Il regarde sa feuille depuis plusieurs heures maintenant. Aucune phrase n'est écrite dessus, pas un seul mot. C'est étrange, cela ne lui ressemble pas de bloquer ainsi. Habituellement l'histoire vient d'elle-même, s'impose à son esprit. Alors pourquoi là n'y arrive-t-il pas ? Pourtant il a des idées, des personnages à faire vivre, mais rien, son esprit est un véritable méli-mélo. Chaque fois qu'il essaye d'attraper une pensée précise, elle glisse entre ses doigts comme si elle n'était faite que d'eau. Ce sentiment d'impuissance lui est insupportable.
Elle vient se placer derrière lui et glisse ses mains contre son torse chaud. Il réagit à peine, perdu dans sa réflexion. Elle aime quand il est ainsi concentré, elle le trouve particulièrement mignon. Elle colle sa tête contre la sienne, emmêlant leurs cheveux. Son parfum parvient jusqu'à son nez, elle en frissonne de plaisir. Elle ferme les yeux pour profiter encore plus de cet instant. Tout est calme autour d'eux, c'est apaisant.
Il grogne légèrement. La frustration monte de plus en plus en lui, au point où il ne peut plus la contenir. Sa main se contracte sur son stylo à s'en faire blanchir les phalanges. Elle le remarque et tente de le calmer en caressant lentement son cou. Mais rien n'y fait, son attention est complètement accaparée par cette page blanche face à lui. Il serre les dents et frappe de son poing libre sur la table. Elle sent tous ses muscles se tendre. Dans une tentative de le radoucir, elle dépose un baiser sur sa joue, toujours sans succès.
Elle se relève et vient se placer en face de lui, puis elle attrape sa tête entre ses paumes et l'oblige à la regarder dans les yeux. Elle fait une étrange grimace et baragouine dans une langue imaginaire. Il éclate de rire devant cette scène et elle sourit à son tour, ravie de l'avoir enfin extirpé de cette spirale infernale. Un gargouillis sonore les tire de ce doux moment, il détourne le regard un peu gêné. Sans prévenir, elle se penche sur son visage et l'embrasse tendrement avant de se diriger vers la cuisine.
Il la regarde commencer la préparation d'une omelette, son plat préféré. Elle est si attentionnée avec lui. Quelle chance il a eu de la rencontrer ; sans elle il serait perdu. Elle est un soutien indéfectible dans sa vie, le phare qui l'éclaire dans ses nuits les plus sombres, le bastingage qui l'empêche de chavirer dans l'océan de ses tourments. Sa respiration ralentit petit à petit, il se sent bien, heureux. Une idée traverse alors son esprit, et il fait glisser son stylo sur la feuille pour y inscrire quatre mots.
« Elle illumine ma vie. »
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Historia CortaNouvelles sans lien ni ordre écrites pour divers ateliers et concours d'écriture