chapitre 12: la famille

2.6K 615 92
                                    

Amy

- Tu es libre, ralenti un peu. Reprends ton souffle.

Je suis les conseils de mon oncle et prends le temps de regarder autour de moi. Le décor est le même que d'où je viens, riens que des arbres desséchés et de vieux roches

- Ça fait quoi de ne plus être dans cet endroit.

- A  vrai dire, je ne sais même pas. Je dirais que je me sens libre.

Je prends un grand bol d'air. C'est le même air sec, je sais, mais il paraît différent. Il a une odeur de liberté. Les esclaves ont sûrement eu ce même sentiment.

- Il ne sera pas facile de trouver un moyen de locomotion pour sortir d'ici et rejoindre la ville.

- Je crains que je ne doive marcher alors. Mais je ne sais pas dans quelle direction aller.

- Et si on attendait qu'il fasse jour. Le soleil pourra nous guider. Me conseille mon oncle.

- Tu as raison.

- Concernant Modou, il ne pourra pas quitter cet endroit sans l'anneau.

- Qu'il y crève je m'en fous. J'espère juste que personne ne va l'y faire sortir, on ne sait jamais.

- Ça ne te fais rien de savoir qu'il va peut-être y mourir? 

- Mon souhait n'est-il pas assez explicite? Qu'il meurt, que son corps pourrisse et se décompose, qu'aucun asticot ne veuille le manger, que son âme erre jusqu'à la fin des temps et qu'il brûle en enfer je m'en réjouis rien que d'y penser.

L'âme de mon oncle me regarde comme si j'avais un troisième œil. Je ne le calcule même pas et me couche sur le sable pour dormir faisant fi d'être au beau milieu de nul part.

Purée, qui a allumé la lampe alors que je dors. Ce doit sûrement être ma sorcière de grand-mère, elle est certainement là pour aboyer des ordres dans le but de me pourrir la vie.

Ne supportant pas ces tâches lumineux, j'ouvre difficilement les yeux qui se posent dans un vide, des arbres, de la sécheresse.

Je cligne des yeux et comme une tornade  tout me revient, grand-mère qui me drogue, mon réveil dans cet endroit mystérieux, mon viol, les coups du vieux Modou, la perte de grand-mère Absa et son mari, ma fausse couche, mon oncle décédé qui m'aide à quitter cet enfer.

Alhamdoulillah, je rends grâce à Allah.

- Bon retour parmis nous blanche neige.

- Alors ce n'était pas un rêve, je suis vraiment libre.

- Il ne reste plus qu'à retrouver les tiens, je parie que Oulèye sera aux anges de te revoir. Elle n'a jamais arrêté de te chercher, même quand tout le monde disait que tu étais sûrement  morte quelque part, elle disait haut et fort qu'elle sait au plus profond de son cœur que tu es toujours en vie.

À ces mots, je n'ai pas pu m'empêcher de verser des larmes. Depuis quand suis-je devenue une madeleine?

Nous avons marché pendant une éternité, je ne sens plus mes jambes mais je ne vais pas pour autant m'arrêter, non il faut que je quitte définitivement cet endroit.

Le soleil comme une boule de feu juste au dessus de nos tête, je cuisais à grand feu.

L'air est sec, la chaleur étouffante. Le sable chaud brûle mes pieds nus.

Alors que je sue comme un bœuf, mon veinard d'oncle ne semble même pas ressentir la même chose que moi.

Enfin j'aperçois une maison au loin, Alhamdoulillah.

TalionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant