Chapitre 28 - Indianapolis - Indiana

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_C'est ma chambre.

Un râle s'échappe de ma gorge pâteuse qui, plongée dans le sommeil, est incapable de prononcer un mot cohérent. Je roule sur moi-même, enfouissant mon visage dans le coussin à l'odeur définitivement masculine avant de rabattre la couette sur ma tête. Protégée de la sorte de toute agression extérieure, je soupire d'aise, appréciant le confort du matelas sur lequel mon corps est allongé.

_Très bien.

Une voix étouffée perce le barrage de coton et plume qui m'entoure et mes sens s'éveillent lorsque je prends conscience d'une présence accablante près de moi. Je me frotte les yeux, totalement réveillée et les sens en alerte, je me fige. Putain, je me suis endormie dans sa chambre. Ou plus précisément dans son lit.

_Si tu ne bouges pas, je vais m'en charger...

Avant que je ne puisse réagir, la couette qui me recouvrait, disparait, arrachée violemment et s'écrase dans un bruit sourd sur le sol. Penaude, je croise le regard furibond de son propriétaire, qui me surplombe de toute sa hauteur.

_Salut... ? Murmuré-je, rabattant mes genoux contre mon torse et assise dans l'immensité de son lit, je me sens plus chétive que jamais.

_Salut ? Répète-t-il, sombrement. Il n'y a pas de salut qui tienne ! Qu'est-ce que tu fous dans mon lit ?

Je fronce les sourcils alors qu'il me fixe, les bras croisés sur son torse, dans une position qui me signifie que le moment est mal venu pour l'embêter. Ses traits, durcis par la colère qui gronde en lui, me paraissent encore plus anguleux. Sa chemise est froissée de même que ses courtes boucles qui –habituellement maintenues par une grosse couche de gel – dansent sur son crâne. A bien regarder, son allure générale est complètement débraillée, comme s'il venait de sortir d'un combat ou pire...

Face à l'idée saugrenue bien que plausible qui vient de traverser mon esprit, mon cœur rate un battement. Piquée par une curiosité, maladive, je ne peux m'empêcher de l'accuser :

_Tu viens de t'envoyer en l'air ?

_Quoi ?

Son masque de glace se fissure, laissant place à une surprise bien trop réelle pour être feinte. Il recule, secoue la tête avant de reprendre contenance. Ses épaules se carrent et il redresse fièrement le menton. Visiblement ma question l'amuse à en juger par la lueur de défis qui vient faire flamboyer ses iris chocolat.

_Qu'est-ce que c'est que cette question ? Ricane-t-il froidement. Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?

Mes paupières se plissent d'elles-mêmes, le fusillant ouvertement du regard. Dans mon cerveau, l'agitation règne. Le bruit d'une arme rechargée résonne et je serre les dents pour contenir les balles perfides qui seraient –sans aucun doute- arbitrés par une pulsion de contrariété. Il ne mérite pas que je baisse ma garde et que je vide ce chargeur –imaginaire- sur lui.

Cet aveu de faiblesse lui ferait bien trop plaisir et je préfère me faire foudroyer sur place que lui montrer que cela me touche. S'il comptait sur moi pour rentrer dans son jeu, il s'est trompé. Je ne compte absolument pas me soumettre. Bien au contraire.

_Tu aurais dû l'inviter ici ! Déclaré-je en me redressant sur mes genoux, lui faisant face. C'est vraiment dommage de ne pas profiter d'un si grand lit.

Combattre le mal par le mal. Mon crédo préféré. Et si la vie m'a appris une seule chose, c'est qu'il vaut mieux attaquer avant d'être attaquée. C'est pour cette raison, que je m'engage sur cette pente glissante, afin d'éloigner ses soupçons.

Jouant distraitement avec une mèche de mes cheveux, je me penche en avant et, sur le ton de la confidence, lui souffle :

_Je pourrais même lui apprendre quelques positions...Après tout, rien ne vaut l'expérience de sa femme pour satisfaire son mari fallacieux.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant