04 | Olivia

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Un rendez-vous avec Lise terminé, je me dirigeai non sans soulagement vers mon appartement. Il était tard, et je sentais mes paupières lourdes du besoin de dormir. Clés dans les mains, je les insérai dans la serrure, et alors que je m'apprêtais à pousser la porte, j'entendis du bruit à côté de moi. Je n'y prêtai pas attention, car ce n'était sans doute qu'un voisin, jusqu'à ce que je me rende compte qu'il ne s'agissait pas d'un simple voisin, mais de Connard. Je serrai les dents en même temps que mes poings, et me répétai en boucle ce que m'avait dit Neyla.

Je dois lui faire comprendre que je suis passée à autre chose. Je ne dois pas prêter attention à sa présence. Je dois lui faire comprendre que-

« Olivia ? »

Et merde.

Je dis mon possible pour l'ignorer et poussai ma porte d'entrée, un sac de courses dans l'autre main.

« Olivia, s'il te plaît, écoute-moi. »

Un sourire plein d'ironie se dessina sur mon visage, alors que je m'immobilisai. Et je ne pus m'empêcher de lui répondre :

« Alors maintenant, tu veux parler ? Alors qu'il y a des années, et alors même que je te suppliais de me parler, de m'écouter, tu me repoussais ? Tu te fous de ma gueule ? »

Mes yeux tournés vers lui lors de mes paroles rencontrèrent les siens, et une satisfaction m'envahit lorsque je le vis tendu. Je ne laissai pas continuer et le plantai là, le battant de mon logement se refermant sur sa silhouette crispée. J'attendis quelques instants, puis lorsque j'entendis sa porte claquer, mon sac m'échappa des mains et son claquement résonna dans l'appartement vide. Je me laissai glisser contre la porte derrière moi, et je n'eus pas le temps de m'asseoir à terre que les larmes coulèrent le long de mes joues. J'avais beau vouloir paraître forte devant lui, j'étais loin de l'être. Il était l'homme qui m'avait détruite, je ne savais pas comment j'allais pouvoir habiter à côté de lui, et si je le croisais encore, je n'étais pas sûre de pouvoir rester ici, même si je me sentais bien dans cet appartement. Je ne pourrais pas tenir. Et même si une partie de moi me martelait que j'exagérais, que ce n'était rien, une autre me souffla l'idée de chercher un autre logement. Je n'étais pas sûre de le faire, mais je la gardais dans un coin de ma tête.

Les minutes passèrent, mais j'eus l'impression qu'elles s'étendaient en heures. Ma gorge était nouée, l'air peinait à se frayer un passage, et une douleur avait pris possession de ma poitrine. J'essayais de me calmer en prenant de profondes inspirations, mais j'avais l'impression que cela prenait trop de temps et que j'allais rester coincée devant ma porte des heures durant, alors l'énervement m'envahit progressivement. Les larmes, qui s'étaient pourtant taries, revinrent légèrement à cause de l'agacement. Je sentis mes lèvres trembler sous la force que je mettais pour retenir mes sanglots, et le sentiment d'irritation qui m'avait pris sembla se décupler. Et les sanglots gagnèrent la bataille. Mes épaules furent secouées par des soubresauts interminables, et j'avais l'impression que mon état ne se calmerait jamais. Je plongeai mon visage entre mes mains, mes jambes repliées contre ma poitrine. Je laissai ensuite retombée mon crâne contre ma porte et, essayant tant bien que mal que ça s'arrête, j'alternai entre tordre mes mains et creuser mon épiderme de mes ongles. Je me concentrai le plus possible sur la douleur afin de m'éloigner de ma crise. Et autant dire que le soulagement me percuta de plein fouet lorsque je pris conscience que cela fonctionnait tout doucement. J'essuyai de mes mains les sillons qu'avaient créer les larmes sur mes joues, avant de placer délicatement mes mains contre le sol afin de me lever. Je pris le temps pour le faire, car j'avais l'impression que j'allais m'écrouler au moindre mouvement brusque. Lorsque je fus totalement stable sur mes pieds, je me penchai et pris le sac de courses que j'avais laissé tomber, puis je pris la direction de la cuisine. Je me sentais encore perturbée, alors je laissai simplement le sac sur le comptoir, avant d'aller dans ma chambre. Je ne pouvais plus rien faire aujourd'hui, je m'en sentais incapable. C'était comme si toute mon énergie m'avait été enlevée.

Nos cœurs meurtrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant