Quelques jours passèrent, et finalement, je pris mon courage à deux mains et sortis mon ordinateur. Je sentais le stress commencer à monter, les battements de mon cœur s'accélérer, ma jambe se balancer de haut en bas, mes doigts se tordre entre eux.
Lorsque l'appareil électronique fut allumé, j'hésitai même à l'éteindre et à abandonner.
Et ainsi, une immense tristesse m'envahit.
J'en étais déjà consciente, mais se rendre compte une fois de plus que la chose qui représentait autrefois ma passion, la flamme qui m'animait, s'était à présent transformé en une chose qui m'angoissait à m'en donner des insomnies me foutait un énorme coup au moral. Je ne savais même pas si je retrouverais un jour l'inspiration, et cela me désespérait.
Je plongeai ma tête dans mes mains, les coudes sur mon bureau, et soufflai profondément.
Je devais simplement me calmer. Stresser n'arrangeait en rien la situation.
Je me redressai et, doigts au-dessus du clavier, prête à cliquer sur le dossier, je me ravisai. Je me levai d'un bon de ma chaise, me dirigeai dans ma cuisine et me préparai, sans me presser, un chocolat chaud. Mon moral avait bien besoin de cette boisson, même si une part de moi me soufflait que c'était aussi pour retarder le moment où je serai face à ma page blanche.
Alors que le liquide chauffait sur la plaque électrique, je tapotai en rythme d'une chanson qui me trottait en tête mes doigts contre le plan de travail. Ma boisson fut prête quelques minutes plus tard et, tasse en mains, je revins dans ma chambre, là où mon bureau se trouvait. Je me rassis à ma chaise et posai mon mug sur un dessous de verre, non sans prendre une gorgée au passage. Ensuite, mes yeux revinrent sur mon ordinateur, et je sentis le stress recommencer à affluer. Je tentai de me calmer, en prenant de grandes inspirations, mais cela ne fonctionna qu'à moitié.
Les doigts tremblants, ils tapèrent sur le clavier, et je me retrouvai peu de temps après devant un document pour l'instant resté sans nom. Seul les mots « premier chapitre » étaient inscrits sur la page.
Ma jambe, en-dessous du bureau, se mit à se secouer de haut en bas.
Mes pupilles restaient fixement posées sur la page blanche, qui était presque aussi vide que mon esprit. Ce dernier, d'habitude rempli de pensées et de rêves, se trouvait en cet instant silencieux. Aucune phrase correcte n'arrivait à se former, alors même qu'un mal de tête commençait à se pointer tellement je me triturais les méninges. Je tentai tout de même d'écrire quelque chose, mais c'était si mauvais que j'eus envie de me donner des baffes. Je supprimai. Et cela fut comme un cercle vicieux. Je tapai quelque chose, je trouvais cela extrêmement moche, et j'enlevais.
Passée plus d'une dizaine de minutes, j'abandonnai.
Je savais que je deviendrais folle si je continuais ce manège.
Je refermai d'un coup sec mon ordinateur, sans prendre la peine de l'éteindre ou de même quitter la page. Le raclement de ma chaise brisa le silence qui englobait ma chambre, alors que je me levai et, sans plus réfléchir, je m'étalai sur mon lit. Aussitôt, je sentis un léger affaissement à côté de moi et vis apparaître Plume, qui vint se coucher contre mon flanc. Je me plus à croire qu'elle était venue car elle avait senti mon trouble. Mes doigts parcourant son ventre, ses ronronnements me parvinrent peu de temps après, et cela me provoqua un sourire. Mais cela n'éloigna pas pour autant l'angoisse que me causait le manque d'inspiration.
Soudain, la sonnette de mon appartement retentit.
Je me redressai doucement, puis me dirigeai vers la porte. Je ne voyais pas qui cela pouvait être ; je n'avais rien commander, je ne devais normalement voir personne aujourd'hui, et il n'y avait aucune raison pour que mon propriétaire vienne.
VOUS LISEZ
Nos cœurs meurtris
RomanceOlivia Adams est une auteure connue. Installée depuis plusieurs années dans le centre de Londres, entourée de ses meilleurs amis et de son chat, elle se complait dans sa vie. Mais les ombres et vieux démons rôdent. Elle sent l'inspiration la quitt...