Alcide s'active depuis plusieurs heures pour monter le grand chapiteau. Aujourd'hui sa soeur Sucrette épouse le bel Amar, le fils du chef du village, alors il veut que tout soit parfait. Toute la structure est prête, il ne manque plus qu'à fixer les différents piliers et ce sera enfin terminé : le plus grand chapiteau qu'on ait jamais vu pour une telle cérémonie.
Avec l'aide de deux de ses amis, il place les colonnes extérieures et vient les attacher au sol et à leur sommet. Mais quand arrive le moment de s'occuper du pilier central, ce dernier craque et se casse en deux. Impossible de l'utiliser dans un tel état.
Maëlle est trop contente, elle passe de merveilleuses vacances chez sa Maminette et son Papinou. Elle aime trop passer du temps dans leur grande maison à la campagne, parce qu'elle peut voir les animaux de la ferme d'à côté, et son papi fait les meilleurs tartes aux mirabelles de toute la Terre. Et cet après-midi, elle va justement dans le verger avec sa mamie pour cueillir tout plein de mirabelles.
Pour se faire, elles prennent de grands paniers en osier et Maminette porte la vieille échelle en bois d'une seule main. Dans le verger, se trouve une dizaine de mirabelliers réparties en deux colonnes. Maëlle les regarde attentivement avant de choisir celui sur lequel il y a le plus de fruits. Alors sa mamie s'approche et pose l'échelle de façon à être sûre qu'elle ne glisse pas.
C'est la panique sous le chapiteau encore en construction. Alcide réfléchit à toute vitesse, mais aucune idée ne lui vient. S'il doit retourner au village pour ramener un autre pilier, il ne reviendra pas à temps pour finir l'ensemble des préparatifs avant le mariage ; et sans cette colonne centrale, le plafond du chapiteau ne tiendra pas. Pire encore, toute la structure risque de s'écrouler, c'est une catastrophe.
Alors qu'il cherche une solution, la terre se met à trembler, de plus en plus fort. Il ne manquait plus que ça, des Lourdauds.
Tout est prêt pour la cueillette des mirabelles, il ne reste plus qu'à savoir qui montera à l'échelle et qui restera en bas avec les paniers. Pour se faire, elles décident de le jouer à pierre-feuille-ciseaux. Après un rapide décompte, Maëlle fait ciseaux, et Maminette feuille : c'est donc Maëlle qui montera à l'échelle. Cette dernière saute de joie d'avoir gagné. Sa grand-mère sourit, elle sait pertinemment que sa petite-fille commence toujours par les ciseaux.
La fillette se place donc devant l'échelle et regarde vers son sommet. C'est un peu haut, mais elle n'a pas peur, après tout, elle est une grande maintenant. Elle place une main de chaque côté de l'échelle et pose son pied gauche sur le premier barreau. Mais au moment de soulever le pied droit pour avancer, le premier barreau cède et Maëlle se retrouve par terre.
Une secousse plus forte que les autres se fait sentir, une des Lourdauds vient de s'écraser au sol de tout son poids. La structure du chapiteau vacille, mais Alcide et ses amis le maintiennent en place.
Soudain, Alcide remarque à côté de la géante un énorme morceau de bois qui ferait parfaitement l'affaire pour remplacer le pilier central. Il n'a pas le temps d'hésiter, déjà il se précipite dessus pour le récupérer. Il sait qu'il ne doit pas se faire repérer par les Lourdauds, mais s'il va assez vite ça devrait le faire. Alors il agrippe le bout de bois et le tire de toutes ses forces. C'est lourd, mais il arrive quand même à le déplacer. Et les deux Lourdauds ne semblent pas lui prêter attention. Mais au dernier moment, la plus jeune, celle qui est tombée, tourne la tête vers lui.
Plus de peur que de mal, Maëlle s'est seulement égratignée la main en chutant. Un bisou magique de Maminette est c'est déjà de l'histoire ancienne. Au moment de se relever, la fillette tourne la tête vers un tas de feuilles, elle aurait juré avoir vu quelque chose bouger.
Mais pas le temps de s'en préoccuper, il faut encore cueillir les mirabelles. Alors elle refait une tentative pour monter à l'échelle, testant bien chaque barreau avant de s'appuyer dessus. Fort heureusement, à part le premier, tous tiennent solidement. La cueillette peut repartir de plus belle.
Le pilier central est enfin remplacé par le gros morceau de bois qui a étonnamment la taille parfaite. Alcide place ses mains sur ses hanches et jette un regard satisfait tout autour de lui : le chapiteau tiendra bon, il en est certain maintenant.
Ceci étant fait, tout le monde s'active pour installer les tables, les décorations et l'autel pour la cérémonie. Ils mettent tellement de cœur à l'ouvrage que tous les préparatifs sont terminés en un rien de temps. La fête va pouvoir commencer.
Après plusieurs dizaines de minutes, les deux paniers sont enfin pleins, la récolte a été bonne. Il est donc l'heure de rentrer, Papinou doit les attendre dans la cuisine. Alors Maminette prend le panier le plus chargé dans une main et l'échelle dans l'autre. Maëlle prend donc le panier le plus léger.
Mais avant de partir, elle observe une dernière fois le tas de feuilles près duquel elle est tombée plus tôt.
- Dis Maminette, tu crois que ça existe des gens tout petits comme des mirabelles ?
- Oh toi, tu as vu des Plumeux.
- Des Plumeux ?
- Oui, ce sont de petits êtres qui vivent au pied des arbres comme ceux de notre verger.
- Alors ils existent vraiment ?
- Bien sûr qu'ils existent vraiment ! Serais-tu en train de me traiter de menteuse ?
- Oh non Maminette, toi tu mens jamais. Pas comme Papinou quand il a dit que c'était un fantôme qui avait mangé le dernier carré de chocolat au lait.Les deux filles éclatent de rire. Désormais convaincue de ce qu'elle a vu plus tôt, Maëlle prend une poignée de mirabelles et la dépose près du tas de feuilles. Elle repart ensuite, sourire aux lèvres en pensant à la délicieuse tarte qui l'attend.
Les mariés arrivent enfin à dos d'escargots. Qu'ils sont beaux dans leurs costumes en feuille d'érable tressés spécialement pour l'occasion. La fête se passe merveilleusement bien, aucun problème, aucun accroc. En plus, grâce aux mirabelles laissées par la petite Lourdaude, les cuisiniers ont pu préparer de nombreux cocktails et douceurs sucrées pour le plaisir des papilles des invités.
Alcide regarde sa sœur et son désormais beau-frère qui rayonnent de bonheur. Un large sourire se dessine sur son visage : il a réussi. Il repense alors à la petite Lourdaude et une idée lui traverse l'esprit.
Le Soleil commence à se cacher à l'horizon, il est donc l'heure pour Maëlle d'aller se coucher. Le repas de ce soir a été délicieux, en particulier la tarte aux mirabelles de Papinou, avec la meringue dessus. C'est donc le ventre plein qu'elle se glisse dans son lit et s'endort aussitôt, rêvant de joyeux Plumeux.
Le lendemain matin, en ouvrant sa fenêtre, Maëlle remarque une petite feuille d'érable posée sur le rebord, gravée de ce seul mot : « Merci ».
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Historia CortaNouvelles sans lien ni ordre écrites pour divers ateliers et concours d'écriture