Chapitre 34

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Maïmouna 2009

Je quitte ma meilleure amie le cœur lourd, mais au moins j'ai pu lui dire au revoir. Dans le taxi, je donne au conducteur ma dernière destination, chez moi. Quelques minutes plus tard, j'arrive à destination, mais je n'arrive pas à sortir de la voiture.

- Soxna ci agg nagnou (nous y sommes, madame)

- Tenez, votre argent.

- Vous avez un problème, madame ? Avez-vous besoin d'aide ? S'enquiert le taximan

- Je me sens juste un peu étourdi. Je sais qu'il s'impatiente juste que je descende de sa voiture

Je décide finalement de descendre pour ne pas énerver davantage le conducteur, qui n'attend même pas que je referme la porte pour démarrer.

J'avance lentement, la peur au ventre. J'appréhende cette rencontre comme un élève en terminal qui va à la délibération.

Je sonne après une éternité passé dehors à hésiter, il faut que j'en termine pour de bon et quitter ce corps.

Tabara, leur nouvelle technicienne, m'ouvre la porte. Sokhna a quitté son emploi après son mariage.

- Bonjour, comment allez-vous ? Je m'appelle Oulimatou Sall et je viens voir ma tante Seynabou.

Elle me fait entrer et me demande de la suivre dans le salon pour attendre qu'elle aille prévenir ma belle-mère. Je prends place et attends patiemment. Je jette un regard circulaire à la pièce, le décor est toujours le même.

Des photos de tout le monde étaient accrochées au mur du salon.

Des photos de mes beaux-parents du temps où mon beau-père était encore en vie, des photos de mon époux et moi, des photos des enfants, des photos de Fatou Kiné, des photos de nous tous ensemble, même Sokhna était sur certains cadres.

Il fut un temps où nous étions heureux et que la maison était très vivante, mais maintenant elle est vide, comme si elle avait perdu son essence.

Je m'approche des cadres que je regarde à travers les yeux de Ouly, les émotions prennent le dessus et une larme puis une autre perle les joues mon récipient.

- Nous étions heureux en cette période. Je me retourne et ne peux réprimer un sourire en voyant ma deuxième maman. Bonjour je suis Seynabou Mbaye, la dame de la maison.

- Bonjour madame. Oulimatou Sall, enchantée. Je viens du village et je cherchais la maison de ma tante Seynabou. Les gens que j'ai croisé m'ont dit de venir ici mais je crois qu'ils se sont trompés de Seynabou.

- Vous ne ressemblez pas à une villageoise. Me dit-elle après m'avoir regardé de haut en bas.

- Puis-je savoir à quoi ressemble une villageoise?

- Certainement pas à vous. De quel village venez-vous et qui est votre tante que vous cherchez ?

- Je viens de Sangalkam, ma tante s'appelle Seynabou Niang.

- Puis-je voir votre carte d'identité nationale. Me demande-t-elle en plissant les yeux comme un chat comme pour me sonder.

Heureusement que j'ai pensé à prendre les papiers d'Ouly, que je sors du sac que je tenais et lui donne pour qu'elle l'examine.

- Vous dites vous appeler Oulimatou Sall, mais sur vos papiers, il est écrit Oulimatou Niang. Selon votre carte, vous êtes née à Dakar.

- Niang est mon nom de jeune fille et j'habite maintenant à Sangalkam. J'ignorais me trouver dans un poste de police. Lui dis-je

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