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Dior

Je n'avais aucune envie qu'elle voit ce tableau. Mais bien sûr, Edlyenne n'a rien trouver de mieux à faire que de se ramener avec sa copine. Elle aurait pu me prévenir. Il est trop tard pour tenter de cacher ma peinture, -et il serait ridicule de le faire- je ne remarque sa présence que lorsqu'elles entrent dans la pièce où je m'étais arrangé pour me retrouver seul. Je fais mine d'être trop concentrée sur le vernissage de mon tableau pour les avoirs remarqués.

Je détaille alors l'œuvre que je viens d'achever. Celle-ci représente un ciel étoilé accompagné d'un fin croissant de lune. En s'attardant sur la toile, on peut facilement découvrir une jeune fille assise au pied d'un arbre. Tapis dans l'ombre, elle observe les étoiles.

-Ouah? C'est beau! S'exclame Edlyenne et Louna.

J'espère que ce qu'elle a à me dire est important. J'appréhende plus que je ne veux l'admettre. Smith n'a fait aucun commentaire. Elle n'a peut-être pas fait le lien finalement. J'admets qu'il me faut un peu de courage pour lâcher mon tableau du regard et faire face aux trois gourdes qui ont fait leur entrée dans la pièce. Je regarde d'abord à droite, là où se trouve Edlyenne et Louna. C'est plus simple. Finalement, mon attention se pose sur Smith, qui n'aurait pas dû être là. Que j'aurais préféré ne jamais rencontrer.

Elle a l'aire de poser ses yeux sur la peinture pour la première fois. Elle se fige, et je déteste la façon dont mon estomac se noue d'appréhension. Je déteste me demander ce qu'elle va en penser, si elle va apprécier, si elle va remarquer qu'elle m'a inspiré ce tableau.

Hors de question de laisser transparaître mes émotions de faible. J'espère avoir l'air assuré lorsque je rétorque ;

-Je l'ai appelé "Place aux étoiles". Je ne peux m'empêcher de détailler sa réaction lorsque j'énonce le nom de mon œuvre.

Elle a l'aire totalement absorbée par la toile. Il me coûte de reconnaître qu'à ce moment-là, je pourrais payer pour savoir ce qu'elle a en tête. Ça me dégoûte, mais je ne peux m'empêcher de maintenir mon attention sur elle. Ses yeux brillent. Ou peut-être est-ce l'effet du rayon de soleil qui se réverbère sur son visage.

Après ce qui me semble être une éternité. Elle me regarde à nouveau. Un regard qui me donne immédiatement envie de détruire mon tableau et de le lui faire bouffer. Pourquoi elle fait ça ? Pourquoi faut-il qu'elle me fasse cet effet ? J'ai envie de m'emporter, de la provoquer, peut-être même de lui tordre le cou. Mais d'un autre côté... C'est apaisant.

Ce sentiment est aussi doux que douloureux. Son regard me transperce. La chaleur qui émane de son regard me donne l'impression d'être en plein sous les rayons du soleil alors même que je suis dans l'ombre. Je hais l'impression qu'elle lit en moi comme dans un livre ouvert. L'impression qu'elle connaît tous les secrets.

Pire encore, cette sensation que plus rien d'autre n'existe. Comme si nous étions seuls dans les univers. Mes iris noirs accrochés à ses yeux bruns. C'est tout ce qui existe là maintenant. Comme si j'avais retrouvé une partie de moi-même en elle.

C'est la merde.
La grosse putain de merde.

-
Il fallait bien sûr que son regard m'obsède au point de ne pas réussir à m'endormir. Allongé dans mon lit à fixer le plafond, je m'interroge. Comment j'ai pu tomber aussi bas.

ARCADIA : Fate  (1er jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant