Un mois s'est écoulé depuis l'affrontement au domaine. Un mois durant lequel toutes les troupes alliées aux nôtres, toutes celles qui ont pu répondre présentes, ont suivi la trace macabre laissée par nos ennemis.
Jarlath et ses sbires se sont baladés – et nous ont baladés par la même occasion – à travers toute la partie nord-ouest des États-Unis. Nous avons éculé une partie de l'État de Washington, de l'Oregon, ainsi que de l'Idaho en ce laps de temps qui peut paraître si court – mais qui est en fait infiniment long lorsque l'on ne fait que frôler du bout des doigts notre but...
Les forces adverses se sont séparées dès le début, nous obligeant à en faire de même afin de ralentir leurs attaques hasardeuses et assassines à chaque étape de leur « périple ». Certaines d'entre elles étaient restées à couvert lors de nos premières batailles. Elles se sont fait connaître au fur et à mesure, tentant, parfois avec succès, de prendre à revers les régiments qui s'occupaient alors d'éliminer les premiers sur les lieux et de faire fuir les humains encore vivants dans le même temps.
La folie de Jarlath n'a plus de limites, il se fiche de nous exposer au grand jour désormais. Il y voit même sans doute un bon moyen de nous détourner de notre mission initiale, lui laissant ainsi le champ libre pour davantage de nouvelles tueries. Le résultat doit être au-delà de ses espérances, car nous sommes bel et bien submergés. Entre les vies à sauver, celles à ôter, nos propres morts et blessés à gérer et nos tentatives d'influence sur les humains haut placés afin que leur peuple n'ébruite pas notre existence... nous n'avons pas beaucoup d'instants de répit. Nous combattons, nous nous acharnons à rétablir la paix dans des villes et des villages assiégés et nous exhortons à tenir ce cap et à ne pas flancher. Malgré la fatigue, malgré nos pertes...
Éparpillés à droite à gauche, nous communiquons par radio et téléphone afin de nous tenir informés des avancées et retraites ennemies. Nous tenons aussi les comptes tant de nos effectifs que des leurs, et si les premiers temps nous avons cru devenir fous à force de voir débarquer de toutes parts des adeptes de Jarlath, nous constatons que la balance se rétablit. Voilà déjà une bonne semaine que nous croisons le fer avec les mêmes soldats, sans que de nouvelles recrues surprises ne déboulent à l'orée des champs de bataille. C'est bien l'une des seules bonnes nouvelles que nous avons, malheureusement...
Depuis que cette ruée improbable s'est mise en place, je n'ai eu aucun signe, aucun contact avec Allan ou Jarlath. Personne parmi les miens n'a aperçu ou même senti leur présence sur les différents fronts que nous occupons. Ils sont pourtant là, quelque part... mais ils se cachent. Ils nous épient, nous guettent, sans jamais s'approcher trop près de nous, à l'inverse de la première fois. Ils restent dans l'ombre, entourés d'une nouvelle garde rapprochée plus efficace et discrète que la précédente.
Si cette manigance en a déstabilisé plus d'un dans nos rangs – et continue d'ailleurs de le faire –, je n'ai mis que quelques jours pour comprendre ses raisons. Jarlath « reformate » mon lié, ni plus ni moins. Ce qui a bien failli se passer lors de notre altercation, à Allan et moi, a effrayé le vampire, j'en suis persuadée. Il a vu de ses propres yeux l'hésitation et la confusion remplacer la furie froide chez l'hybride. Il a senti que mon emprise sur lui n'était pas aussi morte et enterrée qu'il se l'imaginait, et que sa propre influence pouvait en pâtir... Alors il garde Allan sous sa coupe et le tient éloigné de moi le temps qu'il parvienne à recréer le vide en lui, celui qui le contrôlait avant que je l'atteigne.
En prenant conscience du plan du chef vampire, j'ai été aussi satisfaite que folle de rage. Satisfaite parce que ce que j'avais ressenti, ce que j'étais persuadée d'avoir éveillé même brièvement chez mon lié, n'était pas le fruit de mon imagination. C'était une preuve supplémentaire que j'y étais arrivée et que j'étais réellement à deux doigts de récupérer Allan. Je suis un véritable danger pour les plans de Jarlath, il l'a compris lui aussi ce jour-là. Je suis l'arme qui peut le vaincre lui, et toutes ses chimères mégalomaniaques. Car sans Allan auprès de lui, sans cette surpuissance prête à lui obéir au doigt et à l'œil, il n'est plus intouchable. Redoutable, certes, mais pas invincible...
VOUS LISEZ
Anien Don II - En Eaux Troubles
ParanormalSUITE DE "ANIEN DON I - ENTRE DEUX MONDES", IL FAUT LIRE LE TOME 1 AVANT CELUI-CI Eleuia est une combattante aguerrie. Chaque fibre de son être, jusqu'à la moelle de ses os, a été régentée pour la lutte. Hybride mi vampire, mi sorcière millénaire...