La famille et toutes ces conneries...

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Lorsque je me réveille de nouveau, une sensation de vide m'étreint. Ellie n'est plus dans le lit. Je me retourne et le vois planté devant la fenêtre, les yeux dans le vide. Il s'est déjà douché. Des gouttes ruissellent le long de son torse et une serviette ceint sa taille. Il est époustouflant.

Pourtant, son regard me détourne des pensées grivoises qui pointaient dans mon esprit. Il semble tellement inquiet...

Je sors du lit et le rejoins, me glissant dans son dos, je l'enlace, passant mes bras sous les siens, promenant mes mains sur son ventre qui tressaille à mon contact. Il saisit mes mains et resserre notre étreinte. Je pose un chapelet de petits baisers sur son dos avant d'y poser ma joue.

- On va rentrer en Europe, m'annonce-t-il sombrement.

Je hoche la tête contre lui. Où qu'il aille, de toute façon, je le suivrai. Je crois que je l'ai su très tôt, très vite et d'instinct. J'ai toujours mille questions à lui poser, mais je sens que ce n'est pas l'instant adéquat. Je ne réponds même pas. C'est inutile et il le sent.

- Je n'ai aucune autre piste vraiment sérieuse pour le moment, soupire-t-il, se tournant vers moi en me gardant contre lui. Je lève la tête, le menton contre son sternum.

- Tu ne veux toujours pas me dire à quoi elle doit te servir ?

- C'est compliqué, mais ça viendra. J'ai des hommes qui travaillent à sa recherche un peu partout dans le monde.

- D'accord...

- Merci, Nina...

- De quoi ?

- D'accepter les choses avec simplicité, alors qu'elles sont tout sauf simples.

- Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. J'attendrai que tu me dises. Je choisis de te faire confiance.

Notre étreinte se prolonge et, même si je sais qu'il est triste, je me sens incroyablement apaisée par son contact, comme si je rentrais chez moi après une longue absence.

- Allez, dit-il en me repoussant avant de me claquer les fesses, à la douche !

- Héééé !

Son changement d'humeur soudain me surprend. Même si je sens qu'il lui demande un effort, je lui en suis très reconnaissante. Les derniers jours ont été éprouvants.

Les douches deviennent avec lui un moment clé de la journée où nous discutons, nous frôlons, nous embrassons et bien qu'il se soit déjà douché, il me rejoint encore. L'écologie en prend un coup parce que nous y traînons plus que de raison, sans aucun doute. Je suis toujours étonnée de la synchronicité de nos mouvements dans des lieux exigus. Je me rappelle qu'avec Nathan, mon ancien petit ami, nous avions bien du mal à nous coordonner et que tous nos gestes étaient empreints de malaise. On se cognait souvent dans la cuisine ou dans la salle de bain et nous y allions régulièrement de nos « pardon, oh pardon, non c'est moi, vas-y passe ». Avec Ellie, on dirait qu'on effectue une danse savamment étudiée. Il ouvre l'armoire pendant que je prends nos brosses à dents, lui tendant la sienne. Il me tend le tube, qu'il presse au-dessus de ma brosse avant de se servir. Nous nous brossons les dents et nous les rinçons à tour de rôle sans jamais entrer en collision et tout continue sur le même rythme parfait. On dirait qu'on a fait ça toute notre vie.

Un doute m'assaille soudain : et si cette parfaite chorégraphie ne dépendait en réalité que de la longue expérience d'Ellie ? Il croise mon regard dans le miroir et j'ai l'impression qu'il voit littéralement cette pensée me traverser et il pose un baiser sur mon épaule encore nue en levant les yeux au ciel.

Les cendres de NînlìnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant