Sensation intemporelle

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Dans une cellule froide et sombre, un homme en armure est enfermé, pieds et poings liés, une douleur lancinante dans l'arrière du crâne. Comment s'était-il retrouvé là ? Il n'arrivait pas à rassembler ses bribes de souvenirs dans un tout cohérent. Le matin même, il partait en expédition avec la Reine et... Aaaaah ! Tout s'était si vite enchaîné qu'il n'avait pas eu le temps de tout comprendre.

Un bip se fit entendre. Le mur translucide qui fermait sa cellule s'évapora comme par magie, et une femme dans un uniforme entièrement noir vint détacher le prisonnier. Ce dernier, une fois libéré de ses entraves, s'écroula au sol.

- Eh bien Chevalier, railla la gardienne, le voyage t'a ramolli ?

Elle éclata d'un rire sonore qui vint transpercer les tympans de l'homme à terre. Il grogna. Elle l'attrapa par le bras pour le relever et le guida fermement à travers de nombreux couloirs tout aussi ternes que sa cellule. Pour une femme à l'allure aussi fine, elle était étrangement forte.

Après avoir marché de longues minutes, elle plaça le prisonnier devant une immense porte complètement lisse. Sans plus de cérémonie, elle accrocha autour du cou du chevalier un collier serti d'une petite pierre bleue. Une fois cela fait, elle tapota sur son épaule, déposa un bisou sur sa joue et lui fit un clin d'œil.

- Allez, bonne chance ! Tu vas en avoir besoin.

Avant qu'il n'eût pu répliquer, la porte en face de lui coulissa lentement vers le haut, et il fut ébloui par la luminosité beaucoup plus forte de l'autre côté. Une voix résonna par-dessus un brouhaha intense.

- Accueillons maintenant notre prochain challenger ! Il nous vient tout droit du cinquième siècle après J-C, au tout début du Moyen-Âge, une belle époque de bouseux si vous voulez mon avis. Expert du combat à l'épée, fier chevalier au service du Royaume, et extrêmement beau garçon. Mesdames ! Messieurs ! Mesqueers ! Je vous demande un tonnerre d'applaudissements pour Siiiiiiiiiir Tyrlair !

Les clameurs de la foule redoublèrent. Le prisonnier fut quelque peu déséquilibré. Il venait de remarquer qu'il se trouvait en fait sur une plateforme circulaire qui s'élevait vers le milieu de l'immense édifice. Lorsqu'il fut enfin sur le plateau central, une vérité terrifiante se glissa dans son esprit. Des gradins bondés entourant une grande étendue plane, un commentateur énergique, des lumières vives de partout : il se trouvait dans une arène. D'un genre qu'il n'avait jamais croisé auparavant, mais bien une arène.

Alors que son regard balayait l'ensemble de l'assemblée, il se figea net lorsqu'il l'aperçut dans une des tribunes. Elle. Et tout redevint clair dans son esprit. Elle était venue dans son époque pour récupérer un drôle d'objet. Elle lui avait montré une échappatoire possible à son triste quotidien. Elle allait repartir sans lui... mais il l'avait suivie à travers cet étrange portail. Et il s'était retrouvé là. Où était ce là ? Mais surtout, quand était ce là ? Il ne savait pas. A son arrivée, à peine avaient-ils pu échanger trois mots, que des gardes en uniforme noir les avaient emmenés dans ce lieu, cette arène. Ils avaient été séparés et enfin il la revoyait. Ces cheveux rouges rasés, ces tatouages colorés, ces piercings sur tout le visage et... une lourde chaîne autour du cou.

A ses côtés, une grande femme dans un long manteau violet se leva et la foule se calma aussitôt.

- Ha ! Voilà donc le chevalier que tu nous as ramené de ton escapade dans le passé, Liberty ? C'est vrai qu'il est mignon. Il est affreusement coiffé mais au moins il a les cheveux courts. Voyons donc ce qu'il a dans le ventre. Je propose, dit-elle en haussant un peu plus la voix, l'Armée des Cents Lames. C'est bien adapté pour un guerrier de sa trempe, ne croyez-vous pas ?

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