Chapitre 45

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Maïmouna

- Il faut d'abord que je le retrouve pour cela.

- Oh mais nous le retrouverons, mais pour cela il nous faudra un endroit discret. Je te dirais où et quand, ici même l'air à des oreilles.

Je ris. Elle parle de Asma, c'est vrai que cette djinniya est une poucave et elle fait trop les yeux doux au docteur, bala ma dé mou nane ko maître (avec ses ''maître'' par ci, ''maître'' par-là), une lèche cul.

Bamba, a repris des couleurs, alhamdoulillah. Ma fille quand a elle refuse de dormir dans sa chambre depuis cette fameuse nuit, elle voulait retourner dans celle de son père mais sa grand-mère l'en a dissuadé et lui a proposé de partager sa chambre.

Aujourd'hui toute ma famille est venue à la maison pour rencontrer ma fille. Un concert de larmes était au programme.

- Bayilene Dioye yi, Kéne déwoul (cessez vos pleurs, personne n'est mort). Les sermonne ma belle-mère. La petite se pose déjà beaucoup de questions, vos larmes risquent de l'alarmer. Agissez normalement, comme si elle n'a jamais été absente durant des années.

Même si c'étaient leur première rencontre, ma fille et ses cousins s'entendaient à merveille, on aurait dit qu'ils se connaissaient depuis toujours. Ils jouaient dans la cour, sous la surveillance des parents, qui priaient qu'elle ne leurs pose pas trop de questions et que ses cousins non plus n'en disent pas trop, espérant qu'ils ne cafteraient pas, les enfants ont tendance à trop parler et ne savent pas garder un secret.

Il ne sera pas facile de garder un secret tel qu'un enlèvement, raison pour laquelle, son père a décidé qu'il lui dirait la vérité, quand le moment viendra, inch'Allah.

- Retrouve-moi à la plage de l'Anse Bernard, elle est vide et cette conne n'est pas dans les parages. Entends-je la voix d'Amy

Je l'y rejoins en un claquement de doigts. Je la trouve assise sur une énorme pierre qui regardait dans le vide. Maya nous rejoint peu de temps plus tard et Aminata ne réagit toujours pas, comme si elle ne nous voyait pas.

- Je peux savoir ce qu'il y a de si intéressant pour que tu sois aussi concentrée à contempler l'horizon.

- Purée Maya tu causeras ma mort.

- Diank nak doma sossal (tu m'accuses à tort), je suis là depuis quelques minutes mais tu étais trop fascinée par la beauté du ciel ou bien c'est la mer. En tout cas ces temps-ci tu t'absentes trop.

- Je...

Elle a raison pour les absences de la petite, cela lui arrive souvent dernièrement. Elle m'a fait venir, et pourtant elle ne s'est pas rendu compte de ma présence, ni de celle de Maya quand celle-ci est arrivée, encore moins entendu notre discussion.

Nous formons un cercle et nous tenons la main, comme la dernière fois, sauf que cette fois-ci je ne suis pas au centre. Des images défilent, nous sommes aspirées dans un point du globe. L'endroit est différent, très différent. Nous sommes dans une ville bruyante et animée, avec des gens qui passent dans les rues étroites. Les bâtiments en pierre semblent avoir été construits il y a des siècles. Les fenêtres sont ornées de volets en bois et il y a des pots de fleurs colorés sur les rebords de fenêtre.

Sur une plaque, était inscrit Boulevard Barbes, nous sommes donc en France. Le connard a fui pour se réfugier ici, le salopard.

Les gens de toutes les couleurs passaient mais je ne voyais toujours pas sa face de rat.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant, je ne vois pas cet enculé.

- Patientons, si la localisation nous a mené ici c'est pour une bonne raison.

TalionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant