L'accident

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Anton prend la tête du projet, d'autorité. Il nous répartit les tâches et on voit qu'il a fait ça toute sa vie. L'équipe déjà présente a photographié chaque pièce ainsi que sa position exacte dans la pièce, dont ils ont réalisé des plans précis et détaillés. Nous devons donc commencer par trier les objets par époque et par champs de spécialité : ce qui appartient aux archéologues et ce qui appartient aux historiens, période par période. Rien que cette partie du travail peut nous prendre plusieurs jours.

Les pièces suffisamment en état pour être remontées le seront dans l'ordre qu'Anton nous indique et rangées dans les tentes, cette fois de façon chronologique.

Étonnamment, la plupart des objets conservés ici semblent dans un état impeccable, comme s'ils avaient été protégés par des spécialistes. Ellie s'affaire avec nous, semblant plutôt bien savoir où ranger les éléments qu'il saisit. Ses connaissances historiques ont l'air solides.

La température est agréable et le travail avance vite et bien. Je ne vois pas le temps passer et mes compagnons ponctuent leurs découvertes de petits cris de joie et d'émerveillement.

- Il va nous manquer un égyptologue, déclare Marcus. Vous avez oublié ce détail, Ellie.

- Du tout, répond-il, il doit nous rejoindre ce weekend !

- Ah et on peut savoir qui c'est ? je demande, curieuse.

- James Felt, déclare-t-il, comme s'il ne citait pas un des plus grands égyptologues de notre temps.

- Felt ? crie Berto. LE James Felt ?

Le grand nom parcourt les rangs et la caverne entière résonne de « Felt Felt Felt Felt ».

James Felt, soyons clairs, C'EST Indiana Jones.

Pour vous situer un peu le personnage, il faut savoir qu'il n'y a plus guère de grands égyptologues vivants mais James Felt, qui est encore très jeune, est déjà président de plusieurs associations d'égyptologie, plus jeune titulaire d'une chaire à l'université d'Oxford et il est surtout connu pour avoir participé à un nombre incalculable de missions archéologiques avant d'en diriger lui-même. On peut dire qu'il a littéralement fouillé toute l'Égypte, d'Abou Simbel à la mer méditerranée. Il a à son actif une trentaine de publications sans compter les prix les plus renommés dans le domaine. Son parcours est incroyable et force l'admiration de ses pairs. En gros, James Felt, c'est un peu le Harry Styles de l'archéologie, le nouveau Vidal-Bosch, Superman, mais en mieux.

Ellie nous regarde d'un air amusé. De toute évidence, Felt ne l'impressionne pas tant que ça.

- Non, mais FELT, Ellie, FELT, je lui répète.

- Au risque de vous décevoir, James connaît très bien cet endroit et il a déjà répertorié pas mal de pièces avec son équipe. Il vient continuer son travail en échange du financement d'un de ses futurs projets.

- Vous voulez dire qu'il est déjà venu ici ? intervient Marcus.

- Oui, oui bien entendu, il m'a été d'une grande aide pour la résolution d'une petite énigme bien sympathique...

- Formidable... c'est formidable, repart Marcus en secouant la tête.

Je comprends ce qu'il veut dire, je pense en reprenant ma tâche : il y a ici les plus grands historiens et archéologues au monde, alors qu'aucun projet ne devrait être supposé les réunir tant leurs disciplines sont éloignées, et pourtant, ils sont tous ici.

- En égyptologie, continue Ellie, il y aura aussi Vantentina Danero, qui nous viendra d'Argentine et Zahi Fakhry.

- J'ai étudié son ouvrage sur les inscriptions des carrières d'améthyste de Wadi el Hudi lorsque j'étais encore au tout début de mes études, s'exclame Natalia. J'ai hésité avec l'égyptologie...

Les cendres de NînlìnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant