Chapitre 39

640 52 3
                                    

Maman vient de quitter ma chambre, je n'ai plus envie de pleurer et je suis presque rassurée sur ma vie. Je sais que je dois parler à Julien, savoir le vrai du faux, essayer de faire comprendre à papa que je garde ce bébé, peu importe le chantage qu'il va me faire.

Je me lève de mon lit et je vais dans la cuisine me préparer à manger. Je ne me suis rien cuisinée depuis une semaine, mon ventre gargouille à voir autant de nourriture. Quand mon assiette de pâtes à la bolognaise est prête, je vais dans ma chambre manger tranquillement.

La porte de ma chambre s'ouvre, c'est Ava. Elle est surprise de me voir avec une assiette sur les genoux, mais elle est aussi heureuse que je mange. Elle vient s'asseoir à côté de moi, quand maman arrive elle aussi dans ma chambre. Les deux se lancent un regard noir, c'est une compétition. Je m'interpose entre ces deux femmes, ma mère rentre à son hôtel.

La soirée passe tranquillement, je n'ai pas revu Ava. Je me lève pour aller poser mon assiette, je la trouve devant la télévision, recroquevillée sur elle-même et je l'entends sangloter. Je vais poser mon assiette dans le lave-vaisselle et je la rejoins sur le canapé. C'est bizarre de la voir triste, elle qui est toujours pleine de vie et souriante. Je m'installe à côté d'elle, Ava relève la tête. Je ne peux pas m'empêcher de la prendre dans mes bras, elle me rend triste.

-Ava, ne pleure pas.

-C'est toi qui me réconforte maintenant, c'est vraiment bizarre, dit-elle en riant un peu.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

-Ton père m'a jeté de sa chambre, personne ne peut l'approcher, même pas les infirmières, ni le médecin. Il veut être seul.

-C'est de ma faute si il est comme ça, j'aurais du avo ...

-Je t'interdit de dire ça devant moi. Élodie, tu tiens vraiment à stopper la vie de ton bébé, l'être que tu aimeras le plus sur terre ?

-Ava, je ne peux pas porter cette lourde charge et de plus seule !

-Bah va parler à Julien ! Merde Élodie, il t'aime comme un fou, je vois tout les jours qu'il ne va pas bien depuis votre rupture. Tu es sa raison de vivre et crois-moi, tu vas t'en rendre compte assez vite que la place qu'il a pris dans ton cœur est tellement importante. Je n'ai jamais vue un couple aussi amoureux de toute ma vie et pourtant j'en ai vu passer.

-Peut-être, mais Ava, moi et Julien c'est fini !

Je l'entends inspirer fort et elle me prends les poignets. Elle est énervée et triste, je ne l'ai jamais vue comme ça.

-Élodie, ouvre tes putains de yeux merde ! Jamais Julien ne ce serais permis de sortir avec une de ses élèves comme ça, sans sentiments ! Tu peux prendre ton temps, mais putain, parle-lui et avant la fin de l'année !

-Je ne sais pas ...

-Qu'est-ce que tu ne sais pas ? Si il t'aime ? Il t'aime. Va-t-il accepte ton enfant ? Si tu lui en parle, il l'acceptera. Tu veux savoir quoi d'autre ? Si il est aussi déprimé que toi ? Tout le monde sais que tout les deux, vous avez rompu. Et oui, la dépression ce voit, et comme de par hasard, vous deux vous êtes déprimés.

-C'est vrai ? Tout le monde le sait ?

-Et personne ne vous juge. Élodie, je t'en supplie, parle-lui. Pas seulement pour votre couple, mais pour votre famille.

-Ma famille ...

Je murmure ce mot et il est en boucle dans ma tête. Je me redresse et regarde Ava, surprise. Ma famille, celle que je vais bâtir avec ce bébé ... Et je pense aussi à celle que j'ai déjà. Je sais que maman va rester maintenant, du moins qu'elle va nous appeler une fois par semaine. Papa va forcément accepter ma grossesse, je suis sa fille, je sais qu'il m'aime. Ava, c'est une médiatrice entre papa et moi. Julien aussi fait maintenant partie de ma famille ; j'attends son enfant.

Il faut que je règle tous mes problèmes, je ne voudrais pas mettre ça sur mon enfant. Maintenant, c'est décidé ; je m'en fous des conséquences de ma relation avec Julien, je vais tout faire pour que ma famille soit de nouveau unie et trouver le connard qui m'a trahi et trahi mon couple.

Une semaine plus tard, Élodie.

Une semaine vient de passer, papa va bientôt rentrer. Ava est beaucoup allée le voir à l'hôpital, il lui parle, mais ne veut pas de mes nouvelles. J'ai donc décidé d'habiter un peu chez Justine, comme ça papa pourra bien faire sa convalescence. Je reviendrais dans quelques jours, pour tout remettre dans l'ordre, pour que ma famille reprenne du sens.

Je finis tranquillement ma valise, j'espère que je reviendrais vite ici. Une fois fermée, je la pose au sol et je prends le temps de regarder les photos sur ma bibliothèque. Je prends celle de mes seize ans, j'étais avec papa, Justine, ses parents et son frère. Un anniversaire mémorable. Je la prends avec moi et je m'installe à mon bureau. Je prends une feuille, un stylo, et j'écris un petit mot pour papa.

''Papa,

Je sais que tu me détestes depuis que tu as su que j'étais enceinte. Sache que je compte garder ce bébé, comme maman m'a gardé, comme elle a gardé Samuel (appel-là pour comprendre, je te laisse son numéro). Je ne veux pas défier ton autorité, mais j'ai besoin de vivre ma vie de jeune femme amoureuse et prête à fonder sa propre famille.

Je t'aime de tout mon cœur, malgré les différents qu'il y a en ce moment chez nous. Jamais nous nous sommes disputés et ça me blesse de savoir que, parce que j'attends un enfant et que j'ai été en couple avec mon professeur, on ne se parle plus.

J'espère bientôt te revoir, sentir de nouveau tes bras protecteur autour de moi, voir ton sourire qui me remets toujours de bonne humeur, tes bisous qui me soigne un bobo ou une blessure psychologique.

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerais toujours mon petit papa d'amour.

Élodie, ta petite fille chérie, ta Didi.''

Je signe la lettre, la mets dans une petite enveloppe puis je sors de ma chambre après avoir tout regardée une dernière fois. En passant devant le bar, je pose la photo et la lettre, j'espère que papa réagira bien en la voyant. Quand je ferme la porte de l'appartement, une larme coule sur ma joue, j'espère vraiment revenir au plus vite.

Amoureuse de mon professeur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant