Minuit. Luna sortit de sa chambre à pas feutrés. Elle voulait être certaine de n'alerter personne. Lentement, elle traversa les nombreux couloirs blancs de l'édifice, serrant fort contre sa poitrine ce qu'elle cachait sous son manteau trop grand pour elle. Son cœur battait fort, elle avait pris sa décision.
Au détour d'une intersection, Luna percuta de plein fouet un vieil homme qui manqua de tomber en arrière. Heureusement, la jeune fille le rattrapa de justesse, laissant glisser quelque peu ce qu'elle dissimulait. Le vieillard sembla le remarquer mais n'eut rien le temps de dire, déjà Luna le contournait pour continuer son chemin, en courant cette fois-ci. Elle ne devait pas perdre le moindre temps, et prendre le risque d'être rattrapée par les infirmiers.
Elle arriva enfin au niveau de la cage d'escaliers. Elle les monta péniblement jusqu'à ce que plus aucune marche ne se présentât devant elle. Sa destination était là : le toit. Luna ouvrit la porte qui la séparait de l'extérieur et fut accueillie par une brise fraiche. Pour une nuit d'été, elle était agréablement douce. Une soirée parfaite pour accomplir son dessein.
Elle retira son imperméable et déposa l'objet qu'elle avait porté jusqu'ici : une paire d'ailes de papillon qu'elle avait récupérer d'un costume sans que personne ne s'en aperçût. Elle sourit. Luna l'enfila par-dessus ses vêtements, un débardeur noir et un short en jean, qu'elle avait choisis exprès pour l'occasion.
La jeune fille prit une profonde inspiration et s'approcha avec précaution du bord du toit. C'était très haut. Parfait. Elle monta sur la rambarde de sécurité et écarta les bras. Le vent souffla fort et sema le chaos dans ses cheveux courts. Luna ferma les yeux, elle aimait ce sentiment de légèreté qui parcourait chaque cellule de son corps.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ce fut pour les lever vers le ciel. Il était clair, rempli d'étoiles. Une bien belle soirée pour s'envoler. Elle regarda une nouvelle fois en bas, réajusta ses ailes, puis fixa l'horizon avec détermination. Elle était prête.
- Quelle constellation vises-tu, petite fée ?
Luna sursauta. Une voix s'était élevée derrière elle. La jeune fille se retourna et reconnut le vieil homme qu'elle avait croisé plus tôt.
- Pardon ? demanda-t-elle.
- Tu vas bien t'envoler pour rejoindre les étoiles, non ? répliqua le vieil homme. Alors dis-moi, quelle constellation aimerais-tu rejoindre ?
- Je... Je ne sais pas. Je n'y ai pas vraiment réfléchi.
- Ah ! Voilà qui est curieux, s'exclama le vieillard. Qui part en voyage sans savoir où il se rend ?
- Les gens qui ne veulent pas aller quelque part, mais juste fuir, répondit naturellement Luna. Je me fous d'où je vais, tant que je quitte cet endroit pourri.
- Et tu penses que t'envoler est une bonne solution ?
- C'est la seule solution. Plus rien ne me retient ici. Alors je pars.
- En arriver à une telle conclusion à ton âge, voilà qui est bien triste.
- C'est ma vie qui est bien triste, répliqua la jeune fille.
- Je ne te crois pas !
- Vraiment ? J'ai seize piges. Je devrais être au lycée à étudier avec les autres de mon âge, mais à la place je passe mes journées dans cet hôpital miteux. Mes parents ne viennent jamais me voir, moi le boulet de la famille qui leur coûte un bras en soin. Mes amis ont coupé tout contact, car qui voudrait être pote avec une meuf qui ne peut pas sortir s'amuser ? Et même mon copain, celui qui m'avait soi-disant juré amour éternel, s'est cassé avec une autre, une qui ne risque pas de clamser du jour au lendemain. Reconnaissez qu'on a connu meilleure vie.
- Hmm il est vrai... Eh bien bon voyage !
- Quoi ? s'étonna Luna. Vous n'allez pas m'en empêcher ?
- Pourquoi ferais-je cela ?
- Je ne sais pas, c'est pas ce que font les gens dans ce genre de situation ? Retenir la personne en lui disant que la vie est belle, et que même si parfois elle est dure, elle vaut la peine d'être vécue ?
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Короткий рассказNouvelles sans lien ni ordre écrites pour divers ateliers et concours d'écriture