Wesh wesh ma petite Maman,
Je suis bien arrivé au camp de Bourmelon, c'est beaucoup trop cool. J'ai été affecté dans l'unité de la Sergente Bissonnette, dans le genre meuf badass on peut pas faire mieux. Lunettes de soleil, crâne rasé, taillée comme une armoire à glace, et des putains de chaussures à grosses semelles pour botter des culs. D'ailleurs Théo s'en est déjà pris une dans le derche l'autre jour, je peux te dire qu'il faisait pas le fier après, il pouvait plus s'asseoir le con.
Ça me fait penser que je t'ai pas présenté mes potes de l'unité. Donc d'abord y a Théo, il a l'air vaillant mais il est tout le temps dans la lune, du coup il se fait souvent rappeler à l'ordre par la Sergente. Ensuite y a Jane, elle par contre elle est au taquet, toujours là pour aider tout le monde, pis elle nous défonce tous à la course, c'est impressionnant. Enfin y a les jumeaux Galopin, Line et Seb, toujours à faire des conneries ces deux-là. Je sais pas ce qui va lâcher en premier : le mental de la Sergente ou leurs mains à force d'être de corvée de plonge. On forme une belle brochette tous les six avec la Sergente, la meilleure unité de toute l'armée pour sûr !
Demain va avoir lieu notre première bataille contre le camp adverse. J'ai trop hâte de les fumer ces bâtards. Crois-moi, ils vont faire une sale gueule quand ils vont voir le carnage qu'on va faire dans leurs rangs.
Sinon j'espère que tu vas bien et que tu t'ennuies pas trop toute seule sans moi.
Biz biz !
Ton fils préféré,
Manu
Mon bichon,
Comment ça « Wesh wesh » ? C'est pas comme ça que je t'ai élevé Emmanuel Popelin, non mais je rêve.
Je suis contente que tu sois arrivé sain et sauf au camp. Surtout que j'te connais, t'aurais pu crever avant même que la bataille ne commence. C'est bien que tu ne sois pas seul, au moins y aura toujours des gens pour surveiller tes miches, même s'ils ne vont pas t'aider à faire moins de conneries, vu qu'ils ont l'air autant perchés que toi. Sauf Jane peut-être, tu devrais suivre son exemple et être aussi brave qu'elle mon p'tit ! Et épouse-la tant que t'y es, ça me fera une chouette belle-fille !
Fais attention à toi mon fils, je sais que j'te taquine mais tu dois rester en un seul morceau, pour pas préoccuper ta vieille mère. Je compte sur toi pour tous les massacrer !
Et t'inquiète pas, je vis ma meilleure vie depuis que t'es parti, j'aurais pas pu rêver mieux !
« Biz biz » oui c'est ça.
Ta mère chérie,
Maman
Salut Maman,
Ça fait une semaine depuis ma dernière lettre, et il s'en est passé des choses. D'abord y a eu cette bataille dont je te parlais. On l'a perdue. Lamentablement. Et Seb est mort, il a pris une balle dans le bide en voulant protéger Théo. Malheureusement les infirmiers ont rien pu faire pour le sauver. Le pire dans tout ça, c'est qu'on a même pas pu lui offrir des obsèques correctes, il a été enterré dans la fosse commune comme tous les autres. Beaucoup trop d'autres.
J'en ai parlé à la Sergente mais elle m'a rembarré en disant « C'est ça la guerre, gamin ! » Ben la guerre c'est nul si c'est pour voir des gens qu'on aime mourir. Franchement, elle est ptêt badass mais c'est un vrai chameau sans cœur cette meuf. Surtout qu'au final, je sais même pas pourquoi on se bat. Nos adversaires nous ressemblent en tout point : même armes, même équipement, mêmes supérieurs débiles qui les envoient au casse-pipe. La seule différence c'est qu'eux ils sont de l'autre côté de ce putain de champ de bataille.
Je sais pas quoi faire Maman. Je veux plus me battre, je veux plus tuer des gens, et je veux plus voir mourir mes potes. Mais j'ai pas le choix, je dois me battre, même si je vais crever comme tous les autres. Je veux pas mourir Maman, mais si je déserte je serai un lâche, un moins-que-rien, un raté. Qu'est-ce que je dois faire ?
Ton fils,
Manu
Mon fils,
Je suis fière de toi. Malgré les épreuves difficiles qui se dressent devant toi, tu tiens bon. Et ça, c'est digne d'un soldat.
Si y a bien un truc que je sais, c'est que t'es un battant, alors ne laisse pas ces imbéciles sans cœur te foutre le doute. Tout le monde peut mourir, mais je sais que toi tu auras le courage de vivre, car tu es mon fils, et que je crois en toi dur comme fer. J'ai pas fait naître un lâche, ni un moins-que-rien, ni un raté. J'ai fait sortir de mon bide un guerrier, un homme.
N'oublie jamais ça fiston, ton humanité est ce que tu as de plus cher, ne la perds jamais. Je sais au fond de moi que tu sauras prendre la bonne décision.
Maman
Maman,
Avec Théo on a choisi de fuir. On a déposé les armes et on est partis. On pensait pouvoir semer l'armée mais ils nous ont rattrapés. Demain je vais passer devant le tribunal de guerre afin d'être jugé pour ma faute. Je n'ai pas peur. Je n'ai plus peur. J'ai pris la décision qui me semblait juste et je vais l'assumer, comme ça tu pourras être fier de ton fils qui aura eu « le courage de vivre » comme tu dis.
Je t'aime Maman.
Emmanuel
Emmanuel,
Je ne sais pas si cette lettre te parviendra, mais je veux que tu saches que tu es un fils merveilleux. Je suis fière d'avoir élevé un homme honnête et courageux, et je pense que tu as pris la bonne décision si elle te semblait juste. Aucun de tes choix ne constitue une honte pour la famille, sois en sûr. Le plus important, c'est que tu aies continué de vivre malgré toutes les situations plus ou moins difficiles qui se sont dressées devant toi. C'est pas le chemin le plus simple, oui, mais c'est ton chemin, et j'espère que tu as conscience de la chance que tu as d'avoir pu l'emprunter. Je suis plus que comblée de t'avoir comme fils, sache-le.
J'espère qu'on se reverra.
Ta maman qui t'aime pour toujours.
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Short StoryNouvelles sans lien ni ordre écrites pour divers ateliers et concours d'écriture