Chapitre 26 - Indianapolis - Indiana

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J'ai fait tout, sauf de beaux rêves. Frustré, mon corps a refusé de se laisser aller, m'empêchant de retourner dans les bras de Morphée. Pourtant, c'était la solution la plus logique, la plus simple, pour évacuer toutes les tensions dans mes muscles. Mais, la dernière phrase de Maxwell a toujours tellement longtemps dans mon esprit qu'elle m'a coupé l'envie.

L'intonation, avec laquelle, il a prononcé sa phrase, sous-entendait qu'il savait. Ou du moins qu'il le devinait. Ou pire, que je l'avais laissé percevoir. Ce qui est impossible.

Maxwell ne doit pas apprendre que je rêve de lui, la nuit.

D'ailleurs, je ne rêve pas de lui à proprement parler. Plutôt de son enveloppe charnelle, celle qui m'attire comme un aimant. Car, je ne ressens rien d'autre qu'une putain d'attraction physique envers lui. C'est tout.

Assise sur le canapé, je contemple l'étendue d'eau en face de moi. La maison, qui s'est retrouvée être une propriété de quatre étages, surplombe un lac bordé de végétation. La vue est époustouflante et alors qu'une brume matinale se disperse dans l'air, chassée par les rayons du soleil qui percent à travers, j'en profite pour rattraper le repos qu'il me manque.

Le cadre de vie est idyllique et me fait oublier, le temps d'un instant, tout ce que j'ai dû traverser pour en arriver là. Entourée d'arbres et d'herbes hautes, j'oublie que je suis née dans un des quartiers corrompus de Camden et que j'y ai passé tout le reste ma courte vie là-bas. A vingt-six ans révolus, je découvre le calme qu'offre la campagne. Et je suis d'autant plus surprise car, je n'aurais jamais pu imaginer ces gringos vivre dans un tel environnement. Ceci est tellement éloigné de leur personnalité.

_Bien dormi ?

Mason apparait en bas des escaliers et se dirige aussitôt vers la cuisine. Le bruit de la machine à café brise le silence dans lequel j'étais plongée.

_Ce fut une nuit assez....agitée. Je réponds alors qu'il s'installe en face de moi. Et toi ?

Ses pupilles se dirigent automatiquement vers la baie vitrée et il sirote sa boisson, la mine pensive.

_Ça faisait longtemps que je n'avais pas aussi bien dormi. Rien ne vaut son chez soi.

Il rigole mais, ce rire sonne faux. Son attitude contraste fortement avec la quiétude des lieux. Si ce havre de paix m'apporte la sérénité dont je manquais tant, leur présence, en revanche, n'arrange pas l'angoisse qui sommeille en moi.

_Vous vivez tous ici ?

_Non, j'ai un appartement en ville. Mais, en ces temps, il vaut mieux rester tous ensemble.

Je fronce les sourcils, soucieuse de son inquiétude soudaine. A Philadelphie, là où le danger était pourtant plus grand, nous n'avons jamais été ensemble. Chacun vaquait à ses affaires et j'avais bien d'autres préoccupations que de suivre leur rythme de vie. Alors, pourquoi semble-t-il si agité bien que nous sommes à des centaines de kilomètres des Encantadores ?

_Tu penses qu'ils vont nous retrouver ?

_Ils peuvent toujours tenter mais, l'Indiana est notre terrain. Ils se feront trouer la peau avant même de poser un pied ici.

Inconsciemment, je me détends. L'appréhension qui me crispait le ventre, lâche sa prise et immédiatement, je sens l'oxygène s'infiltrer de nouveau en moi. Je n'avais même pas remarqué, que j'avais cessé de respirer. Amor ne peut pas savoir que je me cache chez ces gringos. Et même s'il l'apprenait, il ne pourra rien me faire.

N'est-ce pas ?

_Enfin, j'imagine que nous aviserons en temps voulu. Je te fais faire le tour du propriétaire ? Demande-t-il en se relevant. Je doute que tu es eu le temps de le faire.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant