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Lumières d'espoir

Accoudé à la rambarde, Arthur regardait le soleil se coucher à l'horizon derrière l'océan. Il se posait ici chaque fois qu'il se sentait mal afin de respirer et de reprendre des forces mentales. Ces derniers temps, il était venu de plus en plus souvent... et cela l'apaisait de moins en moins.

Il baissa les yeux et observa les vagues qui s'éclataient contre les rochers en contrebas. Tout serait tellement plus simple s'il sautait là maintenant. Adieu études nulles à chier, adieu taf pourri, adieu parents intolérants ; adieu monde de merde. Il hésita. Longtemps. Et au moment où il avait enfin pris sa décision, une main vint se poser sur son épaule derrière lui.

C'était elle, Juliette. C'était pour elle qu'il avait tenu toutes ses années, pour elle que chaque soir il avait espéré des lendemains meilleurs, pour elle qu'il avait fait tous ces efforts. Pour quoi au final ? Il était à bout. Il vint placer sa tête contre l'épaule de sa petite amie qui lui caressa tendrement les cheveux. Arthur la serra alors fort contre lui et commença à pleurer.

- J'en ai marre Ju, je crois que je vais craquer.
- Ne dis pas ça, je suis là pour toi. Tout va s'arranger.
- Tu dis ça à chaque fois mais c'est faux. Rien ne s'est jamais arrangé pour moi. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter ça, j'ai l'impression que j'ai pas le droit d'être heureux. Y a qu'avec toi que je me sens bien, mais je peux pas passer ma vie dans tes bras. C'est trop difficile Ju, je vais pas y arriver.

Elle se libéra de son étreinte et vint fixer son regard dans le sien, un léger sourire aux lèvres.

- J'ai une surprise pour toi.

Il n'eut pas le temps d'être étonné que déjà elle lui prenait la main pour le guider à travers les rues de la ville. La nuit se faisant de plus en plus noire, tous les réverbères s'allumèrent un à un. Ils arrivèrent sur une place avec en son centre une grande fontaine éclairée de l'intérieur. Sur le rebord de celle-ci, une jeune femme portant un masque de carnaval très coloré sur les yeux les attendait. Malgré son étrange accoutrement, Arthur reconnut immédiatement sa petite sœur.

- Laura ?
- Je ne suis pas Laura, répliqua-t-elle théâtralement. Je suis l'Esprit de la Fontaine.
- Qu'est-ce que c'est que cette connerie ? demanda Arthur en se tournant vers Juliette.
- Chut ! lui murmura-t-elle.
- Madame, Monsieur, enchaîna l'Esprit, soyez les bienvenus pour passer mon Epreuve. Pour se faire, vous devez vous placer dans la fontaine derrière moi.
- Quoi ? s'exclama Arthur. Jamais de la vie !
- Fais-le pour moi, lui dit sa petite amie en lui faisant des yeux doux.

Il soupira. Elle savait pertinemment qu'il ne pouvait pas résister à cette technique secrète. Alors ils retirèrent leurs chaussures et s'installèrent l'un en face de l'autre dans le bassin. L'Esprit leur donna ensuite à chacun un pistolet à eau.

- La règle est simple, expliqua cette dernière. A tour de rôle, chacun pose une question à l'autre qui doit répondre honnêtement. Si la réponse est négative, alors la personne qui a posé la question a le droit d'asperger l'autre. Si l'un de vous deux abuse de son arme, il finit la tête la première dans la fontaine. C'est clair ?

Les deux amoureux hochèrent la tête de concert, et Juliette posa la première question.

- Comment s'est passé ta journée ?
- Mal, répondit Arthur. Déjà au réveil je...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il reçut un jet d'eau en pleine figure. Il grimaça devant le sourire farceur de celle qui avait tiré. Bon gré mal gré, il se plia à l'exercice aussi.

- Et toi, comment s'est passé ta journée ?
- Fort bien ! A moi : que penses-tu du monde ?
- Qu'il est laid ! Qu'il...

Il se retrouva une nouvelle fois aspergé. Les questions s'enchaînèrent ainsi, et chaque fois Arthur se retrouvait mouillé alors que sa petite amie restait au sec. Cette dernière posa alors une ultime question.