Deux valent mieux qu'un

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Un jeune garçon courait à toute allure dans la ville endormie. Les larmes dans ses yeux embuaient sa vision, mais il ne s'arrêtait pas pour autant, il ne devait pas s'arrêter. Ses jambes étaient lourdes et douloureuses, et pourtant il avançait, encore, et encore. Où se rendait-il ainsi pressé ? Lui-même l'ignorait, mais peu importe. La question n'était pas tant l'endroit où il allait que celui qu'il fuyait coûte que coûte. Jamais il ne retournerait là-bas. Jamais !

Dans sa précipitation, il trébucha contre un trottoir et s'étala de tout son long, s'égratignant au passage le visage et les mains. Il serra les dents pour faire taire la douleur et se retourna sur le dos. Ses yeux se posèrent sur la Lune qui lui souriait.

- Ça te fait rire ? cracha-t-il.

Alors qu'il se relevait tant bien que mal, il entendit des pleurs provenant de la ruelle juste à côté. Cette dernière était particulièrement sombre car la lumière des réverbères ne l'atteignait pas. Le jeune garçon, malgré son cœur qui battait de plus en plus fort dans sa poitrine, s'engagea lentement dans le passage. Dans la pénombre, il réussit à percevoir une fillette recroquevillée sur elle-même, bras autour des genoux, tout son corps agité de soubresauts.

- Euh... salut, dit-il doucement.

La jeune fille sursauta et releva la tête. Leurs regards se croisèrent, et la peur s'immisça dans celui de la fillette. Dans la panique, elle se releva précipitamment et voulut s'enfuir. Mais le garçon l'attrapa par le bras avant qu'elle n'eût le temps de faire un seul pas.

- Attends ! Je ne te veux pas de mal.

Sans qu'il ne pût réagir, elle se transforma en renarde sous ses yeux et s'en alla à toute vitesse. Le garçon, incapable de la rattraper, resta sans voix.

Le brouhaha qui s'élevait de plus en plus fort dans la rue principale le tira de sa rêverie. Il ne devait pas s'éterniser dans les parages. Alors il se ressaisit et repris sa course pour échapper à ses poursuivants...


Les jours passèrent, et le jeune garçon continuait de fuir inlassablement, volant le jour de quoi se sustenter, se réfugiant la nuit dans des bâtiments abandonnés. Ceux qui le recherchaient n'étaient plus à ses trousses, mais son visage avait fait la une de tous les journaux, alors il devait s'éloigner au plus vite de cette ville. Pour se faire, il avait commencé des préparatifs : de la nourriture, un manteau bien chaud, une lampe frontale et une carte de la région.

Le matin du grand départ était enfin là. Les premières lueurs de l'aube pointaient à peine à l'horizon lorsque le garçon quitta sa dernière planque. Le ciel était clair, le temps agréable. Une bien belle journée pour partir. Il se faufila à travers les rues de la ville encore somnolente telle une ombre, attrapant au passage un petit pain dans l'arrière-boutique d'un boulanger. Il était encore tout chaud, un petit-déjeuner de roi.

Il arriva finalement à la limite de la ville en quelques minutes à peine. Il fut surpris de voir qu'un cirque s'était installé là. Le jeune garçon pesta, il détestait les cirques. Non pas qu'il eût peur des clowns comme beaucoup de son âge, mais l'exploitation animale le rebutait au plus haut point. Une idée lui traversa alors l'esprit. À pas feutrés, il s'approcha des cages et les ouvrit une à une, libérant ainsi lions, éléphants et chevaux, et plein d'autres encore. Chaque serrure crochetée le réjouissait un peu plus, et son sourire satisfait se transforma bientôt en un rire jubilatoire.

Cependant, il s'arrêta net lorsqu'il arriva devant la dernière cage. Dedans ne se trouvait pas un animal, mais la fillette rencontrée quelques jours plus tôt, encore endormie. Il hésita un instant avant de l'interpeller :

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