rappeler tout ce qu'Ellie m'a dit, je n'arrive plus très bien à savoir si nous avons réellement eu cette conversation. Mais un coup d'œil vers lui et je dois bien admettre que ça a eu lieu.

Je sais que je devrais douter. Au moins remettre en question l'information... Mais j'ai du mal à expliquer à quel point je sens profondément en moi que cet homme est bon.

Je regarde la ville que je connais si bien, ses rues grises même au printemps, remplies d'une histoire finalement tellement récente aux yeux de l'homme qui m'accompagne. Nous nous approchons de mon quartier et je ressens déjà l'angoisse d'être séparée de lui, comme si je me préparais à être privée d'air pendant un plongeon.

- On arrive chez toi, ma douce, me murmure-t-il.

- Tu montes un peu ?

- Tu veux ?

- Oui, je n'ai pas envie que tu partes...

Je suis d'une franchise totale envers lui, comme si je n'avais aucune peur d'être ridicule ou de le faire fuir. Ça ne me ressemble pas du tout. Nathan me reprochait ma froideur et ma distance. Avec Ellie, c'est instinctif et son corps me semble être le prolongement du mien.

- Alors offre-moi un café, suggère-t-il.

Nous montons l'escalier qui mène à mon appartement et j'ouvre la porte, espérant secrètement que Lisa ne soit pas là. Je n'ai pas envie qu'elle nous harcèle de questions. Et de fait, elle est absente.

- C'est charmant, chez toi, dit Ellie en entrant dans le salon.

- Oh, je n'ai aucun mérite. Ma mère a fait un héritage et me l'a mis à disposition. Je ne suis pas vraiment chez moi. Je ne décorerais pas vraiment comme ça, d'ailleurs je n'ai pas vraiment décoré comme j'aurais...

Je m'arrête car Ellie ne m'écoute plus. Il est devenu livide et marche dans la pièce, le nez levé, comme s'il humait l'air.

- Prends tes affaires, m'ordonne-t-il.

- Je... quoi ?

- Je pourrais t'inventer une histoire Nina mais Ishtar est venue ici. Prends tes affaires, on s'en va. J'enverrai quelqu'un chercher le reste. Tu ne peux plus venir ici pour le moment.

- Comment ça « Ishtar est venue ici » ? Comment le sais-tu ?

- Je sens son odeur. Dépêche-toi. Je ne te donnerais pas d'ordre si ce n'était pas pour te protéger. Crois-moi : on ne doit pas la croiser. Dépêche-toi. S'il te plait.

Je me rappelle soudainement qu'il avait précisé, le soir de ma chute dans le lac souterrain, qu'il ne m'avait pas « sentie » dans ma chambre...

- Tu sens son odeur ??? Tu reconnais la mienne aussi, n'est-pas ?

- Oui, c'est une petite particularité, maintenant il faut qu'on y aille...

- Bordel mais dans quel truc tu m'entraînes, sérieux ? je m'emporte commençant malgré tout à empaqueter des affaires un peu partout. Parce que je sens son angoisse. Je sais qu'il ne me demanderait pas ça si ce n'était pas impérieux.

- C'est trop tard de toute façon Nina, je suis désolé. Ce lieu est devenu dangereux pour toi.

Je passe dans ma chambre et commence à sortir des vêtements des placards mais Ellie m'arrête net :

- Le strict nécessaire, ce qui te tient à cœur. J'enverrai chercher le reste et on peut acheter ce qui te manquera.

Je regarde autour de moi : les seules choses qui m'importaient vraiment, au fond, c'étaient mes classeurs et mes recherches pour ma thèse, qui tout à coup a perdu tout son sens. Je le réalise en regardant mon bureau couvert de documents. Trois ans gâchés...

Les cendres de NînlìnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant