Nous ne disions rien, nos couverts s'entrechoquant, heureusement couvert par le bruit des conversations qui nous entouraient. Pour m'occuper, je ne m'empêchai pas de les écouter, captant quelques bribes par-ci par-là.
« Comment ça se passe à ton travail ? »
Sitôt que j'eus posé cette question, je me frappai virtuellement. Je ne savais même pas pourquoi je lui avais demandé cela, autre que la volonté de briser ce silence pesant.
Léandre leva des yeux surpris vers moi, plongeant dans les miens, que je baissai aussitôt sur mon assiette.
« Hum... maintenant ça va, ouais. »
Je laissai mes pupilles glisser vers les siennes, étonnée par ses mots.
« Maintenant ? »
Il hocha la tête, et prit le temps de mâcher une bouchée avant de me répondre.
« J'ai fait un burn-out, il y a deux ans. »
Malgré la curiosité qui m'habitait, je n'osais pas lui demander plus de détails, car je ne voulais ni le mettre mal à l'aise, ni me montrer trop envahissante. Il dut le voir, parce qu'il m'adressa un fin sourire.
Et ce repas continua dans le silence, et se termina de la même manière.
***
J'étais en train de remettre de l'ordre dans les livres, même si je ne faisais que redresser et ranger quelques livres. Bon, je devais avouer que je traînais un peu à lire les résumés et à observer les couvertures, mais je ne pouvais m'empêcher de le faire, au cas où je voyais un livre qui m'intéressait. Et évidemment, je tentai le plus possible d'éviter le rayon où j'avais remarqué l'un de mes livres.
À un moment, j'étais légèrement penché vers l'avant, remettant droit quelques romans qui avaient glissé, lorsque je sentis un toucher se poser délicatement ma taille. J'eus un sursaut, me retournant sans attendre, prête à donner un coup au malvenu.
Léandre s'écarta juste à temps, ayant passer à deux doigts de recevoir une claque. Il ne le prit pas mal, heureusement, et pouffa même de rire.
« Tu avais secrètement l'envie de me tuer ? » railla-t-il.
Je levai les yeux au ciel et retournai à mes occupations.
« Je ne l'ai jamais caché. »
Je l'entendis de nouveau rire sous cape, et même si je ne le voyais pas, puisque je lui tournais le dos, mais j'eus l'intuition qu'il restait derrière moi, à darder son regard sur moi. C'était plus que déstabilisant.
Mes mains se mirent à trembloter, signe de ma nervosité à peine contenue.
Lorsque j'eus fini de faire ce que j'avais à faire ici, je reculai et tournai les talons, rencontrant alors le regard de Léandre qui, comme je l'avais pensé, ne m'avait pas quittée. Je me plantai devant lui, frôlant presque son corps, étant donné qu'il bouchait le chemin.
« Dégage du chemin. »
Un sourire narquois étira ses fines lèvres.
« Oblige-moi. »
Je soufflai et décidai de m'approcher encore plus de lui, sans y penser à deux fois. Là, ses vêtements étaient presque totalement en contact avec les miens. Je dus légèrement lever la tête pour croiser son regard.
« Dégage du chemin. » répétai-je, tout en détachant soigneusement chaque mot.
Il ne dit rien, préférant passer sa langue sur sa lippe. Mon regard fut un instant attiré par cette vision, mais je le remontai bien vite.
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Nos cœurs meurtris
RomansOlivia Adams est une auteure connue. Installée depuis plusieurs années dans le centre de Londres, entourée de ses meilleurs amis et de son chat, elle se complait dans sa vie. Mais les ombres et vieux démons rôdent. Elle sent l'inspiration la quitt...