Chapitre 30

22 0 0
                                    

— C'est censé être aussi long une partie de cache-cache d'habitude ? Non pas qu'entrer dans le livre des records me déplairait, mais là quand même, ça dure un peu trop longtemps... Je commence même à ne plus avoir peur !

— Silence, Dren !

Nous avons répondu en chœur pour la énième fois depuis que nous avons débuté notre exploration. L'incube pousse un soupir contrarié – pour la énième fois là aussi –, mais il se moule dans nos pas après une courte pause, sans plus rien ajouter. Cela doit faire une bonne heure, si ce n'est plus, que nous progressons dans la bâtisse. Nous arpentons chaque étage, chaque couloir, chaque pièce à notre disposition. Mais rien, pas âme qui vive... Du moins, pour l'instant.

Si Dren amorce une phase d'ennui et de lassitude, ce n'est pas le cas pour tout le monde, notamment pour Allan et moi. J'ai l'impression qu'au contraire notre état de vigilance et de stress gagne en intensité à mesure que nous avançons. À tout moment, Jarlath pourrait nous envoyer une de ses surprises maison, sous la forme de boulets de canon comme d'opposants armés jusqu'aux dents.


S'il y a eu des habitants ici, cela fait un bon moment qu'ils n'ont plus occupé ce foyer. Pourtant, les espions ont bel et bien perçu de l'activité par-delà les murs fortifiés, ils sont même sûrs d'avoir vu Jarlath et ses sbires... À quoi cela rime-t-il alors ? Pourquoi cet endroit esseulé est en contradiction totale avec l'effervescence au-dehors ? Quel est ce piège grandeur nature que Jarlath nous tend ? L'étrangeté du site ne nous échappe pas, à mon lié et moi, de ce fait nous restons tendus et attentifs, et poings serrés sur mon bâton télescopique dans mon cas.

Un nouvel escalier nous mène sur un autre niveau à découvrir. Comme à l'accoutumée, je marche en tête avec Allan et nous nous engouffrons dans la première pièce sur notre droite. Les autres restent en arrière pour nous couvrir en rasant les murs, au cas où nos ennemis tenteraient de faire feu sur eux. L'arche que nous passons, mon âme sœur et moi, est très large et annonce à elle seule que la salle derrière elle sera immense. Et le mot se révèle être faible.

Sous nos yeux ébahis, une salle de bal s'étend sur plusieurs dizaines de mètres. Des lustres vieillis mais luxueux pendent du haut plafond sur toute sa longueur et un magnifique parquet court sous nos pieds. Le reste du groupe ne réfrène pas non plus son admiration, à coups de sifflements et exclamations basses, lorsqu'il nous rejoint.

— Waouh... C'est somptueux !

— Impressionnant ! affirme Trent à la suite du berserker.

— On devrait songer à revenir ici pour fêter notre victoire. On pourrait facilement caser la moitié de nos armées, peut-être même un peu plus.

— Calmez-vous et restez vigilants, les réprimandé-je sans hausser le ton. Les réjouissances ne sont pas pour tout de suite...

Je scanne les environs encore une fois et leur désigne l'autre côté de la pièce – un autre côté qui me paraît être à un kilomètre tant ce lieu de réception est long et large ! –, là où une autre arche se dessine.

— Poursuivons sans traîner, leur lancé-je en reprenant mon chemin.

Avec prudence et lenteur, nous traversons l'endroit, en décochant coup d'œil sur coup d'œil aux ornements et cheminées de part et autre. L'écho de nos pas résonne et enveloppe nos tympans de sa mélodie constante et rythmée. En dehors d'elle, le calme se fait tout autour de nous. Les rumeurs des combats à l'extérieur se sont tues depuis quelques étages déjà, la hauteur et la position de cette architecture ne permettant pas de les suivre de loin en loin. Le silence est quasi parfait, même les grincements caractéristiques du bois sont réprimés.

Anien Don II - En Eaux TroublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant