Los Encantadores [Terminé]

Chapitre 32 (Partie 1) - Indianapolis - Indiana

_Elle se réveille !

Dans ma tête, une douleur lancinante a pris place et je grimace lorsque j'essaie d'ouvrir les yeux. Des silhouettes se dessinent dans le contre-jour qu'offre la lumière perçant à travers les rideaux tirés du salon. Penchées au-dessus de moi, je reconnais les mines préoccupées de Maxwell, Mason et Joshua. Un grognement s'échappe de mes lèvres desséchées tandis que je me redresse difficilement. Aussitôt, des bras volent à mon secours et me porte jusqu'à ce que je me retrouve en position assise sur le canapé.

_J'ai soif.

Ma gorge est irritée comme si j'avais passé ces dernières heures à m'égosiller. Mais je suis bien loin d'avoir eu le temps de m'exprimer. Une désagréable sensation logée dans la poitrine, je bois goulûment le verre d'eau –qui vient d'apparaître entre mes doigts-, ignorant leurs regards soucieux, portés sur ma personne. Le liquide frais dévale mon œsophage, m'apportant l'énergie nécessaire pour reprendre pleinement conscience.

_Où est-il ? Grogné-je, en tentant de regarder derrière les corps massés autour de moi.

Des souvenirs flous se pressent dans mon lobe temporal et défilent à une allure folle, me donnant le tournis. Je porte une main à mon front, essayant de calmer la migraine qui tambourine inlassablement contre.

_Doucement. Intime Mason en récupérant le verre qu'il dépose sur la table basse. Tu as fait un malaise, il faut te reposer.

Je chasse ses propos d'un revers de la main. Sa tentative, de changer de sujet, m'agace. D'autant plus que mon état de santé devrait être le cadet de leurs soucis. Ma perte de connaissance n'a pas, d'un coup de baguette magique, effacé la dernière vision –quasi- cauchemardesque que j'ai aperçu au sous-sol.

A cette pensée, je sens une émotion familière s'éveiller, reprenant le contrôle de mon âme épuisée.

_Je vais vous tuer. Les informé-je, rageusement.

Une main chaude se pose sur mon genou et aussitôt, mon regard croise celui, inquiet, de Maxwell qui s'est accroupi pour être à mon niveau.

_Je n'en doute pas. Commence-t-il de sa voix rauque dans laquelle je distingue un soupçon de tendresse. Mais d'abord, calme-toi.

Cette caresse, qui se veut intime, m'arrache un frisson. La trahison que j'ai ressentie quelques minutes plus tôt n'a pas disparu et mon corps, ne peut faire autrement que de le rejeter.

_Ne me touche pas. Je siffle, tétanisée.

Son geste se fige à mi-chemin vers ma cuisse et un éclair de peine traverse furtivement ses pupilles. Comme brûlé, il retire son membre et une sensation de froid se propage dans ma jambe. Même si je ne supporte pas l'idée de le blesser consciemment, pour une fois mon corps et mon cœur sont au diapason. Je ne peux supporter son toucher alors qu'il m'a menti.

Parce que toi non ? Raille ma conscience qui prend un malin plaisir à ressasser immuablement mes actions. N'est-ce pas ce que tu fais depuis des semaines ?

Tel un animal blessé, je me recroqueville sur moi-même. Je me sens seule. Terriblement seule. Maxwell s'éloigne. Je ne l'ai jamais vu aussi abattu. Ses épaules, ordinairement droites et fières, sont avachies comme s'il portait le poids du monde. Ses cheveux sont ébouriffés bien qu'en quittant sa chambre, ce matin, il s'est consciencieusement appliqué à les coiffer.

Maxwell souffre. Mais certainement pas autant que moi.

_Faite le monter. Ordonné-je sèchement. Maintenant.

Un moment de flottement durant lequel le regard de Mason passe de ce gringo à moi. Il attend la confirmation de son patron qui ne tarde pas. Presque imperceptiblement, ce dernier acquiesce, les lèvres si serrées qu'elles se retrouvent incapables de laisser passer le moindre son. Aussitôt, le pas lourd du blond résonne dans la cage d'escalier, faisant écho à ma propre douleur, écrasante.