Chapitre 37 - Philadelphie - Pennsylvanie

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Quelques jours plus tard.

Les néons rouges du Lux percent à travers la nuit, projetant sur le macadam leurs reflets iridescents. Véritable maître des lieux, le calme règne sur cette ruelle, excentrée de l'agitation de la ville. Cependant, j'entends, au loin, les vagues du Delaware se projeter avec force contre les digues. Et, ce grondement qui résonne dans tout Philadelphie, fait écho à ma propre terreur que je sens bourdonner au plus profond de moi.

Je rabats en arrière ma capuche, offrant mon visage à la fraîcheur de la nuit. Par la même occasion, je libère quelques gouttes de sueurs formées sous l'épaisseur du tissu. Ces dernières, à peine affranchies, dégoulinent du haut de mon crâne, venant longer mes tempes. Un reniflement dédaigneux m'échappe alors que je les chasse d'un revers de manche.

Il est tard. Bien trop tard pour que je me promène, impunément dans cette ville, désormais maudite. Mais je n'ai pas eu le choix. Amor a mis du temps avant de rejoindre les bras de Morphée, malgré les somnifères que j'ai rajouté dans son café. Par la suite, j'ai préféré attendre que ses ronflements résonnent dans la chambre pour me faufiler hors de son appartement. Je me suis enfuie au volant de sa Jeep, avant de l'abandonner le long de la route, à peine le pont Benjamin-Franklin franchit.

Désormais, je fixe la devanture de ce club de striptease où tout a commencé. Et où tout va certainement se terminer.

J'ai bon espoir d'y trouver ces gringos. Car, il est impossible qu'après notre fuite –à Esteban et moi-, ils soient restés en Indiana. Leur besoin de vengeance a dû les pousser à revenir ici. Et comme leurs anciens quartiers sont sous la surveillance des Encantadores, ces idiots doivent, maintenant, se cacher au Lux.

Ces derniers jours, j'ai longuement pesé le pour et le contre. Les révélations, dites lors du rendez-vous avec les Panthères noires, se sont infiltrées jusque dans mon lit, peuplant mon sommeil de scénarios cauchemardesques qui, depuis, me hantent nuit et jour. Le secret de cette rencontre me pèse. Et malgré la haine que je ressens pour ces gringos, je suis incapable de rester silencieuse. Tout au fond de moi, je ressens le besoin –inexplicable- de les prévenir.

D'autant plus que toutes mes questions sont restées sans réponse logique. Alors qu'Issa et Amor élaboraient leur plan, esquissant la chute de ces enfoirés du Nord, le chef des Panthères noires a eu bons nombres d'occasions pour me faire tomber. Il lui suffisait d'ouvrir la bouche. Mais, il est resté silencieux à ce sujet, faisant semblant de ne pas me reconnaître.

Dans ce cas, pourquoi a-t-il demandé ma présence alors qu'il pense que je suis la femme de Maxwell ? Travaille-t-il depuis le début avec les Encantadores, dans le but de renverser Maxwell ? A-t-il retourné sa veste ? Et surtout, pourquoi n'a-t-il pas vendu la mèche au sujet d'Esteban et moi ?

J'ai beau me triturer les méninges, toutes mes réflexions se soldent par un échec. Je n'ai aucune explication tangible à donner, et cela me terrifie. Quelque chose cloche. J'ai la désagréable sensation de ne pas détenir –une fois de plus- toutes les cartes de ce jeu qui me dépasse, totalement. Car j'ai conscience qu'il manque une pièce à ce puzzle mortel pour que j'en déchiffre le sens.

Alors, je n'ai pas le choix. Je dois retourner chez ces gringos. Parce que, même s'ils m'ont fait du mal, je ressens le besoin de les avertir afin qu'ils ne tombent pas dans ce piège. Et je me déteste pour ça.

Un mélange, d'appréhension et d'excitation, se répand en moi lorsque je franchis la porte battante du Lux. Appréhension, car je ne sais pas quel accueil ces derniers vont me réserver. Ma fuite a quelque peu entaché nos relations, et je doute être accueillie en grande pompe. Excitation, car Maxwell me manque. Et, j'ai beau me voiler la face, ce constat ne change pas.

Los Encantadores [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant