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Ouragan d'émotion

Une onde de choc se fit ressentir en plein cœur de la ville de Lyon.

Silence.

Plus personne n'osa bouger.

Une deuxième vague survint quelques secondes plus tard. Alors la panique gagna les habitants qui s'éloignèrent en courant de la source de ce phénomène. Seuls deux hommes, attablés à la terrasse d'un café, semblèrent garder leur calme malgré l'agitation ambiante.

- Quid de la situation ? demanda le premier, un homme pâle en costume pourpre avec de petites lunettes en demi-cercle, en prenant le temps de finir son thé au miel.
- Je cherche, répondit le second, un colosse aux cheveux blonds et à la peau cuivrée, en fermant les yeux pour se concentrer. Je vois... deux enfants... un garçon d'environ dix ans et... une fillette plus jeune, sa sœur je crois. L'énergie vient d'elle.
- Nature de l'individu ?
- Humaine pour sûr !
- Une sensible...
- Two ?
- Pas un instant à perdre, Five. On y va !

De concert, les deux acolytes se levèrent pour se rendre vers la source des ondes de choc qui continuaient de pulser de façon régulière. Ils avancèrent d'un pas déterminé en remontant le flux de personnes affolées qui fuyaient chaotiquement l'origine de la singularité.

Arrivés à destination, Two et Five prirent un instant pour observer la scène. Devant eux, une petite fille rousse se tenait à genoux, la tête entre ses mains, et elle criait à s'en briser la voix. À intervalles de plus en plus rapprochés, des vagues d'énergie s'échappaient de son corps pour se répandre dans toutes les directions. Face à elle, son frère – car le doute sur leur lien n'était plus permis après les avoir vus l'un à côté de l'autre – tentait de l'approcher, mais se voyait repoussé à chaque nouvelle décharge.

- Je m'occupe de l'enfant, finit par dire sèchement l'homme en costume pourpre, toi tu te charges de son frère et tu sécurises la zone.
- Quoi ! s'offusqua le colosse de son accent australien. Attends, qu'est-ce que tu vas faire à cette gamine ?
- J'applique la procédure.
- Ne me dis pas que...
- Toute menace pour autrui doit être éliminée immédiatement.
- Tu ne peux pas faire ça ! s'énerva Five devenu rouge.
- C'est la procédure, répliqua calmement son acolyte.
- C'est une f*cking gamine, Two !
- Une gamine qui peut rayer Lyon de la carte à tout moment je te rappelle.

Comme pour appuyer ses propos, la fillette poussa un énième cri de douleur plus intense que les précédents.

- On n'a plus le temps de tergiverser, Five. Si on n'agit pas rapidement, soit cette fille explose et toute la ville avec elle, soit les maroufles de la Fondation LB se ramènent avant et la capturent sans qu'on ne puisse rien faire. Et je ne laisserai pas une enfant se faire torturer par ces vauriens antipathiques. Je préfère encore...
- Tu préfères encore l'éliminer, j'ai bien compris. Mais il doit y avoir une autre solution. Si on arrivait à contrôler son pouvoir, on pourrait...
- Seule One est en mesure de contenir autant d'énergie d'un coup, reprit Two sans lui laisser le temps de finir. Et elle ne sera jamais là à temps.

Five tourna de nouveau son regard vers la fillette qui avait le visage déformé par la souffrance qui parcourait tout son corps. Une lueur de détermination s'alluma dans ses yeux.

- Je vais le faire.
- Comment ? répondit Two quelque peu décontenancé par cette affirmation.
- Je vais y aller et contenir son énergie, pour sauver la ville, et pour la sauver elle.
- Tu es fou. Jamais tu n'y arriveras, c'est impossible.
- Je peux le faire.
- Tu es sûr de toi ?
- Absolument pas, avoua Five.
- Alors je ne suis pas prêt à prendre le risque.

Une petite voix s'éleva aux pieds du colosse. C'était le garçon roux, des larmes plein les yeux. Son corps frêle était couvert d'ecchymoses, symboles de ses tentatives infructueuses pour approcher sa sœur.