Chapitre 13 - Philadelphie, Pennsylvanie

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Des secousses contre ma porte me réveillent en sursaut. L'heure sur mon réveil indique qu'il est tôt. Bien trop tôt pour se faire sortir du sommeil de cette manière. J'étouffe un bâillement lorsqu'une nouvelle flopée de coups fait vibrer la planche de bois. Le pas trainant, je me dirige vers l'entrée.

_C'est moi. La voix de Maxwell traverse le battant. Ouvre.

Je tourne la clé dans la serrure et aussitôt son visage apparait contre l'encadrement. Sans ménagement, il me pousse, pénétrant dans mon petit appartement. Ses yeux scannent les alentours avant de revenir sur ma personne.

_Qu'est-ce que tu fais là ? Je demande.

Prête à l'incendier, je suis attirée par mon reflet dans le miroir. Les stigmates de la nuit sont encore visibles sur mon visage et je me frotte les joues pour effacer les traces des oreillers. Mon regard descend sur mon pyjama qui laisse percevoir plus de peau que nécessaire.

_Tu es en retard. Rétorque-t-il en m'observant attraper un pull, que j'enfile prestement.

_En retard ? Il n'est même pas sept heures !

_Oh, désolé, je ne savais pas que sept heures était trop tôt ! Raille-t-il. Je penserai à rectifier tes horaires sur ton contrat de travail.

Je le contourne, me dirigeant vers ma chambre. Mon cerveau carbure, en recherche de preuves à faire disparaitre. Le téléphone prépayé d'Amor repose sur la commande et je le fais glisser entre deux pantalons. Si ce gringo venait à tomber sur un objet en lien avec les Encantadores, ça serait la fin...pour moi.

_Comment tu as su où j'habitais ? Je demande, en revenant dans le salon où, toujours immobile, il m'attend.

_Ellea...

Le ton employé m'oblige à m'arrêter et je le maudis d'avoir autant d'effet sur ma personne. Sa silhouette se dresse au-dessus de moi et, je me sens rétrécir, ne faisant pas le poids.

_Il n'y a pas une seule chose que je ne sais pas de toi.

Sa phrase me fait l'effet d'une douche froide. Une goutte de sueur dégouline le long de ma colonne vertébrale et je m'oblige à rester stoïque face à ses propos. Il ne peut pas savoir. Il bluff encore une fois. Je remercie mentalement la clairvoyance d'Amor, qui oblige Esteban à me déposer toujours à des endroits différents de mon appartement.

_Ne fais pas cette tête, chaton... Glisse-t-il, un rictus mauvais au coin des lèvres. Tu n'as rien à cacher de toute façon.

Je déglutis difficilement, lui offrant un sourire aussi faux que ma personne. Sous l'image lisse de ma façade se cache une multitude de secrets dont il ne pourra jamais en avoir connaissance. Les portes de mon royaume lui sont interdites et je préférerai en perdre la clé que de lui en céder le passage. De toute manière, les douves pour y accéder sont tellement profondes, qu'il en perdrait la vie s'il tentait de les franchir.

_Bienvenue chez moi, dans ce cas...

Je le contourne, me dirigeant vers la cuisine. J'ai besoin d'un remontant afin d'échapper à Morphée qui lutte pour me garder entre ses douces ailes. Malheureusement, il est trop tôt pour succomber à cet appel alléchant et trop tard pour retourner dans ses bras.

_Je prendrai un café noir.

La voix rauque de Maxwell retentit près de moi et je sursaute. Accoudé au comptoir, il me fixe. A contrejour, il est entouré d'un halo orangé dû à l'aube qui pointe à peine le bout de son nez, colorant mon appartement d'une douce lumière. Ses longs doigts tapotent la planche de bois lorsque je dépose devant lui le liquide ambré.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant