Chapitre 33

2K 373 54
                                    

 Amy 2016

Après la prière de fajr, je fais mes duas et règle mon réveil à sept heures trente, l'heure à laquelle ma très tendre mamie sort pour se promener. La pauvre est devenue presque handicapé. Karma is a bitch.

Je l'ai beaucoup étudié et je sais presque tout d'elle. Mes yeux, les pauvres sont traumatisés après avoir vu son vieux corps flétri telle une fleur fanée.

N'ayant plus sommeil, à cause de l'excitation, je porte une tenue de sport ainsi que les chaussures adéquates et prends la direction de la plage, j'ai assez de temps pour un aller-retour avant que le jeu ne commence et vu que c'est le week-end, le petit-déjeuner se fait un peu tardivement.

Mon téléphone fourré dans ma poche arrière, j'insère les écouteurs dans mes oreilles et sors de la maison après m'être échauffés. Survivor de destiny's child résonne à travers mon casque alors que j'entame ma course, doucement puis augmente progressivement le rythme.

Quand j'augmente la vitesse, je sens mes poumons et mes muscles brûler, mais cette sensation est vite transformée en autre chose, une montée d'adrénaline. J'ai comme l'impression de courir sur un tapis de nuage et le vent qui me fouette délicieusement le visage me faisait oublier tout mon stress et mes soucis.

De retour chez-moi, je me sentais légère, comme une plume. Je prends une douche et au moment où je pénètre la chambre que je partage avec ma cousine qui dort comme un loir, mon téléphone sonne, sept heures et trente minutes, parfait.

Je m'habille vite fait et rejoint la cabane où je m'installe en tailleur.

Comme toujours, inspirer, expirer, se vider la tête et se concentrer sur son objectif. Elle m'apparaît, dans la rue, qui marche comme une tortue à l'aide de ses béquilles, accompagnée d'un de ses multiples petits-fils.

- Abibatou. Sorcière. Elle frappe son petit-fils qui ne comprend rien, avec sa béquille.

- Impoli.

- Mais mame je n'ai rien fait. Se plaint-il

- Je suis vieille mais pas sourde

- Tu es sénile. Dit-il tout bas ce qui lui valut un autre coup

- Abibatou, ray katou niit (Abibatou l'assassin)

- Ismaëla damay deug sa ndèye deh (insulte), imbécile

- Wa mame nak ya ngui may togn. Dama khamoul lane la deff ba ngamay saga ndèye ni (mais qu'est-ce que j'ai fait pour que tu m'insultes de la sorte)

- Rew nga def (tu es impoli)

- J'étais une femme amoureuse et naïve à l'époque et bien que notre mari soit plus âgé que moi et voulant lui faire plaisir. J'ai sincèrement voulu être ton amie ignorant que tu es l'incarnation du diable. Tu n'es qu'une meurtrière. Tu m'as tué sachant que je portais son enfant, tu n'as pas de cœur, pas d'âme, tu es une pourriture. Tu ne mérites pas de vivre après tout ce que tu m'as fait.

Elle regarde autour d'elle, paniquée, comprenant enfin que ce n'est pas son petit-fils qui parle. Je me demande même comment elle peut confondre la petite voix d'une femme à celle grave d'un jeune homme en puberté.

- Tu n'es pas réelle, tu n'es pas réelle. Répète-t-elle tout bas.

- Je suis tout ce qu'il y a de plus réel et je te jure sur cet enfant qui n'a jamais vu le jour que tu vas me le payer très cher, l'heure est venue pour toi de rembourser ta dette. Tu as déjà perdu deux fils, peut-être que cette fois je devrais te prendre une fille. Non un fils c'est beaucoup mieux. A qui le tour maintenant ? Idrissa peut-être.

TalionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant