Du sable. A perte de vue. Voilà tout ce qu'il restait du monde après l'Apocalypse. Ainsi les historiens avaient nommé l'incident nucléaire qui avait ravagé la totalité de la surface du globe à la suite de la plus grande guerre que la Terre eût jamais connue. Car oui, c'est bien l'absurdité des Hommes qui les avait mené à leur propre perte. Enfin, si seulement...
Une jeune femme marchait d'un pas rapide, seule au milieu de l'immensité désertique. Ni la faim, ni la soif, ni la fatigue ne semblaient l'affecter. Elle avançait sur les dunes comme si elles étaient faites de terre ou de roche, ne laissant aucune trace sur son passage. Dans son dos, elle portait une grande boîte en bois plus large qu'elle. Malgré son volume important, elle ne gênait absolument par sa porteuse dans ses mouvements.
Cette dernière porta sa main droite à ses yeux pour les cacher du soleil ardent. Au loin, elle aperçut sa destination : Amazonia. Voilà là un nom des plus inappropriés. En effet, Amazonia, contrairement à ce que laisserait imaginer son nom, était en fait une immense ville où la Nature était inexistante, laissant sa place à la sacro-sainte Technologie. A bien y réfléchir cependant, elle pouvait en effet être comparée à une forêt. Amazonia était composée de gratte-ciels gigantesques semblables à des troncs, et à leur sommet se trouvaient de grands panneaux qui servaient à la fois à capter l'énergie solaire, et à la fois à protéger la ville des rayons brûlants de l'astre du jour. Mais le plus terrible n'était pas visible, car sous la ville s'étendaient ses racines, tuyaux qui pompaient directement l'énergie du sol, rendant ce dernier définitivement infertile, privant la Terre de tout espoir de se réparer après l'Apocalypse. Mais quel importance, tant que les Hommes pouvaient vivre.
La jeune femme arriva enfin à l'entrée de la ville. Comme elle s'y attendait, aucun garde ne l'arrêta, après tout, qui aurait été assez fou pour traverser le désert. Elle retira ses lunettes de protection et laissa ses pupilles s'adapter à la pénombre ambiante. Même en plein jour, la ville était sombre et froide. Sans prendre le temps de se reposer, elle s'élança à travers le dédale qu'était Amazonia. Même si c'était la première fois qu'elle venait ici, elle savait exactement où elle devait se rendre.
C'est au détour d'une ruelle qu'elle tomba nez à nez avec un monstre effroyable : un loup aussi noir que la nuit et aussi imposant qu'un buffle. Il grogna, montrant au passage ses dents acérées, et ses yeux étaient injectés de sang. On aurait pu croire à une bête sauvage, s'il n'avait pas été retenu par une solide chaîne en acier. A l'autre bout se tenait un homme dépassant la jeune femme d'au moins deux têtes, et au visage si dur qu'il semblait avoir été taillé à même la pierre. Il prit la parole de sa voix grave et enrouée.
- Alors poupée, on est perdue ?
- Non.
- Pas causante, dis-moi. T'es pas du quartier toi, ça se voit. Je peux savoir ce que tu fous là ?
- Non.
- Fais gaffe, parce que tu commences à me les briser. Et je peux devenir très dangereux quand je m'énerve, et ce brave Darky aussi. Je te laisse une dernière chance. Je vais te poser une question et t'as intérêt d'y répondre. Y a quoi dans la boîte ?La jeune femme se crispa d'un seul coup. Mais avant qu'elle n'eût pu dire ou faire quoi que ce fût, une détonation sourde retentit, et le colosse en face d'elle s'écroula lourdement. Une seconde se fit entendre, et se fut au tour du loup de s'effondrer. Derrière eux, une petite silhouette apparut, le visage couvert d'un capuchon. Sans dire mot, elle fit signe à la jeune femme de la suivre. Sans hésiter, elle la suivit jusqu'à une porte dérobée à l'arrière d'un immeuble. Là, l'inconnu se révéla être un petit garçon.
- Je m'appelle Esther, et toi ?
- Merci.
- Drôle de prénom.
- Non, merci pour tout à l'heure.
- Oh, de rien, répondit le garçon. C'est la mission que je me suis donné de débarrasser la ville des pourritures comme lui. C'est pas pour toi que je l'ai fait.
- Alors pourquoi m'avoir guidée jusqu'ici ?
- Par curiosité.
- Curiosité de quoi ? l'interrogea-t-elle.
- Y a quoi dans la boîte ?A ces mots, la jeune femme recula d'un pas, et une lueur de défiance s'alluma dans son regard. Esther, comprenant qu'elle ne répondrait pas à sa question, s'excusa avant de reprendre la conversation.
- Bon, est-ce que tu peux au moins me dire ce que tu fais ici ?
- Je dois livrer cette boîte à Dame Zéranne.
- L'Administratrice ?
- Oui.
- Et tu comptes te pointer devant chez elle en mode « Bonjour, j'ai un colis pour vous » ?
- Oui.
- Tu crois vraiment que ses gardes vont gentiment te laisser passer ?
- Oui.
- Impossible ! Personne ne peut approcher l'Administratrice, et elle n'accepte rien qui vient de quelqu'un qu'elle ne connaît pas.
- Pourtant je vais le faire, je n'ai pas le choix.
- T'es folle ma parole !
- Peut-être.Alors qu'elle s'apprêtait à repartir accomplir sa mission, Esther l'arrêta.
- Attends, je connais un moyen.
- Continue.
- En passant par les souterrains d'entretien des tuyaux on peut se rendre n'importe où, même dans la Tour Principale. Et une fois à l'intérieur, il suffira d'emprunter les escaliers de secours pour remonter jusqu'au bureau de l'Administratrice.
- Faisons cela.
- Wow ! T'as vite été convaincue. Tu me demandes même pas...
- Pas le temps pour les questions, le coupa-t-elle. Sauf une : pourquoi tu m'aides ?
- Si je te suis, je pourrais savoir ce qu'il y a dans la boîte.Sur ces belles paroles, il rajusta son capuchon sur sa tête et la guida à nouveau dans les ruelles labyrinthiques d'Amazonia. Grâce à Esther qui semblait connaître la ville comme sa poche, ils arrivèrent assez vite dans les souterrains. Ces derniers étaient truffés de gardes, mais une fois encore, le garçon se révéla une aide précieuse pour choisir les chemins ne présentant aucun danger. Et c'est moins d'une heure après leur départ qu'ils pénétrèrent la Tour Principale. Là, Esther crocheta discrètement une porte de secours, et le duo monta rapidement les escaliers jusqu'au dernier étage. Essoufflé, le garçon ouvrit la dernière porte qui les séparait du bureau de l'Administratrice.
Ils entrèrent dans la pièce où se trouvait Dame Zéranne. Cette dernière voulut donner l'alerte, mais Esther la braqua avec son arme avant qu'elle n'en eût le temps. Il retira alors sa capuche et l'Administratrice éclata de rire. Sans comprendre ce qu'il se passait, la jeune femme venue livrer sa boîte se retrouva être la cible du garçon.
- Mère, déclara ce dernier. J'ai un cadeau pour vous.
- Une demoiselle avec une grosse boîte ?
- Pas une simple demoiselle, celle-ci vient d'au-delà du désert.
- Vraiment ? demanda Dame Zéranne soudain très intéressée. Voilà qui n'est pas commun. D'où viens-tu étrangère ?
- Du désert.
- Très drôle, répondit l'Administratrice d'un ton ironique. Avant le désert, où étais-tu ?
- Nulle part.
- Fous-toi de ma gueule !
- J'ai oublié de vous prévenir Mère qu'elle était un peu farouche. Tout ce que je sais d'elle c'est qu'elle prétend devoir vous livrer cette boîte.
- Y a quoi dans la boîte ?L'étrangère sourit à cette question. Elle posa son fardeau à même le sol et entreprit d'ouvrir la boîte en bois...
La jeune femme marchait d'un pas rapide, seule au milieu de l'immensité désertique. Dans son dos, elle portait toujours une grande boîte en bois plus large qu'elle. Elle s'arrêta un instant et sortit un parchemin de sa poche. Plusieurs noms y étaient inscrits, certains barrés. Elle prit un feutre noir et raya celui d'Amazonia. Elle rangea le tout dans sa veste et reprit sa route vers sa prochaine destination...
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Proză scurtăNouvelles sans lien ni ordre écrites pour divers ateliers et concours d'écriture