Chapitre 9 - Camden, New Jersey

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Les doux rayons du soleil me balayent le visage. Allongée dans le lit d'Amor, je profite de cet instant de calme. A mes côtés, ce dernier dort encore profondément. Un bras autour de ma taille, il me maintient contre lui. Comme s'il voulait m'empêcher de fuir. Fuir oui mais, où ? Je ferme les yeux et les images de ces derniers jours me reviennent en tête. Je ne veux pas y repenser pourtant, chaque nuit j'en rêve. Je revois cette chaise, je ressens cette chaleur, je revis cette douleur. Par moment, j'ai l'impression de sentir la poigne ferme mais apaisante de ce gringo autour de moi. Comme s'il était là. Sauf, qu'il n'en est rien. Et c'est bien mieux comme ça.

Mes ecchymoses commencent à disparaitre. Mon corps est un nuancier de couleur à lui seul. Un joli patchwork de bleu, un peu de jaune par là et une pointe de violet par ici. Je n'ai plus mal lorsque je me déplace. Les premiers jours, le moindre pas m'était insoutenable. La douleur me coupait la respiration et je me revoyais, le supplier de m'achever. Pathétique. Alors, j'ai fui. J'ai pris le premier bus qui partait pour Camden et j'ai traversé le Delaware, à la recherche d'une stabilité. Stabilité que j'ai retrouvée dans les bras d'Amor. Et alors qu'il me faisait l'amour ce soir-là, j'ai pensé ne mériter que ça. Lui au moins se contente de me baiser sans pour autant chercher à me faire confiance. Pourquoi est-ce qu'il ne fait pas pareil ? Lorsqu'Amor a ouvert la porte de son appartement, il ne m'a rien dit. Il ne m'a pas posé de question, il m'a dénudé, allongé sur son lit et a embrassé chacun de mes bleus. Et je me suis sentie tellement sale. A venir chercher du réconfort auprès de celui que j'exècre le plus. A me rabaisser, une fois de plus, pour panser mes blessures. Mais, peut-être que je ne mérite que ça ? L'amour pathétique, d'un homme pathétique pour une femme pathétique.

Amor grogne et tourne son visage dans ma direction. Je l'observe, lui et son sommeil agité. Quand-est-ce que tout va se terminer ? Quand cessera-t-il de respirer ? Des questions qui, pour l'instant, restent sans réponses.

Je me glisse hors du lit, reposant délicatement son bras contre le matelas. La brise du matin me caresse la peau alors que je sirote une tasse de café, sur le balcon. Le froid mordant de ce mois de mars, me brûle l'épiderme mais, je ne bouge pas. Une douleur pour en oublier une autre...Je me tourne et mon regard se pose sur le téléphone prépayé que ce gringo m'a donné. Jeté sur le comptoir de la cuisine au milieu de mes affaires. D'une main tremblante je l'attrape. Qu'il serait facile de le jeter par la fenêtre et d'oublier toute cette histoire. Mais, cela ne changerait rien. Les hommes comme lui ont le bras long et me retrouver serait un jeu d'enfant.

Perdue dans mes pensées, je sursaute lorsque l'écran s'illumine. Un nouveau message...

« De : Gringo

Rdv 11h. Pas de retard. »

L'horloge du salon m'annonce qu'il est déjà neuf heures trente-cinq. Merde, je vais être en retard. Dans la chambre, Amor ouvre un œil alors que je me précipite dans le dressing.

_Mi querida ?

Sa voix est enrouée, encore enveloppée par le sommeil.

_Je dois me dépêcher. J'enfile un pull, grimace lorsque le tissu frôle ma peau meurtrie. Il m'a convoqué.

_Qu'est-ce qu'il veut ?

_Je ne sais pas.

_S'il te touche encore...

La menace est à peine voilée. J'aimerais lui dire qu'il n'est pas le seul à l'avoir fait et que les blessures que ce gringo m'a infligées ne sont pas les pires, loin de là.

_Esteban va te déposer.

_D'accord.

Amor se redresse et m'attrape par le bras lorsque je passe près de lui. Il plante son regard dans le mien avant de m'embrasser. Ses dents viennent à la rencontre de ma lèvre inférieure et il la mordille jusqu'à ce que j'amorce un mouvement de recul.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant