J'avais prévu de me rendre dans un café, dans le but d'y rencontrer Connard.
Même s'il m'aidait, je refusais toujours de prononcer son prénom dans ma tête.
Fin prête, je sortis de mon immeuble, sac à main passé sur mon épaule, et me dirigeai vers le café. Lorsque je fus arrivée, je poussai la porte, la petite sonnette annonçant ma venue, et entrai en la refermant derrière moi. Ce n'était pas le café dans lequel nous nous réunissions avec mes amis, et comme à chaque fois, je trouvai que celui-ci faisait pâle figure à côté du Automn Day Coffee.
Je balayai l'endroit du regard, et finalement, je vis Connard, semblant être arrivé il y a plusieurs minutes, assis à une table plus loin.
Il n'était pas en retard, c'était déjà cela.
En m'approchant de lui, je sortis rapidement mon téléphone, et un coup d'il dessus me permit de voir que, de mon côté, j'avais quelques minutes de retard.
Bien. Il le méritait, de toute façon.
Lorsque je m'arrêtai devant la table et posai mes affaires, il relevai les yeux, précédemment posés sur ses mains se tortillant nerveusement, et m'adressa un léger sourire, qui partit néanmoins rapidement devant ma mine peu avenante.
Et même si je lui en voulais toujours autant, qu'est-ce que c'était dur de ne pas m'attendrir devant lui. Son sourire, qui avait disparu, était teinté de timidité, et ses yeux, couleur bois, bougeaient frénétiquement, comme s'il était perdu, comme s'il ne savait pas de quel comportement s'habiller. Et j'avais beau ne pas voir en-dessous de la table, devant laquelle je venais de m'être assise, je savais que l'une de ses jambes se balançait de haut en bas. J'étais alors consciente qu'il était nerveux, ce qui m'étonnait.
Car avec ce qu'il m'avait fait, j'aurais plus été tentée de croire qu'il s'en foutrait de tout cela. Même l'aide qu'il allait m'apporter était étonnante.
Il passa une main dans ses cheveux déjà en bataille, signe qu'il avait répété ce geste plusieurs fois. Ses yeux se plongèrent dans les miens, et je soutins son regard, à tel point qu'il baissa la sien.
Il était très populaire au collège. Mais il était plus le gars que tout le monde aimait, qui était du genre à tout le temps vouloir aider. Et bien qu'il fusse extraverti, sa légère timidité ressortait dans des situations assez stressantes, comme il paraissait être le cas présentement.
« Tu voulais me voir pour parler de quoi ? » demandai-je.
Il leva ses pupilles vers moi avant de brusquement les baisser. Il entrouvrit les lèvres, mais ne répondit pas tout de suite. Les mots ne semblaient pas vouloir franchir la barrière de ses lèvres, quand bien même il essayait. Et même si cela me faisait un peu mal de le voir aussi nerveux avec moi, ce qu'il avait appris à ne pas être, auparavant, je ne m'attendrissais pas. Je n'oubliais pas le fait qu'il ne s'était ni retourné, ni avait montré une once de remord lorsqu'il s'était affiché avec ma sur.
Le serveur qui vint à notre rencontre parut le soulager ne serait-ce qu'un petit peu. Il prit alors le temps d'organiser ses idées, pendant que je passais commande. Il le fit à son tour, puis l'employé nous laissa. Je croisai les bras contre ma poitrine tout en appuyant mon dos contre le dossier de ma chaise, un sourcil haussé en direction de Connard.
Ce dernier prit une grande inspiration, puis se lança :
« Je voulais simplement qu'on discute de ce qu'on allait faire. J'ai déjà des idées, mais je voulais savoir s'il y avait des choses particulières que tu voulais faire, ou autre... »
Il avait été si nerveux pour me dire cela ?
« Je n'ai pas de choses précises en tête, et je préfère que tu gardes tes idées pour toi, comme une surprise, tu vois ? »
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Nos cœurs meurtris
RomansaOlivia Adams est une auteure connue. Installée depuis plusieurs années dans le centre de Londres, entourée de ses meilleurs amis et de son chat, elle se complait dans sa vie. Mais les ombres et vieux démons rôdent. Elle sent l'inspiration la quitt...