Chapitre 7 - Quelque part près de Philadelphie

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Deux semaines plus tard

Mes talons claquent sur le béton brut. L'impatience pulse dans mes veines. Mon cœur tambourine au même rythme que mes pas qui résonnent entre les murs gris. Le dos de Logan m'obstrue la vision. Le couloir est si petit, qu'il serait impossible de passer à deux. Nous marchons vite et je suis obligée de trottiner pour suivre la cadence. Après avoir envoyé un message à ce gringo, grâce au téléphone prépayé qu'il m'a laissé, je n'ai pas eu à attendre longtemps avant qu'une voiture noire vienne me récupérer près de la place Franklin. Logan à son bord, je me suis retrouvée –de nouveau- les yeux bandés. Le soleil teintait timidement le ciel lorsque nous sommes arrivés devant le même entrepôt que la dernière fois. A la différence que cette fois-ci, j'ai pu admirer la façade et les alentours.

Le bâtiment, haut de deux étages, est triste. Aucune verdure, aucune couleur. Du gris à perte de vue et surtout en mauvais état. Partout, le crépi semble manquer et des irrégularités parsèment le sol. Une pâle copie de l'Atelier, qui à la différence, est érigé dans un endroit dégagé près du Delaware. Ici, des entrepôts à perte de vue et des hauts murs tout aussi triste. Tout semble abandonné, sans vie.

Je ne sais pas où je me trouve exactement mais, certainement dans une ancienne zone industrielle désaffectée. Les gémissements du vent sont amplifiés par le vide ambiant. Chaque bruit, même le plus infime, semble s'étirer à l'infini. L'écho est si puissant qu'il en fait perdre tout repère. Même le bruit de la ville et l'agitation de l'autoroute ne parviennent ici. Le silence est le seigneur de ces lieux.

Après quelques minutes de marches à travers les dédales de l'immeuble –parmi lesquelles, j'en mettrais mes mains à couper, que Logan a fait des détours pour que je ne puisse pas me repérer- ce dernier finit par s'arrêter devant une porte.

Lorsque je pénètre dans la pièce, la première chose qui me saute aux yeux est l'immense fenêtre, faite de centaines de carreaux, qui illumine l'ensemble. D'ici, la vue permet une analyse rapide des environs. Je perçois au loin, telle une illusion, Philadelphie qui s'élève entre les rayons rasant du soleil. Sa silhouette est floue, presque fantomatique, et je dois plisser mes paupières pour en préciser les contours. Je n'ai jamais excellé à l'école. Trop bavarde et indisciplinée d'après mes professeurs. Pourtant, je devine facilement que nous sommes à une bonne heure de voiture du centre-ville, dans un de ces coins paumés qui bordent la grande ville. Si je réfléchis un peu plus, je pourrais presque en ressortir les noms appris en classe. Un sourire étire mes lèvres. Il n'y a qu'Amor qui peut implanter son business en pleine ville. Personne d'autre n'a son cran et sa condescendance pour oser mener ses actions illégales au nez et à la barbe des autorités locales.

Déterminée, je m'approche de ce gringo, qui n'a daigné lever son regard -vissé sur son portable- à mon arrivée.

_J'accepte.

Ma voix retentit dans cette pièce vide et campée devant son bureau, une main sur la hanche, j'attends qu'il réagisse. Une œillade blasée me répond, comme si l'éventualité que je puisse refuser était impensable, comme si cette idée ne lui avait pas traversé l'esprit. D'un geste las, il plaque son téléphone contre son oreille. Il ne me lâche pas des yeux, tandis qu'il attend, impassible, que son interlocuteur décroche.

_Avance la voiture. Articule-t-il avant de raccrocher.

Il se lève, faisant racler sur le sol les pieds de sa chaise en acier et réajuste sa veste de costume. Par ce simple geste, j'aperçois les muscles de son biceps gonfler le tissu noir. Ce gringo ne fait pas dans la demi-mesure. Tout chez lui est calculé. De la tête au pied, rien ne dépasse. Son costard lui sied à la perfection.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant