Chapitre 6 - Camden, New Jersey

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Le bras en écharpe contre ma poitrine, je grimace lorsque je tente de maintenir ma doudoune, posée sur mes épaules. Un courant d'air glacial traverse l'Atelier en cette matinée de février. Le soleil n'est levé que depuis quelques minutes et le ciel s'est paré d'un dégradé de rose orangé. Aucun nuage n'obstrue l'horizon. Malgré les températures hivernales, il fait beau. Aujourd'hui va être une belle journée.

L'entrepôt est vide à cette heure-ci. Seul Luis, le cousin d'Amor, somnole sur le canapé, un bras posé sur ses yeux. Cela fait longtemps que je ne l'avais pas croisé. Il a l'habitude de disparaitre, dieu seul sait où. Toujours occupé, il se voit confier de plus en plus de missions. Il est un allié indispensable et Amor ne peut, désormais, plus se passer de lui.

En réalité, Amor ne pourrait se passer d'aucun d'eux. Ici, chez les latinos, les business fonctionnent en famille. Bien qu'Amor en soit à la tête, il ne peut diriger sans ces innombrables cousins. Leurs nombreux conseils en sont la preuve. Je sais que je n'en connais pas le tiers. La plupart vivent dans d'autres états afin de faire prospérer les affaires des Encantadores par-delà les frontières du New Jersey. Ici, à Camden, je n'ai rencontré que Luis et Esteban. Pourtant, je sais qu'il y en a d'autres qui participent à la régulation de la ville, tout autour de l'Atelier. Amor aime avoir des yeux partout. Aucune nouvelle arrivée dans la ville ne se fait sans son approbation.

C'est pour cette raison que ces gringos du Nord, ont du mal à pénétrer le marché. Même si leur drogue a réussi à s'infiltrer un petit peu, elle rencontre de la résistance. Et pas des moindres.

Sur la mezzanine, Amor me fait signe de monter. C'est la première fois que je le revois depuis notre dernière entrevue. J'ose espérer qu'il s'est calmé. En réalité, vu ce que je vais lui annoncer, pas sûre qu'il se déride.

Je pénètre dans la pièce vitrée. El Carnicero, son homme de main est là, affalé sur une chaise. Lorsque je croise son regard, je ne peux réprimer un frisson. Il ne m'avait pas manqué. Tout chez lui me répugne. A commencé par ses yeux de chiens fous à chaque fois qu'il les pose sur moi. Cet idiot rêve de me baiser depuis la première fois. Mais, je préfère mille fois me laisser prendre devant tout le monde par Amor que le laisser ne serait-ce que m'effleurer.

_Mi querida.

Amor s'approche et m'attrape par la taille. Ma poitrine bute contre son torse et je ferme les yeux pour ravaler les larmes de douleurs qui menacent de s'écouler. Il s'en rend compte et immédiatement, s'éloigne.

_Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demande-t-il, un trait de contrariété barrant son front.

_Je les ai trouvés. Il..Il m'a tiré dessus. Hoqueté-je en reniflant grossièrement.

Je ne compte plus les fois où j'ai dû pleurer sur commande. Une autre arme secrète que je sais manier avec brio.

_Qui ça ?

_Je..Je ne sais pas comment il s'appelle. Je lève mes yeux larmoyants vers lui. Mais, je sais que c'est ce gringo.

Il n'a pas été difficile de faire le lien. Sans le savoir, je suis tombée pile sur ma cible. Amor se prend la tête entre les mains et marche le long de la baie vitrée.

_Enfin. Murmure-t-il. Qu'est-ce que tu as vu ?

Il se tourne vers moi, soudainement fou. L'odeur de sa proie a réveillé ses instincts de chasse les plus profonds. Oh oui, qu'est-ce qu'il aime traquer. Ses sens sont en alertes, son cerveau s'emballe. Il ne sait plus où donner de la tête. Il est excité, tel un enfant, le matin de Noël qui découvre tous ses cadeaux empaquetés.

_Rien. Ils m'ont enlevé lorsque je rentrais du travail. Je n'ai rien vu, j'étais endormie. Ils m'ont emmené dans un entrepôt et il y avait juste lui et Logan.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant