Chapitre 31

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Maïmouna 2009

Depuis deux mois que je sillonne dans les rues gambiennes, et à part des vendeurs d'herbes, qui les transportent dans des caisses de sucre, je n'ai pas vu ma fille.

C'est abattu que je rentre chez-moi. Dans quelques jours, j'irai en Guinée Bissau.

Je vais dans ma chambre, où mon mari était couché dans notre lit, une de mes robes, étendue sur mon côté du lit, sur laquelle était posée sa main droite.

Je m'assoie et lui caresse la tête et j'aurai juré qu'il m'a senti, il a souri. Une larme s'échappe, puis une autre. Je déteste le voir ainsi, il ne ressemble plus à rien.

Ne supportant pas cette douleur, je sors de la chambre et me dirige directement chez le docteur, cette maison est devenue mon sanctuaire.

Dans ma quête, j'ai eu à rencontrer des gens comme Karim, des gens ayant un don, qui ont tenté de m'aider en vain mais je ne sais pour quelle raison, je reviens toujours ici.

Je pourrais tenter de trouver une personne plus expérimentée qui serait en mesure de m'aider, car je suis certaine que même si le docteur maîtrise l'art spirituel, d'autres doivent être meilleur que lui, mais, mes pas me guident toujours à cet endroit.

Je repense à ma conversation avec Maya, disons que cela fait des jours que j'y pense, que je pèse le pour et le contre.

Et si c'était un moyen de communiquer avec ma famille ! Pas que je leur ferais savoir que je suis toujours là car cela leur brisera le cœur de savoir que je ne repose pas en paix, je veux juste pouvoir entrer en contact, même une seule fois.

Chaque vendredi ils viennent à ma tombe prier pour moi et la nettoyer, je ne sais pas pourquoi mais depuis quatre années, je passe les vendredis devant ma tombe, assise jusqu'au crépuscule.

J'entends toutes les prières qui me sont adressées et à chaque que je commence à sombrer dans les ténèbres, ce sont eux qui me ramènent à la lumière.

Je sais que je ne suis pas la même, j'ai beaucoup changé et j'en veux à la terre entière pour ce qui m'arrive.

Au cours d'un de mes déplacements, j'ai failli tuer quelqu'un dans un excès de colère.

J'imaginais avoir cet homme en face de moi et l'étrangler de mes mains nues. Je le voyais se tordre de douleur et braire comme un âne et j'y prenais énormément de plaisir. Ce sont des versets du Coran qui me brûlaient la peau qui m'ont fait réaliser que je tenais un homme par le cou, que j'enserrais dans ma main.

Heureusement pour l'homme que c'était une vingtaine de minutes avant la prière de Maghreb et que l'imam qui se dirigeait à la mosquée se trouvait à cet endroit.

Honteuse, j'ai disparu comme un chauffard en délit de fuite après avoir causé un accident



Si jamais je prends possession de quelqu'un, je n'aurais pas le même visage, mes proches ne me reconnaitrons pas. Je devrais me faire passer pour quelqu'un d'autre. Mais j'ai tellement envie de leur parler.

Mon choix ne devrait pas se faire au hasard, il faut que ce soit quelqu'un que je connaisse, mais qui ? Sala peut-être. Mais si je la choisi je ne pourrai pas communiquer avec elle, il faut que ce soit quelqu'un qui ne fasse pas parti de mon entourage.

Je méditais sur la question quand un mouvement du coin de l'œil attire mon attention.

- Non maman, je ne lui rendrais pas visite. Si toi tu oublies tout ce qu'elle a fait ce n'est pas mon cas

- ...

- C'est ta sœur pas la mienne, je n'ai pas de lien direct avec elle.

- ...

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