Talion

Chapitre 47

Amy

Mort !

Je regarde la porte scellée en face de moi. Comment est-ce possible ! Il était amoché, fatigué et avait perdu du sang mais pas au point d'en mourir.

Le plus bizarre, en fait ce n'est même pas bizarre, c'est flagrant comme nez sur visage que Maya et tata Maïmouna ne sont pas surprises par ce fait.

- Quelque chose à me dire, les filles.

- Comme ! Me demande Maya confirmant mes soupçons. Elles le savaient et y avaient certainement joué un rôle. Tata quant à elle, reste silencieuse, elle évite mon regard comme quelqu'un qui a quelque chose à se reprocher.

- Merde qu'avez-vous fait ? Nous étions d'accord sur une chose, une seule, ne pas prendre de vie, nous ne sommes pas des anges de la mort.

- Quoi, nous sommes peut-être des anges vengeurs. Kham nga lane leu Aminata boulgnou fontoo sa morom nékou fi (merde Aminata, nous ne sommes bien plus âgées que toi alors parle-nous autrement). C'est quoi ton problème ? Ni Maï, ni moi ne l'avons poussé, il a sauté de lui-même. Au moins dans sa fichue vie il aura fait une bonne action en débarrassant la terre du déchet qu'il est. Tu parles comme si tu n'avais rien à te reprocher. N'est-ce pas toi qui fait vivre un enfer à ta famille. Maïmouna au moins a une raison de se venger, cet homme est responsable de sa mort mais toi, tu es bien vivante, même s'ils t'ont maltraité, ils n'ont jamais tenté de t'ôter la vie. Tu nous casses les couilles avec ta soudaine prise de conscience.

Elle a disparu après m'avoir crié dessus et je ne l'ai plus revue le reste de notre voyage.

Je suis allée rendre visite à Kiné, me faisant passer pour sa cousine, les infirmières étaient contentes de constater qu'elle n'était pas seule.

- Qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas. Je ne vous ai jamais vu.

- Je suis une amie de votre cousin.

- Quel cousin ? Je n'ai pas de famille. Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? Infirmière, infirmière. Elle s'acharne sur le bouton d'appel

- Calmez-vous madame. Je suis vraiment une amie de votre famille, Ahmadou Bamba Mbaye, au Sénégal.

Elle se fige sur le champ, un voile de tristesse couvre son visage.

- Madame. Que se passe-t-il ? Vous avez sonné.

- Non, rien. Je suis désolée, c'était une erreur. Désolée

- Pas de soucis, nous sommes là pour vous en cas de besoin. Elle sourit et repart en fermant la porte derrière elle.

La tête baissée, elle fixe ses doigts.

- Comment connaissez-vous ma famille ? Qui êtes-vous ? Vous me paraissez trop jeune pour être l'amie de mon cousin.

- Je ne suis pas vraiment son amie mais j'ai connu sa femme.

Ses larmes perlent ses joues quand je mentionne sa belle-sœur. Elle avait honte, elle regrettait son acte, je le sais, je le sens. Je prends sa main dans la mienne et l'encourage à me regarder.

- Elle vous a pardonné.

- Impossible, elle ne pourra jamais me pardonner, j'ai fait une chose odieuse, je ne mérite pas son pardon, comment peut-elle me pardonner.

Tata apparaît et me tend la main. Je comprends ce qu'elle voulait et la prends. Kiné pousse un cri et lâche ma main pour l'apporter à sa bouche.

- Subhanallah. Je crois que je devienne folle. Oui je suis folle. Dit-elle tout bas mais assez pour que je l'entende.