14 | Olivia

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Aujourd'hui, une interview était prévue. Et évidemment, l'anxiété n'avait pas encore décidé de me lâcher. À ce stade, je commençais à me demander s'il ne serait pas préférable que je prenne des médicaments, ou au moins que j'aille voir quelqu'un.

Mais rien qu'à cette pensée, j'angoissais.

Et si j'allais voir quelqu'un, mais que cette personne me disait que je n'avais rien, que je lui avais fait perdre son temps ?

De toute façon, ce n'était sans doute pas bien grave. Tout le monde stressait dans la vie.

Enfin bon, revenons à cette interview. Elle était organisée par un journal local, dans lequel je figurerait en première page. C'était un immense honneur, bien sûr, mais... on allait sans aucun doute me poser des questions sur mon prochain ouvrage.

Prochain ouvrage qui n'avançait pratiquement pas. Je n'avais même pas écrit trois pages en plusieurs semaines. Et la fin du premier mois se rapprochait dangereusement.

En ce moment même, un homme s'occupait de mon maquillage, tandis qu'une femme avait pris la responsabilité de mes cheveux. Ce n'était que pour une photo qu'il voulait caser aux côtés du texte, mais je devais bien paraître.

Lorsqu'ils eurent fini, je jetai un coup rapide dans le reflet, afin d'éviter que les gens autour de moi croient que je n'étais qu'une narcissique, mais la faible vision de mon visage me plut, et je sentis a confiance en moi se rehaussait quelque peu.

Je me trouvais jolie.

Voilà une pensée qui donnait toujours du baume au cœur.

Je me dirigeait vers le petit emplacement qui donnerait lieu à l'interview. Des caméras étaient posées devant deux chaises, ayant pur but de faire quelques vidées prochainement postées sur les réseaux sociaux, tandis que le fond n'était qu'un simple mur rouge.

Ma couleur préférée, peut-être était-ce un signe que tout se passerait bien ?

L'on m'indiqua de déjà aller me placer sur l'une des chaises, ce que je fis sans plus attendre.

Et si je ruinais tout ? Et si je ne réussissais pas à répondre aux questions ? Ou si je répondais mal ? Que mes réponses étaient ridicules ?

Je cachais mes mains tremblantes en-dessous de mes cuisses, alors que je tentais de calmer ma respiration qui commençait à s'emballer dangereusement.

Je vis du coin de l'œil une femme d'un certain âge, que je soupçonnais être la rédactrice, s'avancer dans ma direction. Mes soupçons furent confirmés lorsqu'elle s'assit sur la chaise à côté de moi, avant de m'adresser un sourire réconfortant.

Et commencèrent les questions. Au début, ce n'étaient que de simples questions, comme pourquoi j'avais commencé l'écriture, lequel des personnages que j'avais écrits je préférais, quel genre de livre j'adorais.

Tout allait bien, et je me détendis au fur et à mesure que l'interview se déroulait sans heurt, jusqu'à ce qu'elle pose la question fatidique. Celle que je craignais, celle qui me hantais autant que mes lecteurs.

« Avancez-vous bien dans votre prochain livre ? Pouvez-vous nous en parler un peu ? »

Un coup d'œil circulaire aux personnes qui m'entouraient me confirma que personne ne se rendit compte du trouble qui faisait rage en mon for intérieur.

« Hum... eh bien, je- »

Je me fustigeai de bafouiller, ce qui m'arrivait très, très, souvent, surtout lorsque j'étais nerveuse ou que je parlais trop vite. Je pris une grande inspiration, essayant du mieux que je pouvais de me calmer.

Nos cœurs meurtrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant