26 | Olivia

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Je ne m'étais même pas rendue compte de ce que j'avais fait sur le moment. Je supposais que c'était une sorte de réflexe, étant donné que nous avions tout de même été ensemble durant plusieurs années. Lorsque je l'avais regardé, je n'avais vu aucune réaction sur son visage impassible, et j'espérais que c'était parce que cela ne l'avait pas plus dérangé que cela, bien que j'eusse des doutes.

Mais je laissai ce geste complètement stupide de côté, car je ne voulais pas me monter la tête maintenant, mais plutôt profiter de notre rendez-vous.

Enfin, profiter de ce rendez-vous pour trouver des idées dans le but d'écrire mon roman, évidemment.

Nous entrâmes dans la cabine et il me laissa m'occuper des réglages, étant donné que c'était moi qui avais fait quelques petites recherches.

Bon, en réalité, je devais avouer que je bataillais plus avec l'écran que le régler, mais je finirai bien par comprendre son fonctionnement.

« T'es sûre que tu y arrives ? »

Pas du tout.

« Bien sûr ! »

« Et t'es sûre de ne pas avoir besoin de mon aide ? »

...

« Je sais me débrouiller, merci ! »

Comme je l'avais dit, je finis par comprendre et fis quelques petits réglages. Je me reculai et lançai un regard fier à Léandre, qui se contenta de m'observer avec un air railleur.

Je ne fis plus attention à lui et pris une pose au hasard pour la première photo – c'est-à-dire faire des « v » avec mes doigts et les placer à hauteur de mon menton. Pas incroyable, j'en étais consciente, mais je n'étais pas mannequin, je n'avais aucune idée de comment on devait poser.

Je vis du coin de l'œil Léandre simplement mettre ses mains dans ses poches, s'appuyer davantage sur une jambe, et placarder un fin sourire sur son visage.

Simple, mais efficace.

Le flash nous indiqua que la première photo venait d'être prise, et je me mouvai rapidement pour prendre une deuxième pose. Je mis mes bras derrière moi pour prendre appui sur le mur et je tirai la langue à la caméra, tandis que Léandre ne fit qu'enlever l'une de ses mains pour entourer l'un de ses yeux du « v » que formaient ses doigts. 

Lorsque le deuxième flash nous éblouit, je ne sus quoi faire.

Je réfléchissais encore lorsque je sentis un bras entourer mes épaules et me tirer pour que je me tienne contre un autre corps. Lorsque je levai les yeux, hébétée, sur un Léandre avec un rictus au coin des lèvres, le troisième flash fusa.

Merde, je n'avais pas fait de poser.

J'eus seulement le temps de détourner le regard sur la caméra devant nous, sans que le bras sur mes épaules se retire, que des fines lippes se posèrent doucement sur ma joue – et le quatrième flash éclata.

Je restai immobile, surprise de tout ce qui venait de se passer, tandis que Léandre se retirait et se dirigeait déjà vers l'endroit où les photos s'apprêtaient à sortir. Je ne savais pas quoi dire, ni même s'il fallait que je le fasse.

Mais pourquoi avait-il fait ça, bordel ?

***

Tous deux silencieux, nous sortîmes du photobooth. J'étais toujours hébétée par ce qu'il avait fait, et je ne comprenais pas pourquoi il avait cela, mais je n'osais pas le lui demander. 

« Je propose que chacun en prenne deux. Tu veux lesquelles ? »

Il me tendit les quatre photos, pour que je puisse les observer. J'étais tentée de lui dire de prendre celles qu'il voulait, mais deux attiraient mon attention, surtout l'une. C'était la deuxième photo, et celle qui me tentait plus fortement était celle où il avait posé ses lèvres sur ma joue.

Nos cœurs meurtrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant