Chapitre 19 - Philadelphie, Pennsylvanie

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Avec leurs peaux ébènes et leurs carrures dominantes, difficile de ne pas les reconnaitre. Les Panthères noires, ennemis jurés d'Amor se dressent face à nous. Silencieux, ils nous observent alors que nous gravissons la volée de marche menant à l'entrée de la demeure. C'est la première fois que je les vois. Amor a toujours pris soin de me cacher de ces hommes, bien lucide qu'ils n'hésiteraient pas à me descendre s'ils avaient eu vent de ma présence. Bien au courant de tous leurs méfaits, je peux cependant enfin mettre un visage sur leur nom.

Nous nous arrêtons à une distance raisonnable et le plus vieux d'entre eux s'avance afin de serrer la main de Maxwell. Son regard se promène sur nous, un instant, avant de revenir sur moi.

_Qui est-ce ? Lâche-t-il brusquement.

Maxwell se tourne vers moi et ce que je peux lire dans ses yeux me glace le sang. Sa consigne me revient en tête et j'attends une réaction de sa part, consciente que je ne peux risquer nos vies pour le simple plaisir de le contrarier.

_Issa, je vous présente, Mme Osman, ma femme.

Pour confirmer ses dires, il enroule son bras, d'un geste possessif, autour de ma taille, me collant à lui. Mme Osman, ma femme...Ces mots résonnent dans ma tête et je ne peux empêcher les remous dans mon bas-ventre alors qu'ils se répètent inlassables. Un sourire retrousse mes lèvres et je tends ma main en direction du dénommé Issa. Ce dernier la saisit et la serre sans se cacher du regard vicieux qu'il promène sur moi. Une étincelle cochonne fait désormais briller ses pupilles. Une colère sourde gronde en moi. Je peux endosser n'importe quel rôle mais, je ne supporterai pas celui dans laquelle je suis rabaissée ouvertement.

Sentant un changement, les doigts de Maxwell s'enfoncent dans ma hanche, m'intimant de me taire. Grossière erreur. Doucement, je me penche vers Issa.

_Regardez-moi encore une seule fois de cette façon et, je vous crève un œil. Je souffle, mauvaise.

Les yeux du Panthère noire passent de mon visage à celui de Maxwell. Sans se départir de son calme –malgré ses doigts qui meurtrissent ma peau-, mon supposé mari, m'imite, penchant légèrement son buste en avant.

_Et moi je crèverais le deuxième. Déclare-t-il. Si jamais l'envie de recommencer vous prend.

Il me convaincrait presque. Sa réponse semble aussi réelle que ces mensonges enjolivés qu'on raconte aux enfants. Il se redresse, le toise et raffermit sa prise sur moi. Le message est clair. Si mon insubordination fait foirer ce rendez-vous, je suis morte. Je sens déjà peser son arme contre mon crâne et je vois déjà mon corps jeté dans le Delaware. Un frisson me parcourt tandis qu'une soudaine tension s'installe. Elle nous enveloppe d'une étreinte sournoise et asphyxiante qui me comprime la poitrine.

Inconsciemment ma main glisse sur ma hanche, à la recherche de celle de Maxwell. Nos doigts se lient et je m'accroche à lui tandis que son pouce vient caresser délicatement ma peau. Ce geste, inattendu, me perturbe et le temps d'un instant j'en oublie ce qui nous entoure. Il n'existe plus que le contact entre nos épidermes et la chaleur qui se dégage de cet échange.

Le rire puissant d'Issa me sort de ma transe. Ses traits s'étirent et sa main vient frapper l'épaule de Maxwell dans ce qui ressemble le plus à une accolade amicale.

_Je vous aime bien tous les deux. Il se tourne vers moi et sa tête se penche, respectueusement. Mme Osman.

Ce soudain changement de réaction me déstabilise mais, impassiblement je suis le mouvement lorsqu'il nous invite à le suivre. La main droite de Maxwell se pose dans le bas de mon dos et son épaule se presse contre la mienne.

_Ellea, je te jure que si tu me refais un coup comme ça...Chuchote-t-il au creux de mon oreille. Logan a de forte chance de remporter son pari.

Ses pupilles furibondes croisent les miennes et je serre les dents, afin de contenir la réplique acerbe qui me brûle les lèvres. Oh Maxwell...En me proclamant comme sa femme, il n'a aucune idée de ce qu'il vient de provoquer. Ses paroles vont lui couter cher et il va regretter de les avoir prononcées. Car je compte bien jouer le rôle qu'il m'a attribué jusqu'au bout. Après tout, ne dit-on pas jusqu'à ce que la mort nous sépare ? Dommage pour lui, cette dernière risque d'arriver plus vite que prévu.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant