Chapitre 39 - Maxwell

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_Je dois y aller.

La voix d'Ellea brise le silence dans lequel nous sommes plongés. Nos yeux sont déjà ancrés l'un à l'autre, pourtant, je suis obligé de battre des paupières pour la voir réellement. Ses traits fins se précisent et bientôt, son visage se grave, avec précision, dans ma rétine.

Ses cheveux bruns, légèrement ébouriffés, qui cascadent sur ses épaules. Sa bouche, légèrement rougie, qui est gonflée. Ses pupilles noisette, légèrement dilatées, qui pétillent de malice.

Je n'ai qu'à tendre la main pour effleurer sa peau crémeuse qui, à chaque frôlement, envoi une décharge dans ma queue. Nous venons de faire l'amour, mais j'en veux encore. Je ne suis pas rassasié. A peine comblé. Alors lorsque je l'entends dire qu'il est temps pour elle de partir, je panique.

_Hors de question !

Mon interjection lui fait froncer les sourcils. Elle me dévisage, dans l'expectative que je développe mes dires. Mais je suis trop perturbée pour continuer. Enivré par l'effluve qui se dégage d'elle – un mélange de son parfum et de la senteur de notre partie de jambes en l'air – je ne parviens pas à me concentrer.

_Amor risque de se réveiller et s'il ne me trouve pas, il va se douter de quelque chose. Déclare-t-elle, avec douceur.

A l'entente de ce prénom, je vois flou. Mes dents sont si serrées qu'une vive douleur traverse ma mâchoire.

_Tu ne retournes pas là-bas. Eructé-je. Pas auprès de ce fou !

Dès que je ferme les yeux, j'imagine Ellea se faire prendre par cet enfoiré devant ses hommes, telle une vulgaire catin. Et rien que d'imaginer ce qu'elle a dû endurer me fait perdre la tête. A la pensée des mains sales de ce chien, touchant son fabuleux corps, des vagues de fureur m'envahissent.

_Maxwell, tu sais très bien que je n'ai pas le choix. Contre-attaque-t-elle, fermement.

Son ton résolu me poignarde en plein cœur. Malgré tout ce qu'elle nous a raconté, elle est prête à prendre le risque de retourner avec cet Encantadores. Je recule, afin de canaliser cette rage qui bouillonne en moi.

Tout au fond de mon ventre, un autre sentiment –que je ne pensais jamais ressentir-, s'éveille. Je le sens s'étirer avec force comme s'il sortait d'un long somme. Puis, perfidement, il remonte le long de mon œsophage, réchauffant mon âme de son toucher noir. Lorsqu'il atteint ma bouche, je ne suis plus qu'une boule de nerf et, dans mon crâne, pulsent des pensées, toutes sauf innocentes. Quand je prends conscience de la dangerosité de mes intentions, je tressaille.

_Je ne te laisserai pas repartir là-bas, c'est impossible.

_Maxwell. Me gronde-t-elle, avec ce même ton utilisé pour gronder un enfant faisant un caprice.

Malgré son intonation réprobatrice, je ne flanche pas, maintenant son regard agacé qui me toise ouvertement. Je n'ai pas honte de me montrer plus immature qu'elle. En réalité, je suis prêt à me battre, quitte à aller à l'encontre de ses idées, m'attirant ses foudres. De toute façon, lorsqu'il s'agit d'elle, la logique n'est plus qu'un vague concept.

_Non !

Ce rugissement traverse la barrière de mes lèvres, scellées par la colère. Nous nous défions, campés sur nos positions. A la vue de son visage fâché, un éclair de désir vient faire dresser mon sexe, frottant son bout sensible contre la toile de mon caleçon.

Ellea a toujours eu cette capacité, désarmante, de me faire bander lorsqu'elle était à cran. En ouvrant la bouche pour m'invectiver, j'imaginais ma queue entre ses lippes rosées. En me fusillant du regard, j'imaginais ses yeux se révulser de plaisir. En blasphémant, j'imaginais ses cris d'extases. En agitant ses doigts pour me menacer, je les imaginais agrippés à mes cheveux. En avisant sa peau rougit par la colère, je l'imaginais rougit par l'effort de notre corps-à-corps.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant