Chapitre 25 - Indianapolis - Indiana

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Je me réveille en sursaut, les sens en alerte. Mon corps se redresse brusquement et ce soudain effort, me fait tourner la tête. J'ai les mains moites et une fine pellicule de transpiration recouvre ma peau, me rendant poisseuse. Aucune lumière ne filtre dans cette pièce où seul un silence –angoissant - règne. Je tends l'oreille, à l'affut du moindre bruit mais mise à part le ruissellement de la pluie contre le toit, je n'entends rien.

Je ne sais pas où je suis. L'odeur du cuir neuf des sièges de la voiture de ces gringos a été remplacée par une lessive entêtante qui me retourne l'estomac. Aux dernières nouvelles, nous nous dirigions vers leur quartier, situé à plus de deux heures et demie de route de l'aéroport. Visiblement, il ne m'a pas fallu longtemps avant de m'endormir, bercée par les douces vibrations du véhicule.

Mes pieds touchent le sol froid alors que je m'extrais du lit confortable, dans lequel je suis bordée. Je dois me faire violence pour ne pas replonger sur le matelas moelleux, qui n'attend qu'une seule chose : que je retourne dans ses bras. Pourtant, en dépit de l'heure tardive –à en juger par la lune déjà haute dans le ciel – je ne me sens plus fatiguée. Morphée m'a libéré, préférant me confier à son ami l'appréhension. Et éjecté du sommeil profond dans lequel j'étais, mon cœur cogne lourdement entre mes côtes.

A tâtons, je parviens à trouver la porte et mon souffle se coupe lorsque j'enclenche la poignée. La chambre débouche sur un long couloir, plongé dans le noir. Une succession de porte fermée me font face et au bout, j'aperçois les portes coulissantes d'un ascenseur. Un rire nerveux s'échappe de ma gorge alors que je poursuis mon exploration. Où suis-je tombée ?

Dans un renfoncement, je découvre un escalier que j'emprunte. La descente est périlleuse dû au manque de lumière et je finis par rater une marche, me retenant au dernier moment à la rampe.

_Qu'est-ce que tu fabriques ?

Effrayée, je laisse échapper un cri.

_ Mais, ça ne va pas la tête ? M'écrié-je en plaquant une main sur ma poitrine.

Tel un train lancé à pleine vitesse, la peur se propage en moi et dévale mes veines, s'infiltrant jusqu'au plus profond de mon âme tout en soufflant le peu de dignité qu'il me restait. Mes doigts enserrent la rampe d'escalier avec force et je sens l'adrénaline se répandre comme une trainée de poudre dans mon corps, alimentant mon cœur d'impulsions spasmodiques.

_J'ai failli avoir une crise cardiaque ! Pesté-je en tentant de réguler mes battements.

J'inspire lentement, tentant de retrouver un semblant de respiration sous l'œil blasé de Maxwell qui, statique en bas des escaliers, m'observe. Ses pupilles luisent dans la pénombre, me rappelant le regard de ces animaux nocturnes traquant leurs proies.

_Pourquoi est-ce que tu es immobile dans le noir ? C'est méga flippant !

_Pas plus que de te voir tenter de descendre ce foutu escalier. Réplique-t-il, agacé. La discrétion n'est définitivement pas ton fort.

Il se détourne m'invitant, d'un accord tacite, à le suivre. Un salon spacieux, complètement aéré, se dévoile à moi et j'aperçois une cuisine ouverte dans son prolongement. Une immense cheminée se dresse sur un pan de mur de la pièce, bordée par d'imposantes bibliothèques encastrées. Plus loin, je découvre une salle à manger s'ouvrant sur une terrasse couverte. De grandes baies vitrées complètent l'ensemble, donnant un air chaleureux à cette maison en totale contradiction avec le caractère de ce gringo. Ce dernier ne dit rien alors que je déambule dans cet espace convivial, observant chaque élément de décoration. Quelques lampes sont allumées, éclairant partiellement les lieux.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant