Chapitre 37

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Julien.

Depuis qu'Élodie est partie sans prendre la peine de m'écouter, je ne fais presque plus rien à la maison, même plus la cuisine. Quand elle m'a appelé en panique pour me dire que son père arrivais chez moi, j'avoue que j'ai paniqué. Je ne l'avais jamais vu énervé, et autant dire que lorsqu'il s'énerve, il me fait plus peur que mon propre père. Mais quand il a eu son malaise, j'ai eu peur pour lui.

Les secours arrivent rapidement, Élodie disparaît dans ma chambre, cherchant certainement des mouchoirs. J'en ai presque plus, je les aient beaucoup utilisés quand elle est parti.

Non, pas pour mon plaisir personnel et intime, plus parce que je pleurais vraiment beaucoup. L'avoir perdu m'a foutu un sacré coup au cœur, elle ne s'en rend pas compte. Je la rejoins, elle est sur mon lit, en larmes, avec un de mes tee-shirt dans les mains. Je m'avance vers elle et je m'assois à côté d'elle. Elle me regarde puis elle retourne dans le salon, avec le tee-shirt. Je souffle un bon coup puis je retourne dans le salon. Les secouristes partent avec Élodie, je suis de nouveau seul dans mon appartement.

Je m'écroule dans mon canapé, la tête dans l'oreiller et je cri. Je cri toute la haine que j'ai pour un putain de problème qui m'empêche d'être avec celle que j'aime, je cri contre Élodie qui m'a quitté pour nous protéger. Je n'ai jamais autant souffert d'une rupture et pourtant j'en ai vécu entre le lycée et maintenant. Je n'ai jamais été aussi heureux avec une femme, que ce soit juste en regardant des films ou au lit. J'espère vraiment que cette histoire pourra s'arranger entre nous deux, je n'ai vraiment pas envie de la perdre pour rien.

La soirée passe doucement, je suis toujours dans mon canapé, avec mon portable. Je regarde toujours la même chose : une photo d'Élodie quand nous étions à Nice. Dire qu'il y a deux semaines on ne se doutais absolument pas de ce qui allais nous arriver ...

La vie est une reine pour nous mettre des bâtons dans les roues et parfois provoquer un accident où personne n'en ressort indemnes.

Élodie.

Nous venons d'arriver à l'hôpital, les secouristes ont fait repartir le cœur de papa. Je les suis jusqu'à la porte, la fameuse, où nous devons laisser la personne que nous aimons le plus. Je me dirige vers la salle d'attente en envoyant un message à Ava malgré le fait que la déteste pour ce qu'elle a fait. Je m'installe sur un siège et j'attends.

Ava arrive dix minutes après mon message, elle est en panique. Quand elle me voit, elle vient s'asseoir près de moi pour avoir des nouvelles.

-Qu'est-ce qu'il c'est passé Élodie ?!

-Qu'est-ce qu'il c'est passé ? Tu te poses vraiment la question ?! Je ne comptais pas dire à mon père que j'étais enceinte, je comptais avorter ! Il est parti comme une furie chez Julien, il a eu une putain de crise cardiaque.

-Mon dieu, je suis désolée Élodie, je l'ai avoué sur le coup, je n'aurais pas dû ...

-Je confirme, tu n'aurais pas dû le dire à papa. Ça fait des années que je lui dis tout quand je suis prête, peu importe le soucis. Il préfère toujours quand ça sort de ma bouche.

-Je ... je n'aurais pas dû. Mais Élodie, comprends-moi aussi ; tu m'annonces comme ça que tu es enceinte, tu veux que je réagisse comment ? Je te rappelle que je suis stérile à la suite d'un coup violent et ...

-Un coup violent ?

Ma haine pour elle redescends, elle me surprends.

-Tu ne m'as jamais dit ça.

Je la regarde, ses yeux sont rouges à cause des larmes, son mascara a coulé sur ses joues. Elle aime vraiment papa et elle est inquiète pour lui, ça ce voit.

-Il y a quelques années, quand j'avais une vingt ans, je suis tombée amoureuse d'un type que je croisais tous les jours dans la rue sur le chemin de l'université. Un an après notre première rencontre, je suis tombée enceinte, sans le vouloir, tu sais que les contraceptifs, ce n'était pas ça à l'époque. Quand j'ai annoncé la nouvelle à mon copain, il était fou de colère. Nous avons notre seule dispute ce soir là, à propos du bébé que je portais. Ce malade a pris un couteau dans la cuisine et me l'avais planté dans le bassin, juste pour tuer mon enfant.

Je la vois retenir un sanglot, je n'arrive pas à y croire. Comment peut-on faire de mal, tuer, juste pour un bébé ?

-Il a touché à l'utérus, tué le bébé et m'a laissé pour morte dans l'appartement. J'ai eu de la chance d'avoir un voisin qui a tout entendu et qui était avec ses amis, ils ont appelés les urgences et les flics. À l'hôpital, on m'a bien fait comprendre que je n'aurais jamais d'enfant.

Elle essuie les quelques larmes qui ont coulés sur ses joues puis me regarde en souriant légèrement.

-Élodie, choisis ce que tu veux pour ton enfant à toi, mais dis-toi que ce sera peut-être la seule chance d'en avoir un.

-Ava, papa va me tuer si je le garde et ce bébé n'aura pas de père.

-Chaque chose en son temps ; ton père, c'est le plus important.

-Je ne sais même pas s'il va s'en sortir.

-Il est fort ton père, ne t'en fait pas.

-Là, je ne sais pas. Papa n'a jamais eu un seul soucis de santé, mais j'ai vraiment peur pour lui.

-Ne t'inquiète pas, dit-elle en me prenant dans ses bras.

Je m'assoupis un peu, je regarde mon portable. Je finis par m'endormir, fatiguée de cette journée.

* * *

Je me réveille difficilement sur un siège de l'hôpital, je suis toute seule. Ava a du rentrer, je cherche le service cardiologie, que je trouve rapidement. Un médecin est tout seul, je me dirige vers lui.

-Bonjour monsieur. Je recherche mon père Michel Dumont, admis hier dans la soirée.

-Bonjour, vous êtes ?

-Sa fille, Élodie. Je veux savoir comment va mon père.

-Pour le moment, il est inconscient et très stable. L'incident d'hier était quand même un avertissement pour qu'il commence à se ménager un peu. Il a du subir un trop plein d'émotions en très peu de temps.

-C'est de ma faute, je murmure en baissant les yeux.

-Mais non, il commençait à être fragile, ce n'est de la faute à personne.

-Est-ce que je peux le voir ?

-Oui, bien sûr, suivez-moi.

Le médecin commence à partir, je le suis de près. La chambre de mon père n'était pas loin, nous y arrivons en une minute. J'entre dans la pièce, le médecin me laisse seul avec lui. Je prends la chaise, la rapproche du lit et je prends la main de papa entre les miennes.

-Papa, désolée de t'avoir déçu, de t'avoir provoqué un arrêt cardiaque, je ne voulais pas. Je ne voulais pas que tu le sache que j'étais enceinte, du moins pas aussi tôt et pas part quelqu'un d'autre, dis-je en pleurant. Je fais que t'attirer des ennuies depuis quelques temps, je suis sincèrement désolée. Réveille-toi papa, je t'en supplie.

Les larmes et la boule que j'ai dans la gorge font que j'ai du mal à parler, je me tais. Je joue un peu avec le bracelet de papa, il l'a toujours eu celui-là. C'est sa mère qui lui avait offert quand je suis née, nos deux initiales y sont gravés, avec ma date de naissance. Ma grand-mère avait tout de suite remarqué qu'entre mon père et moi, il y avait un amour fou, c'est pour ça qu'elle en a fait un pour lui et un autre pour moi, que je garde précieusement au poignet. En plus de 17 ans, jamais il n'a cassé, rouillé ou été retiré de mon poignet, même pas quand j'ai du me faire opérer de ma tumeur. C'est le seul bijou que je refuse qu'on m'enlève.

Mes yeux se dirige sur son visage, il a l'air en paix endormi. Ses cheveux sont plus long que d'habitude, quelques uns vont dans ses yeux. Sa barbe de trois jours est mal taillé, il aurait du la faire hier soir, avant d'aller ce coucher. Je ne peux pas voir ses yeux verts, ce que je préfère chez papa.

Amoureuse de mon professeur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant